Pirelli détaille les nouveaux pneus F1 et répond aux critiques

Les critiques contre Pirelli sont-elles justifiées ?

Par Alexandre C.

8 juillet 2023 - 08:08

C’est à Silverstone que Pirelli introduit une nouvelle construction pneumatique, afin de faire à la progression, plus importante qu’attendue, de l’appui aérodynamique cette année.

Certaines équipes, comme Red Bull, pourraient craindre que la nouvelle construction, plus résistante, favorise des équipes qui avaient du mal avec l’usure des pneus, comme Ferrari ou Haas.

Mario Isola, dans le paddock de Silverstone, a pourtant assuré qu’il n’y aurait pas de différence réelle par rapport à la précédente construction. Le pneu ne serait pas non plus davantage performant.

« Ce qui est nouveau, c’est simplement le matériau que nous voulions introduire en 2024 - mais en regardant la performance des voitures, nous avons décidé d’anticiper son introduction. »

« Et les premières sessions d’essais libres ont été conformes à nos attentes - n’oubliez pas que les pilotes ont déjà testé les pneus à Barcelone et que les réactions ont été bonnes. »

« Quand je dis bonnes, je veux dire qu’ils n’ont pas senti de différence par rapport à la construction précédente. Les EL2 nous ont permis d’en apprendre davantage - mais je ne m’attends pas à quelque chose d’étrange par rapport à la construction précédente. »

Des critiques pleuvent pourtant sur le poids de ces nouveaux Pirelli : des pilotes (comme George Russell) ont assuréqu’ils pèseraient jusqu’à un kilo de plus, ce qu’a démenti Pirelli.

Mais Mario Isola a tout de même confirmé une réelle différence de poids. Le poids minimum des F1 a-t-il évolué en conséquence ?

« Oui, ces pneus sont plus lourds. L’un des jeux pèse 400 g de plus que les précédents, donc je pense que cela ne fait pas une grande différence. Évidemment, nous avons déjà informé la FIA il y a un certain temps sur le nouveau poids. Il a été décidé de conserver le même poids minimum pour les voitures. Ce n’est pas notre décision : nous leur avons simplement dit quelle était la différence de poids moyen. »

« Les pneus peuvent être légèrement différents, parce que sur le poids, nous avons une tolérance de 100g, donc clairement si vous avez tous les pneus à la limite de poids : ils peuvent être 600g plus lourds que la construction précédente, ou 650g. Mais d’autres trains sont légèrement plus légers. C’est donc toujours comme ça. C’était toujours comme ça dans le passé, c’est aussi comme ça aujourd’hui. »

Pirelli a-t-elle intérêt à continuer en F1 ?

Critiques sur la nouvelle construction des pneus, critiques aussi sur les pneus sans couvertures chauffantes prévus pour l’an prochain... Pirelli n’a pas la vie facile en F1.

Cela va certes mieux que par le passé : il faut se souvenir qu’il y a dix ans, toujours à Silverstone, Pirelli avait fait face à une grave crise avec la série de délaminations de pneus.

Mais tout de même : l’image de Pirelli sort-elle grandie de son passage en F1 ? Alors que Bridgestone concourt à l’appel d’offres pour remplacer Pirelli à partir de 2025, Mario Isola est-il prêt à rempiler pour faire face aux critiques ? Sont-elles justes alors que Pirelli a si peu de jours d’essais pneus par an ?

« Il est tout à fait normal, lorsqu’on est le seul fournisseur, de faire face à certaines critiques. Ce que je dis toujours, c’est que si la critique est bonne, ou qu’elle vise à améliorer les choses, elle est toujours plus que bienvenue. Je comprends que les pilotes ne soient pas toujours satisfaits des performances ou du comportement des pneus. »

« Mais parfois aussi, il y a des situations étranges. Par exemple, l’année dernière, nous avons eu la première année avec les nouvelles voitures et les nouveaux pneus de 18 pouces et je me souviens que tous les pilotes étaient heureux. Ils disaient : "Enfin, nous n’avons plus de surchauffe, nous pouvons attaquer" et nous avons eu beaucoup de courses avec beaucoup d’action sur la piste. Et cette année, ils reviennent en critiquant la surchauffe. Et nous avons les mêmes pneus que l’année dernière. »

« Je suppose donc qu’il est possible qu’il y ait quelque chose d’autre ? Nous devrions toujours prendre en compte l’aérodynamique, et pas seulement les pneus, car les pneus fonctionnent sur une voiture qui est fabriquée selon un certain règlement. »

« Nous pouvons nous améliorer, évidemment, mais nous avons des contraintes, nous devons développer un pneu capable de fonctionner sans couvertures. Nous nous concentrons donc sur ce point. Si nous devons travailler sur un pneu avec moins de surchauffe, c’est une autre direction. Nous pouvons le faire. Nous sommes heureux de le faire. Mais nous devons nous mettre d’accord sur une direction unique. »

« Parce qu’avec 25 jours d’essais par an, on ne peut pas tout faire. Il y a de nombreuses contraintes qui sont plus que compréhensibles parce que nous participons à 22 courses cette année, 24 l’année prochaine, le calendrier est très chargé. Nous ne pouvons pas demander aux équipes de faire plus que ce qu’elles font en ce moment, parce que je comprends les efforts qu’elles font pour nous donner la voiture pour les essais. Mais c’est encore assez limité. »

« Je suis content de la situation par rapport au passé, mais nous restons limités et nous essayons de faire de notre mieux. Critiquer le pneu parfois, c’est facile, mais je veux dire, j’écoute les pilotes parce qu’ils sont les héros de notre sport et ils doivent être heureux, mais ce n’est pas toujours facile de les rendre heureux. »