Réglages, pneus, pilotage : Ocon s’est remis en question pour percer en F1
Il raconte ce style sous-vireur
La carrière d’Esteban Ocon en F1 a bien failli s’écrire en pointillés. Écarté de Force India-Racing Point pour laisser place à Lance Stroll, Ocon a failli ne jamais retrouver de volant – avant que son poste de pilote de développement chez Mercedes, ne lui ouvre les portes de Renault.
Pour autant, la première année du retour d’Ocon en tant que titulaire en F1, en 2020, face à Daniel Ricciardo chez Renault, fut difficile. Il avait inscrit 62 points au classement seulement contre 119 pour l’Australien.
Pour The Race, il évoque aujourd’hui ce retour épineux.
« C’était une saison frustrante, je suis arrivé en essayant de tout comprendre aussi vite que possible, mais c’était une année COVID. Nous n’avions pas le temps d’analyser ma performance entre les courses car nous faisions trois courses d’affilée. C’était donc difficile. »
« Je n’ai découvert comment rendre cette voiture rapide que lors de la dernière course, lors des deux dernières courses en fait, lorsque j’ai obtenu le podium [lors de l’avant-dernière course à Bahreïn] et lorsque j’ai battu en qualifications Daniel lors de la dernière course. »
« Je savais que je conduisais de mieux en mieux, je savais que je pouvais le faire mais je n’ai jamais eu la performance dont nous avions besoin. Et à la fin de l’année, nous avons essayé quelque chose de complètement différent avec les réglages de la voiture et soudain, boom, ça marchait. »
« Et c’est tellement frustrant que ce soit les deux dernières courses de l’année. C’était une année tellement condensée que si cela avait été une année normale, j’aurais été dans le rythme à la mi-saison. Mais malheureusement, ce n’était pas le cas. »
L’adaptation même d’Esteban Ocon à la F1, à son arrivée chez Force India en 2017 (après une demi-saison chez Manor), fut difficile : en particulier à cause des fameux Pirelli.
« Je travaille toujours sur les choses que je pense avoir besoin d’améliorer. Par exemple, je pensais que, pendant les courses, je pouvais améliorer certaines choses, en regardant les pneus, le niveau d’attaque que je devais avoir. Pour voir aussi à quel point je pouvais avoir confiance dans le fait que les pneus n’allaient pas s’effondrer. »
« Malheureusement, lorsque j’ai rejoint la Formule 1, je venais de la GP3 où les pneus perdaient massivement en performance. En F1, c’était proche de ça, mais pas autant. Et j’ai toujours gardé à l’esprit que vous ne savez jamais si le pneu va soudainement perdre massivement en performance. »
« J’ai donc appris à beaucoup mieux comprendre comment gérer la course, comment faire en sorte que les pneus travaillent pour moi. Les pneus que nous avons cette année, qui sont plus robustes, m’ont probablement aussi aidé à aller dans cette direction. »
Ocon, un ‘drifteur’ en F1 ?
Esteban Ocon raconte également avoir adopté son style de pilotage de manière intéressante, pour s’adapter à la F1, en recherchant une F1 ayant plus de nervosité à l’avant.
« Ces deux dernières années, j’ai définitivement amélioré mon pilotage, la façon dont je pousse, le premier tour, le rythme aussi. Je me sens juste plus confiant avec cette voiture que je ne l’étais avec les autres voitures aux suspensions bizarres que nous avions avant. »
« Quand je suis arrivé en F1 en 2016 avec la Manor... elle était difficile à conduire et j’étais plus rapide quand je mettais du sous-virage. J’ai découvert ça avec le temps - et en 2017 à la fin, j’insistais beaucoup plus sur l’avant de la voiture – et alors j’étais en fait beaucoup plus rapide. »
« En 2018, j’ai eu d’excellentes qualifications et j’ai vraiment fait en sorte que la voiture "pointe vers l’avant". Et cela m’a en fait donné beaucoup de performance cette année-là. »
« Je sens que j’ai alors un bon contrôle de la voiture et que je peux mettre la voiture où je veux. Ce n’est pas le problème, mais tant que vous ne glissez pas trop et que vous ne détruisez pas tout avant d’arriver au virage, c’est encore assez important. Donc vous ne voulez pas d’une voiture qui bouge trop à l’arrière dans mon cas. »
« J’ai continué à le faire depuis. Une voiture qui tire vers l’avant est toujours plus rapide qu’une voiture survireuse, surtout maintenant que nous avons un peu de mal avec les pneus avant qui sont un peu faibles. Mais vous avez toujours besoin d’un équilibre neutre parce que vous ne voulez pas tuer les pneus arrière. »
Ce style de pilotage particulier fait-il tout de même d’Esteban Ocon un pilote ’classique’ ou commun ? N’est-ce pas un style plus dangereux aussi ?
« Pas vraiment. Je ne pense pas que beaucoup de pilotes puissent faire ‘drifter’ une voiture de F1 et je le pourrais si je le voulais. Mais dès qu’il y a un mouvement latéral, ça ne va pas aller vite. »
« Je ressens ce besoin de faire glisser ma F1 plus tôt que certains pilotes, comme Fernando. Il aime lui aussi beaucoup faire bouger sa voiture, mais ces deux dernières saisons, nous sommes probablement les pilotes qui se sont le moins crashés. »
« Et je pense que c’est probablement dû au contrôle et à la confiance dans la voiture. Ça a l’air facile, mais je pense que c’est la façon la plus rapide de rouler. »
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