Pourquoi donc la F1 a-t-elle brutalement porté son ticket d’entrée à 200 millions de $ ?

Une manière de barrer la route aux nouvelles équipes ?

Par Alexandre C.

19 septembre 2020 - 18:00
Pourquoi donc la F1 a-t-elle brutalement

Pourquoi donc la F1 a-t-elle décidé d’augmenter de manière exponentielle le ticket d’entrée dans la discipline pour une nouvelle équipe, à pas moins de 200 millions de dollars ?

Une telle somme apparaît bien sûr prohibitive pour tout nouvel entrant qui, en plus de la mise sur pied de ses infrastructures, aurait à dépenser plus que le montant des nouveaux budgets plafonnés annuels (145 millions de dollars). Pourtant il y a quelques années, Haas avait dû ainsi dépenser environ 60 millions pour entrer en F1, en deux ans.

Cette augmentation du ticket d’entrée était dans les tuyaux depuis près d’un an, et a donc été avalisée par les derniers Accords Concorde. Il apparaît aujourd’hui que les équipes auraient fortement poussé pour que Liberty Media porte ce ticket à 200 millions de dollars.

Elles y ont en effet un fort intérêt : par effet de balancier, les équipes actuelles prennent de la valeur ; car il est plus propice à un investisseur d’entrer en F1, en achetant une équipe déjà existante ; de fait, il semble bien que la vente de Williams aurait pu attendre quelques mois encore (l’équipe a été vendue pour 165 millions de dollars à Dorilton Capital) pour maximiser le produit de la vente.

Ce ticket d’entrée agit aussi comme une prime d’assurance pour les équipes : car s’il y a un nouvel entrant, les revenus distribués par la F1 seront divisés par onze, et non par dix ; les 200 millions seraient donc une prime de compensation pour les équipes existantes, dont la plupart sont des situations fragiles avec le Covid. Et tout nouvel entrant financerait donc ses concurrents dès le départ !

Quel intérêt y a-t-il, d’un autre côté, pour la F1, au-delà de contenter les équipes et d’assurer la signature des Accords Concorde ? Car une grille à 22 ou 24 voitures, cela signifierait plus de spectacle, plus d’incertitude…

Mais la F1 a aussi intérêt à se protéger contre les projets peu sérieux, comme le projet fantôme USF1 qui a longtemps fait parler dans les paddocks, ou encore les structures trop peu solides comme HRT ces dernières années.

Par ailleurs, si Liberty Media a été la manœuvre, la FIA n’a rien pu trouver à redire : car selon la législation européenne, la FIA se cantonne aux règlements sportif et sécuritaire, sans se mêler des accords commerciaux.

Pour autant au Mugello, Jean Todt, le président, a exprimé une voix dissonante, en s’estimant pour l’entrée en lice d’autres équipes si possibles.

« Aujourd’hui nous avons 10 équipes, qui mettent beaucoup d’efforts pour parfois être compétitives ou juste survivre. Si nous introduisons une autre équipe, les autres perdront de la valeur. Dans le même temps, mon opinion est que la F1 devrait être capable d’accueillir 12 équipes. J’aimerais avoir une baguette magique pour répondre à ça. »

Benjamin Durand, qui est derrière le projet Panthera F1, a ainsi soupiré en rappelant qu’il est « plus facile de trouver 100 millions que 300 ». C’est pourquoi Panthera viserait désormais le rachat d’une équipe existante.

Panthera aurait négocié avec une équipe, dont le nom n’a pas été divulgué, mais les discussions se seraient arrêtés en juin… sans doute en attendant la signature des Accords.

Quoi qu’il en soit, ce ticket d’entrée à 200 millions marque un tournant dans l’histoire de la F1. Entre 1998 et 2007, les sommes demandées pour entrer en F1 étaient bien souvent inférieures à 50 millions de dollars, et étaient remboursés au bout de quelques années (agissant comme une garantie de solvabilité). Et même avec cette situation plus favorable seule une nouvelle équipe, richement dotée, c’est-à-dire Toyota, était entrée en F1.

La décision de la FOM semble ainsi prendre acte d’une situation existante, pour conforter la situation des équipes actuelles… et pour s’assurer de la signature des Accords Concorde.

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