Renault F1 : La fin du projet provoque la colère des syndicats
"C’est un coup de poignard dans le dos, une trahison"
Renault a été accusée de « trahison » et de « coup de poignard dans le dos de ses salariés » après avoir décidé de mettre un terme au développement des moteurs F1 d’Alpine.
Les 350 salariés du site de Viry-Châtillon, où 60 % des salariés ont participé à la conception et à la construction du nouveau moteur pour 2026, ont été informés la semaine dernière de la décision de Renault d’arrêter la conception et la production.
La fin de la saison prochaine mettra fin à 49 ans d’implication en F1 en tant que motoriste, au cours desquels l’entreprise a remporté 12 titres constructeurs, avec Williams, Benetton, Red Bull et Renault.
Alpine devrait désormais devenir cliente en 2026, Mercedes étant presque certain d’être son fournisseur de moteurs.
"On ne l’a pas vu venir," a déclaré Karine Dubreucq, déléguée syndicale du site de Viry-Châtillon.
"C’est un coup de poignard dans le dos, une trahison. On a développé ici des moteurs capables d’être 12 fois champions de F1, et maintenant on ne peut plus ? Ils n’ont même pas attendu le premier banc d’essai."
"Ça a été très brutal. On va passer à la trappe un moteur qui s’annonçait très prometteur et détruire un fleuron de l’industrie française. Tout ça pour faire 100 millions d’euros d’économies et mener une guerre d’ego."
Thomas Ouvrard, délégué syndical CGT du groupe au losange, ajoute que "l’écurie Alpine avait fini l’année 2023 en sixième position du classement de formule 1, mais on ne pensait pas qu’une telle décision serait prise ! Le constructeur ne veut visiblement plus financer la recherche et développement sur ses propres moteurs."
"On continue de privilégier la profitabilité sur le volume et de remplir les poches des actionnaires," analyse Richard Gentil, administrateur salarié CGT chez Renault.
Un salarié de l’équipe moteur du groupe, s’exprimant sous couvert d’anonymat, s’est dit confiant que le moteur en développement aurait été "l’équivalent de celui de Mercedes". Il a ajouté "qu’au pire, il y aurait 15 chevaux de différence. Nous avons tout repensé dans le turbo."
Dubreucq a lancé un coup de semonce à Renault en affirmant que le personnel était "déjà en arrêt maladie", et que cette décision "va faire des dégâts".
Un autre salarié a prévenu : "Si on s’arrête là, on n’entendra plus jamais parler d’un moteur Renault en F1".
Renault promet pourtant de garder tous les emplois et de transformer Viry en "pôle de haute technologie sur les moteurs à hydrogène et électriques à haute densité de puissance".
"On a demandé une expertise pour voir si leur projet est viable et financé," explique Karine Dubreucq. "Nous ne rendrons donc pas d’avis au prochain CSE. Contrairement à ce que la direction affirme, on leur a déjà prouvé par A + B que leur plan n’aurait pas la capacité de répondre au maintien de 100 % des emplois… On nous dit qu’on va travailler pour le Paris-Dakar, c’est super ! Mais ici les gens ne vivent et ne vibrent que pour la F1. Une cellule psychologique a été mise en place. Les salariés sont tellement surengagés dans le travail qu’ils sont dans un état pas possible."
"Chez Alpine, les ingénieurs ne vont pas pouvoir se spécialiser comme ça du jour au lendemain," ajoute Thomas Ouvrard. "On s’inquiète aussi pour la sous-traitance. Sur les sites Renault qui sont passés des moteurs thermiques à ceux électriques comme Douai ou Maubeuge, ça a été compliqué. Il y a eu une baisse de l’emploi. Au niveau logistique, par exemple, car ce type de moteurs a beaucoup moins de pièces référencées."
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