Qui est Ola Källenius, l’homme qui décidera du futur de Mercedes F1 ?
Et surtout, que pense-t-il de l’avenir de l’équipe ?
Dieter Zetsche aura incarné une ère de prospérité pour le groupe Daimler, et aura réussi également à mettre en œuvre le grand virage de la mobilité verte. Son successeur, Ola Källenius, a ainsi la lourde tâche de succéder à un homme qui paraissait aussi compétent – au vu des résultats financiers de Daimler – qu’avenant – à travers sa fameuse et célèbre moustache.
Ola Källenius sera-t-il à la hauteur ? Quoi qu’il en soit, il a déjà été adoubé par le « Docteur Z », qui n’a pas tari d’éloges sur lui : « Dans les différents rôles qu’il a occupés chez Daimler, Källenius a gagné un respect maximal de ma part et une reconnaissance totale de ses collègues » rappelait ainsi Zetsche lors de la nomination de son successeur.
Né en Suède, là où Zetsche était né à Istanbul, Källenius a obtenu une maîtrise en finances et comptabilité à l’école d’économie de Stockholm, puis a obtenu une autre maîtrise en gestion internationale à l’Université de San Gall.
Il a effectué l’essentiel de sa prestigieuse carrière dans le monde de l’automobile. Il a ainsi été directeur exécutif de McLaren Automotive, avant de rejoindre Mercedes, dans un poste lié de près à la F1, à la direction des moteurs haute performance, à l’usine de Brixworth. Il a été par la suite nommé directeur général de Mercedes-Benz USA, puis vice-président de Mercedes-Benz AMG.
Mais en dépit de cette expérience, Ola Källenius aura fort à faire dans ses nouvelles fonctions ; il arrive en effet dans un contexte moins favorable. Comme le reste de l’industrie automobile, Daimler et Mercedes-Benz doivent faire face à plusieurs vents mauvais. Le respect des normes carbone, imposées par l’Union Européenne, forceront Mercedes à de lourds investissements – au risque de sanctions encore plus lourdes. L’électrification de la gamme demande aussi à revoir l’organisation des ressources techniques et humaines. Le contexte international, avec le ralentissement de la croissance chinoise ou le Brexit, n’est pas non plus favorable.
Källenius a donc annoncé la couleur lors de sa première prise de parole dans ses nouvelles fonctions : il contraindra le groupe Daimler à faire de substantielles économies, dépassant le milliard d’euros.
« Les dépenses nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de CO2 nécessitent des mesures globales pour accroître l’efficience dans tous les domaines de notre entreprise » déclarait-il ainsi.
« Cela inclut également la rationalisation de nos processus et de nos structures. Ce programme aura un impact négatif sur nos revenus et pour continuer à réussir à l’avenir, nous devons donc agir maintenant et augmenter sensiblement notre puissance financière. »
C’est dans ce contexte que Källenius a annoncé de lourds investissements dans l’électrique ; la gamme G des Mercedes sera par exemple à 100 % électrifiée.
Pour faire ce milliard et quelques d’économies, Källenius et le CA de Daimler seront-ils tentés de sabrer dans le budget du programme F1 ? Les rumeurs fleurissent en effet ces derniers temps, sur la possibilité d’un retrait de Mercedes en tant qu’équipe d’usine ; le groupe Daimler pourrait décider de redevenir simplement motoriste, comme avant le rachat de Brawn GP en 2009-2010.
Mais ces rumeurs ont perdu en intensité ces derniers jours : Källenius a ainsi réaffirmé que l’investissement en F1 était profitable pour Mercedes (sans parler néanmoins à proprement parler de l’équipe d’usine) ; et il est désormais entendu que Lawrence Stroll ne rachètera pas l’équipe Mercedes F1, après avoir finalement jeté son dévolu sur Aston Martin.
« Nous avons remporté le championnat du monde six fois de suite » a ainsi lancé Källenius. « C’est unique et cela nous a plus que rapporté sur le plan du marketing. Cet investissement doit donc être considéré comme un investissement très rentable »
La plupart des économies que Källenius définira, semblent plutôt se situer du point de vue de la logistique et de la maintenance. Mais pour d’autres membres du CA, le budget faramineux de l’équipe d’usine (autour de 600-700 millions d’euros) pourrait constituer une proie tentante.
Il est ainsi important de retenir que Källenius – à l’inverse de Zetsche en son temps – connaît de très près l’univers de la F1 ; et Toto Wolff ne pourra pas être en mesure de gonfler déraisonnablement ses prétentions financières pour le budget de l’équipe.
Lewis Hamilton est de ceux qui attendent un signal clair, validant l’engagement de Mercedes à moyen terme en F1 ; et l’avenir de Mercedes F1 pourrait d’ailleurs être lié à celui du Britannique, qui discute actuellement de sa prolongation de contrat au-delà de 2020.
Mercedes proposerait 45 millions au sextuple champion du monde, quand celui-ci en demanderait jusqu’à 15 de plus.
Källenius aura son mot à dire sur la prolongation de contrat de Lewis Hamilton, au vu des sommes exceptionnelles engagées. A lire ses récents propos, Lewis Hamilton peut s’estimer confiant : Källenius ne veut absolument pas perdre cet atout formidable pour l’image de la marque Mercedes.
« Lewis incarne vraiment l’aspiration de notre marque à être toujours la meilleure, à la fois sur et en dehors de la piste. »
« Il essaie toujours de faire plus, d’améliorer chaque petit détail, et ne cesse de se pousser lui-même et de pousser l’équipe. Avoir remporté six championnats du monde, avec à chaque fois un moteur Mercedes-Benz, est un résultat incroyable qui fait la fierté de tous chez Daimler. »
Lors du prochain Conseil d’Administration de Daimler, Ola Källenius devrait ainsi tenir le message de la continuité : il s’agirait de prolonger l’aventure en F1 comme le contrat de Lewis Hamilton. Mais à quel prix ?
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