Pourquoi la vente de sa branche Engineering est une sombre nouvelle pour Williams F1
Sur le plan financier et technique
Une nouvelle peut-être cruciale pour l’avenir de Williams a été rendue publique en cette fin décembre 2019 : Williams Advanced Engineering, branche nouvelles technologies de Williams (équivalente de Red Bull Technology, et distincte de l’écurie de course Williams Grand Prix), a été vendue à EMK Capital. Plus exactement, l’écurie anglaise a décidé de céder la majorité de ses parts de Williams Advanced Engineering à une entité externe.
Cette information a été justifiée de manière alambiquée par le PDG du groupe Williams, Mike O’Driscoll. Selon lui, c’était « le moment » pour Williams de vendre sa branche ingénierie…
« Nous avons rapidement fait grandir Williams Advanced Engineering d’une start-up embryonnaire avec un seul client à un business avec beaucoup de clients dans beaucoup de secteur. C’est le moment pour en vendre une majorité et permettre une plus grande échelle de développement de ses technologies. EMK Capital a prouvé son succès et permettra à WAE de profiter de ces opportunités pour réaliser son plein potentiel. »
Entre les lignes, Mike O’Driscoll reconnaît ainsi que Williams n’avait peut-être plus les moyens de faire grandir sa branche à elle toute seule, et qu’il lui fallait ainsi des apports extérieurs.
C’est ainsi un signe de plus montrant que Williams traverse actuellement une passe financière véritablement sombre… et sûrement plus sombre qu’on ne le pensait. Williams a ainsi eu besoin, pour survivre à court terme, d’argent frais... quitte à céder, dans la panique, des bijoux de famille.
Cette vente de Williams Advanced Engineering place désormais, potentiellement, l’écurie devant une double impasse à l’avenir : financière et technique. Voici pourquoi elle constitue bien un sombre augure pour l’écurie.
Sur le plan financier, Williams se sépare de sa branche qui lui sauvait la mise, chaque année, au moment de dresser le bilan. Rappelons les résultats du premier semestre 2019 : les résultats de la branche écurie de F1 avaient été catastrophiques, mais avaient été sauvés par les résultats de la branche Engineering. Plus en détail, les revenus de Williams Grand Prix étaient passés de 60,7 millions de livres à 46,3 millions, soit une baisse de 16,8 millions de livres. L’EBITDA (excédent brut d’exploitation) était ainsi négatif à hauteur de 18,8 millions de livres (contre 2,7 en 2018). A l’inverse, les revenus de Williams Advanced Engineering avaient progressé de 21,5 millions de livres à 30,9 millions, avec un EBITDA positif de 2,5 millions de livres (2,2 millions l’an dernier).
Williams Advanced Engineering était ainsi « la vache à lait » du groupe Williams, pour permettre à l’écurie de F1 d’investir quelque peu. Sans Williams Advanced Engineering, où l’équipe trouvera-t-elle maintenant les moyens d’investir… voire de survivre ?
La vente de la majorité des parts de Williams Advanced Engineering place Williams devant une deuxième impasse, technique cette fois-ci.
En effet, jusqu’à présent, Williams avait toutes les raisons de refuser de devenir une écurie B, sur le modèle de Haas avec Ferrari ou de Toro Rosso avec Red Bull. C’est ainsi que Williams avait refusé d’utiliser la boîte de vitesses de Mercedes fin 2017. Il s’agissait de garder le savoir-faire en interne, de développer les pièces à Grove et seulement à Grove.
Or, maintenant que Williams Advanced Engineering est vendu, cet argument perd une grande partie de sa force. La voie serait logiquement ouverte pour que Williams se rapproche d’une écurie d’usine, Mercedes ou Renault par exemple, qui en cherchent, pour en devenir une équipe satellite. Ce serait le moyen le plus efficace pour survivre financièrement et pour progresser rapidement sur le plan de la performance.
Bien sûr, l’ego, l’identité de la marque historique en souffriraient. Mais Williams a-t-elle désormais le choix ?
Une autre piste pour survivre, désormais, serait le rachat par un milliardaire, dont le fils serait pilote : le père de Nicholas Latifi serait bien sûr en pole position, et il faut encore rappeler que l’an dernier, les rumeurs de rachat par le père de Mazepin avaient aussi fleuri.
En somme, la situation de Williams s’est grandement détériorée l’année dernière. La 10e place au classement des constructeurs est certes une terrible nouvelle : mais la vente de Williams Advanced Engineering ne l’est-elle pas plus ?
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