‘Rester en F1 est le plus difficile’ : Pérez et la grande peur du vide
L’étrange histoire d’un ‘type normal’
Après une incroyable épopée qui l’a mené du Mexique à la campagne anglaise, Sergio Pérez était finalement parvenu à gravir les échelons le menant à la F1.
Ce fut finalement avec Sauber, en 2011, que Sergio Pérez atteignit un rêve qui semblait inaccessible quelques années auparavant : arriver en F1.
Pour The Players Tribune, Sergio Pérez a raconté ces années qu’il aurait pu croire fastes… et les débuts furent effectivement comme dans des rêves.
« C’était en 2011 et cela a changé ma vie. C’est drôle comme vous pouvez courir pendant des années et être complètement inconnu, et puis une fois que vous arrivez en Formule 1, le monde entier sait qui vous êtes. »
« La nouvelle a été énorme au Mexique, car nous n’avions pas eu de pilote de Formule 1 depuis 30 ans. Tout à coup, on vous arrête dans la rue. Vous êtes félicité, jugé et critiqué. Vous avez plus de travail, plus de pression, plus d’engagements. »
« Sur le circuit, vous avez le contrôle. En dehors de celui-ci, la Formule 1 vous contrôle. »
L’angoisse de la fin de parcours
Mais arriver en F1 n’était pas le bout du chemin, simplement le début d’un autre : pour rester en F1 en particulier, Sergio Pérez n’était pas au terme de ses ennuis, de ses soucis. Arriver en F1 est une chose, y rester en est une autre.
« Pourtant, la chose la plus difficile est de rester en Formule 1. J’ai vécu des moments incroyables, comme retourner au Mexique en 2015. Je n’oublierai jamais l’amour et le soutien que j’ai reçus du peuple mexicain ce jour-là. J’ai beaucoup appris dans toutes les équipes pour lesquelles j’ai couru. »
« Mais en 2020, quand j’ai su que je n’obtiendrais pas de nouveau contrat avec Racing Point, j’ai pensé que c’était peut-être fini. Je sentais que ça pouvait être ma dernière saison en F1, et ça l’a presque été. C’était très proche. »
« En fait, je pensais déjà à ma vie sans la course. Puis Red Bull m’a proposé un contrat lors de la dernière course de la saison, et bien sûr j’étais super heureux d’accepter. »
C’est donc aujourd’hui pour une top-team - après avoir connu les bas-fonds des formules de promotion anglaise - que court Sergio Pérez en F1.
Une incroyable réussite, qui vient récompenser un formidable parcours du combattant. C’est en courant avec l’équipe de Milton Keynes que Sergio Pérez mesure en particulier la longueur du chemin parcouru. Mais n’est-ce pas aussi beaucoup plus de pression ?
« Courir pour Oracle Red Bull Racing est un énorme privilège, vous savez ? Avec une voiture aussi forte, vous êtes presque assuré d’avoir une chance de vous battre pour la victoire tous les week-ends, et c’est ce que vous voulez. Une chose vraiment cruciale est que ma relation avec les mécaniciens est si bonne. Nous sommes obsédés par la victoire et nous nous amusons, ce qui est important car nous passons beaucoup de temps ensemble. Je veux dire, je les vois plus que je ne vois ma femme ! »
« Je me sens tellement chanceux de pouvoir continuer à vivre ce rêve. Comme dans tout travail, il y a des choses que je n’aime pas. L’entraînement, les médias, les courses - c’est très intense, et cela limite le temps que je peux passer avec ma famille. Le 1er janvier, je sais ce que je vais faire tous les jours de l’année. Un jour vous êtes en Australie, le lendemain vous êtes en Europe. »
« Je vis comme ça depuis plus de 10 ans maintenant, alors je suis habitué, mais chaque fois que je peux retourner à Guadalajara, je le fais. Je voyage avec ma femme et mes trois enfants. Je vois des parents et je passe du temps avec mes amis. Je suis juste un type normal. Parfois, j’oublie même que je suis un pilote de course. »
« Donc les engagements que vous avez autour de la course sont le prix à payer. Pour certaines personnes, cela peut sembler beaucoup. Pour moi, quand je regarde le plaisir que j’éprouve - de la course, de ma formidable équipe Red Bull Racing, du peuple mexicain - ce n’est rien. J’ai toujours été heureux de le payer. »
Une enfance en décalé
Et que dirait le Sergio Pérez d’aujourd’hui à celui d’hier ? Que dirait-il aux enfants du Mexique d’aujourd’hui ? Tenter le rêve en vaut-il la peine ?
« D’une certaine manière, le prix a toujours été là. C’est amusant de regarder maintenant mon ancienne routine, quand nous faisions 10 heures de route dans la nuit pour arriver à l’école le lundi matin. Ce n’était pas agréable. Ce n’était pas confortable. J’avais mal au dos d’avoir dormi dans la voiture. J’entrais en classe à côté d’enfants "normaux" qui se demandaient ce que j’avais fait. »
« Et mes diplômes ? »
« Cela en valait-il vraiment la peine ?
« Pourquoi est-ce que je m’infligeais ça ? »
« Voici ce qu’ils me disaient. Ils n’avaient aucun moyen de le comprendre. Ils rêvaient de devenir médecins et avocats, vous savez ? Et moi j’étais en classe, assis, luttant pour rester éveillé, sentant le garage, pensant encore à la course. Et même là, à ce moment-là, je ne pouvais pas imaginer faire autre chose. »
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