Pourquoi Prost a préféré Senna à Piquet pour coéquipier chez McLaren F1

Une décision bien ironique avec le recul

Par Alexandre C.

16 avril 2023 - 15:51
Pourquoi Prost a préféré Senna à (...)

Alain Prost a couru parmi les plus grandes équipes de l’histoire de la F1 : McLaren, Williams, Ferrari, Renault…

Comment peut-il comparer aujourd’hui son passage dans les trois équipes, expériences forcément contrastées ? Chaque expérience est-elle du reste comparable ?

« Oui, c’est une question difficile pour moi » confie ainsi Prost au podcast "Beyond the Grid".

« Toute l’ambiance était un peu étrange. Vous savez, il faut prendre en compte Renault, Senna, McLaren. »

« Il faut prendre en compte aussi les médias [et le traitement que j’ai reçu à l’époque, dans chaque équipe] - parce que les médias, ils n’étaient pas très gentils avec moi. Normalement, vous soutenez le gars qui a la voiture la plus faible. »

Parlons donc de la fameuse cohabitation, ou plutôt guerre interne, la plus grande de l’histoire de la F1 sans doute, entre Prost et Senna.

« Chez McLaren, j’ai connu une période différente. Avec Niki, avec Keke, c’était fantastique. Avec Ayrton, la première année a été vraiment fantastique, un grand combat. 1989 a été un cauchemar à cause de la situation, mais chez McLaren, j’avais une équipe beaucoup plus familiale. Il est difficile d’établir une comparaison, car j’étais très ami avec Ron et surtout Mansour depuis le début et pendant de nombreuses années. »

C’est bien Alain Prost qui a souhaité l’arrivée, en 1988, de Senna à ses côtés. Pourquoi Senna et pas Piquet, qui était aussi annoncé à Woking potentiellement ?

« C’était donc un peu différent et quand Ayrton est arrivé, il est certain que notre amitié a été un peu différente. J’ai toujours voulu soutenir l’équipe et prendre la meilleure décision pour elle. C’est pourquoi j’ai également soutenu le fait qu’Ayrton devait venir dans l’équipe et non Nelson à l’époque. »

Prost aurait-il pu d’ailleurs s’opposer à la signature de Senna chez McLaren ?

« Je n’avais rien contractuellement. Mais je pense qu’il m’aurait été facile à l’époque de dire non, je préfère Nelson, je préfère quelqu’un d’autre. Et quand nous étions en réunion au Japon, vous savez, avec les gens de Honda, nous parlions de cela, ils allaient prendre Nelson qui est un bon ami, mais j’ai dit pourquoi vous ne prenez pas le jeune homme ? »

« Je veux dire qu’Ayrton est l’avenir de la Formule 1. Il devrait être l’avenir de l’équipe. »

Voilà qui peut sembler ironique avec le recul : Prost a souhaité la venue de celui qui le ferait partir de McLaren.

« Dire cela aujourd’hui semble stupide, mais c’était la philosophie de l’époque. Je faisais toujours tout pour McLaren. J’accompagnais Ron à toutes les réunions importantes. J’allais chercher des sponsors. Vous savez, ce n’est pas la façon dont vous travaillez aujourd’hui en Formule 1, c’est très, très différent. »

Et Prost l’assure : Senna lui demandait plus d’une fois conseil chez McLaren...

« Et puis Ayrton se plaignait de beaucoup de choses différentes. Il m’appelait souvent pour me demander des conseils. C’est donc une culture différente, une mentalité différente, et vous devez l’accepter, si tout va bien, c’est fantastique. Mais sur le plan humain chez McLaren, ce n’est pas aussi facile qu’ailleurs. »

La froideur de Williams ?

On sent que Prost était plus qu’un pilote de course chez McLaren... alors que Frank Williams traitait lui ses pilotes de manière bien plus basique et froide.

« Donc avec Frank, avec Williams, c’était une atmosphère différente… Très proche de l’équipe de course. Très proche. Mais c’est aussi une attitude que pour certains pilotes, comme moi… si vous êtes sensible, vous voulez avoir une autre relation, c’est différent. C’est une culture différente. Je ne critique vraiment pas. Je ne critique pas du tout. »

« Mais cette ambiance est bonne pour certains pilotes et peut-être moins bonne pour d’autres. McLaren à l’époque… je ne connais pas l’équipe aujourd’hui parce que c’est différent, mais je pense que tout le monde peut se sentir plus ou moins bien, sauf que parfois ils ont un favori, mais au moins vous êtes dans la famille. »

« Chez Williams, vous êtes pilote de course et donc employé. Vous faites donc plus ou moins ce que nous voulons que vous fassiez. Je me souviens quand j’ai moulé mon baquet pour la première fois chez Williams, je veux dire que j’étais un peu en souffrance, j’avais mal au cul, c’était difficile. Je suis un peu un emmerdeur sur ce plan, parce que j’aime avoir une bonne position, le confort, tout. À la fin de la journée, ils m’ont dit, non, désolé, mais tu dois faire le baquet avec Nigel [Mansell]. J’ai donc pris le baquet de Nigel et j’ai tout modifié, en m’y adaptant parce que c’était plus facile de le faire comme ça. »

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