Pour la première fois, Lowe évoque son échec chez Williams F1 et tacle la gestion de Claire

Un entretien vérité mais prudent

Par Alexandre C.

28 avril 2021 - 16:03
Pour la première fois, Lowe évoque (...)

Autant Paddy Lowe connut un succès immense chez Mercedes de 2014 à 2016, en tant que directeur technique, autant son expérience chez Williams, au même poste, commencée en 2017, fut un échec cataclysmique. L’équipe de Grove endura sûrement ses saisons les plus difficiles de son histoire durant les « années Lowe » (à partir de 2018, première voiture produite sous l’ère Lowe).

En 2019, la Williams ne fut même pas prête à temps pour les essais de Barcelone, et la saison fut un désastre absolu. Paddy Lowe quitta l’écurie (son licenciement étant déguisé sous la forme d’un congé personnel de longue durée) après le camouflet de Barcelone.

Pour la première fois, Lowe est revenu sur cet échec au micro du podcast "Beyond the Grid", pour la FOM. A-t-il de l’aigreur d’avoir été le bouc émissaire, alors que Claire Williams était restée à la tête de l’équipe ? Sans accuser quiconque personnellement, Lowe estime qu’il ne pouvait pas « faire de miracles » dans une structure dépassée, aux finances exsangues ; ainsi l’échec de Williams serait non le sien, mais celui de la gestion globale de l’équipe.

« C’est une période sur laquelle je n’aime pas vraiment m’attarder, pour être honnête, parce que pendant tout ce temps en F1, j’ai aimé chaque année, toutes pour des raisons différentes, et d’une certaine manière, c’était de mieux en mieux. »

« Ces deux années chez Williams, je ne les ai pas appréciées, pour être honnête. C’était un travail très dur, sans aucune récompense. Et oui, je pense que moins on en dit, mieux c’est, pour être honnête. »

« Tout ce que je dirais, c’est que la Formule 1 est un sport où on est très impatient, personne n’est patient en Formule 1. Et pourtant, c’est une compétition incroyablement difficile. C’est sans doute la compétition la plus difficile sur Terre, et cela signifie que si vous ratez votre tour, et certainement si vous ne faites pas les bonnes choses pendant une longue période de temps, vous ne pouvez pas vous attendre à récupérer le temps perdu du jour au lendemain. »

« Je suis bon dans beaucoup de domaines, et je pense l’avoir prouvé dans un certain nombre de choses, mais je ne peux pas faire de miracles, et certainement pas de miracles en ce qui concerne le temps. »

« Je vais vous donner un bon exemple : la base d’une équipe gagnante, ce sont les gens. Or, les meilleurs éléments de la Formule 1 ne veulent généralement pas aller travailler pour une équipe qui ne semble pas en grande forme. Donc, il est déjà difficile d’embaucher les meilleures personnes. Et si vous y parvenez, ils sont généralement soumis à de très longues périodes de préavis. »

« Même lorsqu’ils arrivent, il leur faudra un an, deux ou trois ans pour avoir un impact quelconque sur l’infrastructure, car la voiture que vous produisez, et ses performances, sont fonction de votre organisation - personnel, équipement, technologie, logiciels, toutes vos connaissances déployées dans ce produit. »

« Ainsi, si vous avez une voiture lente, ce n’est pas parce que vous avez une voiture lente, mais parce que vous avez une organisation qui fabrique des voitures lentes. »

« Vous devez réparer l’organisation et c’est un long, long processus. »

Pour Lowe, le mal de Williams remontait à bien plus loin que 2018... au moment de la prise de fonctions de Claire Williams, quelques années plus tôt ?

« Lorsque l’organisation commence à s’égarer parce qu’elle n’a pas fait les bons investissements ou pris les bonnes décisions, elle ne fait pas instantanément de mauvaises voitures. »

« C’est pourquoi c’est très difficile lorsque votre équipe a perdu cette capacité à comprendre combien il est difficile de gagner, à quel point c’est un processus long et crucial parce que cela prend beaucoup de temps, les conséquences mettent beaucoup de temps à se matérialiser »

Lowe voit-il aujourd’hui un avenir meilleur pour Williams, sous la houlette de Dorilton Capital, de Jost Capito et de Simon Roberts ?

« Je souhaite à Williams un avenir meilleur avec ses nouveaux propriétaires, c’est formidable qu’ils aient des propriétaires qui ont des fonds parce qu’au final, vous avez besoin de fonds pour tout cela. »

« Pendant que j’étais dans l’équipe, j’ai regardé cette spirale négative empirer et empirer encore, et c’est en fait assez pénible parce que vous comprenez qu’il n’y a pas de dénouement possible à part de dire : ça va échouer. »

« Je suis très heureux que l’équipe ait été vendue à un prix raisonnable, et que Claire et ses frères repartent avec quelque chose pour travailler à partir de ce que la famille a accompli au fil des ans. Le nom est conservé. Et ils ont de nouveaux investisseurs qui auront les fonds nécessaires pour aller de l’avant et renverser la spirale dans l’autre sens. »

« Ce sera un long processus et les gens qui sont patients y arriveront. »

Sur son successeur, François-Xavier Demaison, nommé comme directeur technique (après une longue vacance de ce poste), Lowe est aussi élogieux. Mais regrette que Claire Williams n’ait pas pris cette décision de nommer un directeur technique plus tôt.

« J’étais content parce que c’est ce qu’ils avaient besoin de faire depuis longtemps. »

« Et pour être honnête, ils auraient dû le faire plus tôt, pour toutes sortes de raisons, qui n’ont rien à voir avec les individus. »

« L’équipe a été dans une spirale très négative du point de vue du financement. »

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