Prost sur la Williams F1 en 1993 : arme fatale ou gros casse-tête ?

Prost évoque une année difficile pour lui

Par Alexandre C.

21 mai 2023 - 10:34
Prost sur la Williams F1 en 1993 : (...)

La saison 1993 fut, dans les apparences, une saison de domination et de plaisir pour Alain Prost : sa dernière année en F1 fut victorieuse, conclue donc sur un titre mondial. Mais en coulisses, l’ombre de Senna continuait de menacer le volant de Prost chez Williams : et il fut mis sous pression alors même qu’il remportait des succès.

C’est ainsi que Prost avait déjà confié que 1993 était en réalité la pire année de ses titres (voir notre article).

Un autre élément compliquait la saison de Prost : son adaptation à une Williams F1 révolutionnaire avec ses suspensions actives.

Un avantage ? Peut-être sur le papier, mais le Professeur a aussi confié au podcast "Beyond the Grid" qu’il avait dû réviser ses bases avant de bien maîtriser la création de Head et Newey…

« C’était mon plus gros problème. J’ai dû adapter plus ou moins la voiture à mon style de pilotage. Mais je dirais que j’ai peut-être adapté la voiture de 10 à 20 % à mon style ; et à l’inverse, j’ai dû adapter mon style et ma philosophie à 80 % à la voiture. Cela a été très difficile pour moi. »

« Je veux dire, vous savez, j’aime régler la voiture. J’aime essayer différentes choses. Je me souviens des très nombreuses fois où j’ai voulu aller dans la direction voulue, je suis revenu aux stands et j’ai dit que c’était une erreur et qu’il fallait revenir en arrière. Mais dans la voiture active en 1993, c’était vraiment, vraiment difficile pour nous. »

« Avec la McLaren et même avec la Ferrari, je me souviens presque de certains réglages, des réglages complets de certaines courses. Je me souviens très bien de ce que nous faisions dans la voiture. Sur la voiture active, je ne me souviens de rien, parce que je me souviens que Paddy, Paddy Lowe, il venait avec l’ordinateur sur les pontons, il me disait ce qui se passait. »

« Et je me souviens des essais, je crois que c’était au Paul Ricard la première fois. Et là, on s’est rendu compte qu’en passant à fond par Signes, il était beaucoup plus facile de passer à fond, puis de lever l’accélérateur un peu avant le virage parce que c’est la façon dont la voiture active fonctionne aussi. J’ai donc dit merde, je dois m’adapter à une manière différente de conduire... c’était aussi ma philosophie de à 85, 90 % du potentiel de la voiture, parce que quand vous ne conduisez pas à cent pour cent, vous avez le temps de penser, vous avez le temps de réaliser que cette chose est un peu meilleure ou pas. Et vous savez aussi que vous avez une marge. »

« Mais avec une voiture active, si vous faites cela à plein régime, vous ne trouvez peut-être pas la même voiture, vous ne trouvez pas les mêmes avantages. C’était donc une façon différente de travailler pour moi. »

Du point de vue du pilotage, Prost ne souffrirait-il pas aussi d’avoir pris une année sabbatique en 1992 ? Le retour en F1 était-il aussi un dur retour à la réalité physique ?

« Lorsque je suis revenu, il ne s’est écoulé que quatre ou cinq mois avant que je ne pilote une voiture, car j’ai également piloté la Ligier, si vous vous souvenez, au Paul Ricard. Et quand j’ai conduit la voiture de Nigel en septembre à Estoril, je me sentais déjà très bien, cette voiture était beaucoup plus facile à conduire, très bien. Et quand nous sommes revenus à Estoril avec la voiture de 1993, c’était difficile. Je me suis même dit "oh merde", c’était difficile à bien des égards. »

« Même physiquement, ce n’était pas facile, parce que la voiture sautait, la position n’était pas bonne, comme je vous l’expliquais. Ce n’était donc pas facile. Lors de la première course à Kyalami, il m’a été très difficile d’utiliser les pneus frais pour les qualifications. Je me souviens, parce que nous n’avions pas fait beaucoup de tests pour cela et je n’ai jamais été très bon pour faire fonctionner les pneus sur un tour, vous savez, à cause de mon style de conduite. Et nous faisions deux tours, un tour d’installation, un tour rapide. Et puis j’ai décroché la pole. C’était une grande différence. Je pense que j’étais à environ huit dixièmes d’Ayrton avant la pole. »

Au vu de telles difficultés, Prost n’a-t-il jamais demandé à Head ou Newey de revenir à la Williams de 1992, si dominatrice elle aussi ?

« Nous avons eu une discussion et nous avons même fait quelques tests [au] début de l’année à Silverstone. Je m’en souviens très bien. »

« Je ne me souviens pas de tous les mots, mais il [Head] a dit, non je comprends, mais tu as plus de potentiel avec celle-ci pour l’avenir, ce qui est peut-être correct, mais c’était la dernière année de la voiture active de toute façon. »

Damon Hill, plus qu’un jeune coéquipier, une vraie menace ?

Puisqu’il n’était pas tant en confiance, Prost craignait-il alors de se faire battre pour Damon Hill, son jeune coéquipier ?

« Encore une fois, avec ces voitures, si vous vous sentez en confiance avec la voiture, vous pouvez vraiment pousser. Et plus vous poussez avec cette voiture, plus vous obtenez des performances, aussi parce que cela dépend des réglages. Parfois, lorsque vous trouvez le bon équilibre et que vous pouvez pousser, vous pouvez faire la différence. Il y a quelques endroits où Damon était très difficile à battre. »

« Oui, de ce côté, j’aurais peut-être besoin de plus d’expérience, mais c’était tout nouveau pour moi et c’est pourquoi Damon m’a aussi beaucoup aidé parce qu’il connaissait la voiture. Il était un peu derrière sur certaines courses et sur d’autres, il était très difficile à battre, vous savez ? C’était donc une bonne chose, une bonne chose pour moi d’avoir cet équilibre. »

« Même à Silverstone, si je me souviens bien, il avait eu une panne de moteur, sans ça il aurait été difficile à battre même si j’avais été bloqué derrière Ayrton pendant quelques tours. »

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