Ron Dennis, un patron antipathique ou paternel pour Coulthard ?

Le directeur d’écurie le plus froid de la F1 ?

Par Alexandre C.

23 avril 2023 - 14:00
Ron Dennis, un patron antipathique (...)

Si Ron Dennis a emmené McLaren au sommet et a su faire triompher l’équipe, le manager anglais n’était pas connu pour son management chaleureux ou bienveillant…

David Coulthard, comme il l’a évoqué pour la FOM, a pu lui-même faire l’expérience de cette « Dennis touch » un peu spéciale…

Le pilote écossais sentait qu’il n’était pas le plus aimé dans le cœur de son patron – qui semblait lui préférer un certain Mika Hakkinen, de l’autre côté du garage. Quitte à paraître quelque peu impoli, au minimum… Récit.

« Est-ce que je pense que j’ai été bien traité chez McLaren ? De la part de l’équipe, à 100 %, pour les voitures qui ont été mises à ma disposition, à 100 %. »

« Sur le plan émotionnel, de la part de Ron ? Il a fallu un certain temps, peut-être trois ou quatre ans, pour que Ron reconnaisse qu’il avait un peu plus soutenu Mika que moi… parce qu’il avait été à l’hôpital avec lui [après l’accident très grave de Hakkinen à Adélaïde en 1995], qu’il avait vu les tubes sur son lit d’hôpital - il était en quelque sorte une figure paternelle pour Mika. »

« Quand Mika et moi on était dans le bureau d’études… Ron entrait dans le bureau, et je me levais instinctivement - c’est le patron - pour lui serrer la main. Et Ron ne me regardait pas, il faisait le tour de la pièce et s’asseyait à côté de Mika et de ses ingénieurs et disait : ‘Qu’est-ce qu’on fait ?’ ».

« Ensuite, je les regardais parler de ce qu’ils faisaient et il disait : "Qu’est-ce qu’ils font… ?’. ‘Ils’, c’était moi. »

« Dès que Ron m’a dit cela, il m’a ôté un doute tenace en moi – parce qu’il admettait que je n’étais pas fou et que Ron préférait bien Mika. Quand il m’a tout expliqué, c’est devenu rationnel et j’ai pu me concentrer sur le pilotage de la voiture. »

Sur la piste aussi, cette préférence finlandaise de Ron Dennis eut des traductions concrètes.

Comme au Grand Prix à Jerez en 1997, l’ultime manche de l’année : McLaren ordonna à Coulthard de laisser passer Mika Hakkinen, pour que le Finlandais puisse remporter sa première victoire... Un choc que raconte Coulthard.

« Je ne savais rien de ce qui allait arriver… Si je devais me limiter à un regret, ce serait cette consigne d’équipe à Jerez, en 1997. Il n’y a jamais eu d’accord et après 20 tours de négociation, j’ai été contraint de laisser passer mon coéquipier. Ce que j’aurais dû faire, c’est dire : "Nous n’avions pas d’accord, c’est inacceptable, nous en discuterons après la course". Mais je ne l’ai pas fait. »

« Ce n’était pas, disons, la période la plus élégante pour la Formule 1 dans ce qu’ils ont fait, mais cela aurait probablement façonné ma période dans l’équipe d’une manière différente. Mais j’étais un garçon de village, j’étais calme, timide et respectueux - j’ai un peu évolué à ce sujet maintenant, à 51 ans - mais à l’époque, c’est ce qui définissait mon rôle dans l’équipe. »

Cependant qu’on ne surinterprète pas les propos de Coulthard : celui-ci conserve toujours un excellent souvenir de son passage chez McLaren (avec 13 victoires), comme de Ron Dennis.

« Au bout du compte, tout s’est bien passé durant mon passage chez McLaren ; Ron apprenait à être le directeur d’une équipe avec deux jeunes pilotes, car il avait travaillé avec Prost, Senna, Lauda et des gars d’un âge similaire. Soudain, il a deux jeunes enfants qui travaillent pour lui et nous avons des besoins émotionnels différents. »

« Il est devenu plus conscient de la manière dont il traitait les gens après cela, parce que Ron était un personnage très conflictuel. »

« Mika est un être humain merveilleux, je pense qu’il était l’un des pilotes les plus rapides de la Formule 1 - je ne dis pas cela parce qu’il était mon coéquipier - je dis cela simplement en observant sa façon de conduire, et si vous regardez simplement ses batailles avec Michael [Schumacher], je pense que Michael était, disons, techniquement plus engagé avec l’équipe, plus physiquement au sommet de sa forme ; Mika était un talent plus naturel qui en faisait assez en dehors de la piste pour se préparer. »

« Mais j’ai aujourd’hui une relation et une amitié avec Mika qui durera parce que nous avons vécu toute une gamme d’émotions au cours de ces sept années : les hauts du succès, les bas des collisions entre coéquipiers, la déception de ne pas avoir une bonne voiture certaines saisons, donc je pense que pour moi, il est l’un des plus grands pilotes de Formule 1, qui a probablement pris sa retraite trop tôt - peut-être en raison de son accident en 1995 qui l’a littéralement laissé presque mort. »

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