Prost : J’étais sans doute la source de motivation de Senna
"Il m’appelait souvent. Parfois deux fois par semaine"
Alain Prost a rencontré des fans au siège du quotidien sportif français « L’Équipe » ce jeudi.
C’était l’occasion pour le quadruple champion du monde de F1, qui n’est plus impliqué actuellement dans un quelconque projet dans le paddock suite à la décision de Laurent Rossi de se passer de ses services chez Alpine F1, d’évoquer pas mal de sujets, notamment historiques.
Des 4 titres, Prost en a un en particulier dans son coeur, obtenu lors du dernier Grand Prix de 1986.
À l’abord du dernier Grand Prix sur le circuit urbain d’Adelaïde, Prost compte trois victoires et Piquet quatre, tandis que Mansell s’est imposé cinq fois et occupe la tête du championnat du monde avec six points d’avance sur le Français et sept sur son coéquipier. Le titre se joue donc sur une course où les deux Williams occupent la première ligne de la grille de départ. Mansell abandonne dans le dernier quart de la course lorsque son pneu arrière gauche éclate ; Piquet, par sécurité, est rappelé au stand puis renvoyé en piste et termine deuxième, à quatre secondes de Prost qui conserve in-extremis son titre, Mansell finissant à deux points et Piquet à trois.
"Sans conteste, le titre de 1986. Parce qu’il est le plus pur. Nous ne partions pas favoris avec la McLaren MP4/2C. Cette voiture était inférieure aux Williams Honda de Nigel Mansell et Nelson Piquet. Notre moteur Porsche, financé par TAG, n’était pas aussi puissant que le leur. On a gagné parce que notre équipe était cohérente, soudée, et parce qu’il y avait une superbe ambiance entre nous. On m’avait dit que ce serait une catastrophe et en fait Keke (Rosberg) s’est révélé un super équipier."
Bien évidemment, les lecteurs invités ne se sont pas privés d’évoquer Ayrton Senna.
"Quand un jeune arrive dans une équipe et qu’il va vite, on le privilégie. J’ai vécu ça en arrivant chez McLaren avec John Watson comme coéquipier. Et là, je l’ai vécu dans l’autre sens avec Ayrton. C’est naturel. Les Britanniques sont pragmatiques. Si c’est dans leur intérêt d’aider le jeune, ils le font. Mais c’est difficile de parler d’Ayrton parce qu’il n’est plus là."
"On a tellement communiqué avec Ayrton au lendemain de mon départ à la retraite. Je sentais qu’il n’était pas bien. Il m’appelait souvent. Parfois deux fois par semaine. Il ne m’avait jamais téléphoné tant que j’étais encore en course. Il avait, sans moi, perdu ses repères. J’étais sans doute sa source de motivation. Nous avons vécu une histoire humaine et psychologique incroyable tous les deux. Il faut rester sur les beaux souvenirs"