Pirelli : Isola explique la réelle raison des crevaisons à Bakou
Le problème ne se présentera plus l’an prochain
Pirelli a tenu une conférence de presse exceptionnelle ce jeudi soir au Paul Ricard, en marge du Grand Prix de France, pour expliquer en détail les raisons des crevaisons de Max Verstappen et Lance Stroll à Bakou.
Le fait que les équipes aient respecté les consignes mais que les pneus aient lâché est largement compatible selon Mario Isola, le directeur de Pirelli en F1, qui dédouane Red Bull et Aston Martin F1. En effet, le manufacturier donne des prescriptions de pression et de carrossage à l’arrêt, et doit calculer ce qui, selon lui, sera la limite lors du roulage.
Un calcul qui a été fait avant Bakou, réhaussé pour le samedi, mais qui avait manifestement sous-estimé la performance des monoplaces et les contraintes sur les gommes. Le problème ne se présentera plus l’an prochain, car Pirelli aura accès aux capteurs des pneumatiques à tout moment des Grands Prix.
"Nous n’avons pas dit que les équipes avaient fait quelque chose qui était interdit par le règlement" a expliqué Isola à plusieurs médias dont Nextgen-Auto.com. "Le système actuel impose des paramètres, les pressions au départ, la température maximale des couvertures, et le carrossage maximal en bout de ligne droite."
"Ces choses sont facilement vérifiables. Idéalement, il serait mieux de surveiller les paramètres de roulage, à savoir les pressions, la vitesse, les charges et le carrossage, et certains de ces paramètres ne peuvent pas être surveillés, car nous n’en avons pas les moyens."
"L’an prochain, avec les pneus de 18 pouces, nous aurons des capteurs standards pour toutes les voitures et contrôlés par la FIA. Dans ce cas, on pourra connaître les pressions lors du roulage. Actuellement, chaque équipe monte des capteurs différents qu’elle exploite, et nous ne pouvons pas surveiller les pressions constantes de roulage. Ce n’est pas que l’on ne veut pas le faire, c’est qu’on ne peut pas."
"Quand nous préparons nos recommandations, elles sont basées sur des calculs que nous faisons pour utiliser les pneus dans les paramètres corrects. Chaque partie de voiture doit être utilisée dans un bon paramètre, et les pneus ne font pas exception."
"Ce qui s’est passé à Bakou, c’est que les conditions de roulage ont dépassé ce que l’on attendait, et ont créé les crevaisons. Quand il y a beaucoup d’énergie et que les pressions sont moins importantes que prévu, il y a ce qu’on appelle des ondes stationnaires sur le bord du pneu. Ces ondes stationnaires mettent beaucoup d’énergie sur l’épaule du pneu et à un certain moment, le pneu lâche."
Pirelli renforce ses contrôles et va mieux évaluer les performances
Il confirme que les performances des équipes, supérieures à ce qu’avait calculé Pirelli, ont rendu les recommandations du manufacturier caduques, car les contraintes sur les pneus étaient trop importantes.
"On établit des conditions de roulage. On définit une pression de départ, et nous estimons qu’à une certaine pression, avec un carrossage, et en comptant des écarts, on fixe des limites qu’il ne faut pas dépasser."
"Mais les équipes cherchaient de la performance et ça a créé un scénario différent de ce que l’on attendait. Ce n’était pas dû qu’aux faibles pressions, mais ça a créé les crevaisons."
Pour le GP de France, Pirelli a demandé aux équipes de relever les pressions pour être sûr que les incidents ne se reproduisent pas. A défaut de pouvoir surveiller les pressions en roulage, Isola veut que les protocoles de recommandation soient le plus robuste possible.
"Il est nécessaire d’avoir un système qui, si on ne vérifie pas les pressions lors du roulage, soit plus solide, avec plus de vérifications et des moyens de vérifier deux fois les mêmes paramètres avant l’usage et après. On doit vérifier les pressions à froid et à chaud, c’est ce qui doit se produire."
"La raison pour laquelle nous avons dû augmenter les pressions, c’est simplement parce qu’avec le système que nous avons, nous ne contrôlons pas les pressions de roulage. Nous devons donc monter celles du départ pour être sûrs d’atteindre les valeurs que nous voulons."
Rétablir la confiance des pilotes et des équipes
Max Verstappen a forcément rejeté la faute sur le manufacturier, jugeant que son équipe avait respecté les recommandations. Et Isola confirme d’ailleurs que ni Red Bull, ni Aston Martin F1, ne roulaient sous les pressions recommandées par Pirelli.
"J’ai entendu ce qu’a dit Max, je comprends qu’il soit énervé avec ce qui s’est passé à Bakou, et je suis disponible pour donner toutes les réponses. Je participerai au briefing des pilotes demain pour répondre à leurs questions et clarifier ce qui ne peut pas l’être au travers des communiqués de presse."
"Nous préférons clarifier l’incident, et expliquer le résultat de notre enquête et nos solutions. Les pilotes peuvent demander des clarifications et je suis heureux de leur répondre, la sécurité est une priorité pour tous et personne n’aime voir un pneu exploser comme ça."
"Nous avons décidé que je participerais au briefing des pilotes car ils sont tous là-bas, et on pourra en discuter s’ils le veulent après le briefing. Ils m’ont proposé cela et j’ai accepté, il n’y a pas eu de boycott ou autre."
Pirelli n’a pas pu développer ses propres capteurs
Interrogé sur les raisons pour lesquelles Pirelli n’a pas développé ses propres capteurs plus tôt, Isola explique que le problème est plutôt récent et qu’il était impossible, compte tenu des évolutions règlementaires, de le faire avant.
"Les équipes partent de capteurs disponibles sur le marché que les équipes personnalisent. Ce n’est pas régulé par la FIA. On devait avoir un capteur standard cette année avec le nouveau règlement mais tout a été retardé d’une année à cause de la pandémie de Covid-19."
"Nous n’allions pas développer des capteurs pour une seule année avant le passage aux roues de 18 pouces car cela signifie développer des capteurs, mais aussi tous les systèmes qui vont avec."
La question se pose de savoir pourquoi les crevaisons sont arrivées à Bakou, un circuit qui est moins rude pour les pneus que ne peuvent l’être Portimão voire Imola. Mais Isola explique que les problèmes peuvent survenir face au rapport entre les contraintes sur la gomme, et les prescriptions de Pirelli.
"A chaque fois que nous donnons nos recommandations, elles sont basées sur le circuit. Ce n’est pas lié au type de circuit car si le circuit est plus sévère, nous augmentons la pression ou réduisons le carrossage, nous faisons des calculs."
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