Rejet d’Andretti : La F1 va devoir s’expliquer devant le Congrès US
Ce refus est-il conforme aux règles de concurrence ?
Le refus de la F1 et de ses équipes face à la candidature d’Andretti Global prend une autre ampleur aux Etats-Unis. Plusieurs membres du Congrès, l’entité qui regroupe le Sénat et la Chambre des représentants, demandent des comptes à Liberty Media au sujet du refus montré à Andretti Global pour rejoindre la Formule 1.
Une lettre d’une dizaine de membres fait part "d’inquiétudes concernant des actions anti-compétitives", que les législateurs perçoivent comme contrevenant à la loi américaine sur la concurrence.
Liberty Media et les équipes ont refusé l’arrivée d’Andretti Global en 2025, et ont laissé une simple porte ouverte pour 2028, à condition que l’équipe soit motorisée par Cadillac, et non que la marque de General Motors soit un simple prête-nom. Mais le Congrès, mené par le Républicain John James, s’interroge sur le bien-fondé de cela.
"Le rejet de la FOM semble être motivé par la composition actuelle des équipes européennes de Formule 1, dont beaucoup sont affiliées à des constructeurs automobiles étrangers qui sont en concurrence directe avec des entreprises automobiles américaines telles que GM" peut-on lire dans la lettre.
"Il est injuste et erroné de tenter d’empêcher les entreprises américaines de rejoindre la Formule 1, ce qui pourrait également constituer une violation des lois antitrust américaines."
"La participation de toutes les équipes de Formule 1, y compris les équipes américaines, devrait être basée sur le mérite et ne pas se limiter à protéger la liste actuelle d’équipes de course. Cela est d’autant plus vrai que la Formule 1 est de plus en plus présente aux États-Unis, avec notamment trois Grands Prix à Miami (Floride), Austin (Texas) et Las Vegas (Nevada)."
Trois questions auxquelles Liberty Media doit répondre
Les 12 membres du Congrès qui ont porté cette lettre à l’attention de Liberty Media demandent désormais au propriétaire de la Formule 1 de répondre à trois questions, dans le but de comprendre ce qui a motivé une telle décision. Voici les questions :
"En vertu de quelle autorité la FOM procède-t-elle au rejet de l’admission d’Andretti Global ? Quelle est la raison du rejet de la FOM, en particulier en ce qui concerne Andretti Global et son partenaire GM, qui pourraient être la première équipe de course détenue et construite par des Américains ?"
"La loi antitrust Sherman de 1890 interdit les restrictions déraisonnables de la concurrence sur le marché afin de produire le meilleur résultat possible pour le consommateur américain. Comment le refus de la FOM d’accueillir Andretti Global et GM, des entreprises américaines, s’accorde-t-il avec les exigences de la loi Sherman, puisque la décision profitera aux écuries de course européennes en place et à leurs filiales de construction automobile étrangères ?"
"Nous comprenons que GM a l’intention de réintroduire sa marque Cadillac sur le marché européen, ce qui soutiendrait des milliers d’emplois bien rémunérés dans l’industrie automobile américaine, en particulier grâce à l’audience mondiale de la Formule 1 et à l’effet de halo qu’elle exerce sur ses équipes et ses sponsors. Dans quelle mesure l’entrée de GM et d’Andretti dans la compétition automobile en prenant une partie du marché de la course et l’entrée de GM sur le marché européen en prenant des parts de marché ont-elles joué un rôle dans la décision de refuser l’admission de l’équipe Andretti Global, étant donné le tollé public des équipes de Formule 1 en place contre un nouveau concurrent américain ?"
La lettre se conclut enfin sur le ton de la menace : "Nous continuons à exercer une surveillance sur cette affaire, et avec les régulateurs fédéraux appropriés, afin de garantir que toute violation potentielle de la législation anticoncurrentielle américaine fasse l’objet d’une enquête et de poursuites rapides."
Enfin, Andretti Global a réagi dans un communiqué : "Nous sommes reconnaissants envers les membres bipartites du Congrès pour leur soutien dans la contestation de ce comportement anticoncurrentiel."
"Nous espérons que cela pourra être résolu rapidement afin qu’Andretti-Cadillac puisse prendre la place qui lui revient sur la grille de la F1 en 2026."
Ces difficultés s’ajoutent à celles que pourrait rencontrer la FOM cette fois en Europe, où la CJUE (voir notre article) a rendu récemment un arrêt inquiétant pour la F1, toujours concernant les clauses anti-concurrentielles.
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