Pour Schmitz, ‘il a été difficile d’être une des seules femmes sur le muret des stands’

Un plafond de verre à briser en F1

Par Alexandre C.

30 janvier 2024 - 15:39

Le stratège de Red Bull, en week-end de Grand Prix, est une stratège : Hannah Schmitz, qu’elle soit le muret des stands en week-end de Grand Prix, ou à la salle d’opérations à Milton Keynes (en alternance un week-end sur deux), a la haute main sur les stratégies décidées en course pour les pilotes Red Bull.

Au Brésil 2019, elle avait été invitée à monter sur le podium par Max Verstappen et Red Bull, en hommage à son travail remarquable durant la course. De même, à Monaco en 2022, après la victoire de Sergio Pérez, Helmut Marko avait dit : « si nous avons gagné, c’était principalement grâce à elle. »

Schmitz s’est d’abord confiée sur les coulisses de son métier.

Un ou une stratège ne travaille pas bien sûr que le dimanche des Grands Prix. Les stratégies s’anticipent, se préparent en amont, à l’usine et durant les essais libres, où il s’agit d’analyser les réglages, l’allocation des pneus, le plan de roulage, la longueur prévisible des relais…

Mais la stratégie n’est pas une science exacte bien sûr, poursuit la stratège de Milton Keynes.

« C’est ce qui est vraiment passionnant dans la stratégie : il n’y a jamais de bonne ou de mauvaise réponse. »

« Car il y a tous les événements inattendus. Je pense toujours que si vous pouviez voir l’avenir, vous seriez certainement le meilleur stratège. »

Quelles sont donc les qualités les plus importantes qu’il faut avoir, pour être stratège ?

« Il s’agit d’avoir confiance, de croire en ce que l’on fait et d’être la meilleure personne pour prendre ces décisions. C’est votre travail. Fondamentalement, il s’agit de savoir que vous êtes au bon endroit et que vous vous sentez confiant et heureux dans votre rôle. »

Et la stratège a une astuce pour bien communiquer avec ses collègues…

« Si vous placez vos paumes vers le bas, cela vous aide à communiquer de manière plus claire et plus succincte - et presque à baisser le ton de votre voix lorsque vous parlez. Lorsque vous faites cela, vous êtes plus calme et vous avez presque plus d’autorité lorsque vous parlez. »

En 2023, Schmitz a eu tout de même des Grands Prix moins compliqués, du moins pour Max Verstappen ! Le Néerlandais avait une telle avance que la stratégie était souvent évidente...

« Cette année 2023 a évidemment été incroyable. »

« Mais j’ai aussi apprécié toutes les années, toutes les saisons où j’ai travaillé ici... Pour un stratège, même quand vous n’êtes pas l’équipe qui gagne toujours, c’est toujours très intéressant. Nous avons toujours eu l’opportunité de gagner des courses chaque saison, et parfois, être l’outsider est toujours une façon de penser différente et excitante. »

Une femme en F1 : c’est pas si facile...

Hannah Schmitz n’est pas la seule stratège en F1. Rosie Wait chez Mercedes et Ruth Buscombe chez Alfa Romeo (aujourd’hui partie), ont aussi endossé cette responsabilité.

Cependant, poursuit Schmitz, pour parvenir à ces responsabilités, il a fallu briser un plafond de verre et faire démentir quelques préjugés… Même si les temps changent, enfin !

« Les gens sont fiers de montrer ce qu’ils font et d’encourager les femmes et les jeunes filles à étudier les sciences. Il y a tant de carrières passionnantes pour elles... Il y a tant de femmes incroyables dans le sport automobile. Je suis vraiment heureuse d’aider à représenter cela. »

« Mais il a été difficile d’être l’une des premières femmes à s’asseoir sur le muret des stands. Vous devez dire aux gens ce qu’ils doivent faire - ils doivent avoir confiance en ce que vous dites et avoir foi en vous. C’est probablement pour cette raison que cela a pris un peu plus de temps. Non pas à cause de quelque chose de personnel, mais plutôt à cause de la perception qu’ont les gens de la façon dont les femmes sont perçues – la façon dont ils pensent qu’elles peuvent faire face à ce genre d’environnement. »

« Je pense que c’était la principale préoccupation - savoir si vous seriez capable de faire face à la pression. »

« Les gens ont souvent l’impression que les femmes sont peut-être plus émotives. Je ne le suis pas du tout quand je suis sur le muret des stands, mais je peux l’être dans d’autres domaines de la vie. C’est une force. Et comme de plus en plus de femmes accèdent à des postes à responsabilité, nous pouvons montrer à quel point c’est une force. L’empathie est très importante et c’est un trait de caractère très précieux pour un dirigeant. »

« Il faut agir d’une certaine manière pour arriver à ses fins et pour que les gens vous respectent, mais je pense qu’il est également très important de toujours rester fidèle à soi-même. »

« Mais je pense que c’est l’essentiel : ne pas s’inquiéter de ce que pensent les autres. Croyez en vous. »