Officiel : La FIA prend des mesures après l’incident de Suzuka
Le rapport d’incident détaille les dysfonctionnements
La FIA a publié un rapport complet sur l’incident survenu à Suzuka, lorsque Pierre Gasly est passé à côté d’une grue envoyée en piste sous une pluie battante, et dans des conditions déplorables.
Tout d’abord, la fédération explique le processus mis en place et les acteurs de ces réflexions, à commencer par les pilotes eux-mêmes, le président de la FIA, ou encore des représentants de la fédération.
"Les conclusions d’un examen approfondi par la FIA des incidents survenus lors du Grand Prix du Japon 2022 au circuit de Suzuka ont déterminé qu’un certain nombre de recommandations procédurales seront mises en œuvre" peut-on lire dans le communiqué.
"La révision est basée sur le processus de réflexion critique de la FIA, une lettre de l’Association des pilotes de Grand Prix (GPDA) et des discussions entre le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, et un certain nombre de pilotes, dont George Russell, directeur du GPDA, et Pierre Gasly, qui ont exprimé leurs inquiétudes quant aux incidents survenus sur la piste lors de la course de Suzuka, fortement touchée par la pluie."
"D’un point de vue opérationnel, la révision a été initiée par le Centre des opérations à distance (ROC) de la FIA à Genève, immédiatement après une série d’incidents survenus au deuxième tour du Grand Prix. Le ROC, mis en place pour la saison 2022, fournit une assistance sur les questions de procédure, de sport et de réglementation au contrôle de la course pendant les week-ends de course."
"Le comité de révision était composé de représentants de plusieurs départements de la FIA, dont le contrôle de la course, le ROC, la sécurité, les opérations et la technique. Le processus a été supervisé par le président adjoint de la FIA pour le sport, Robert Reid, qui était présent à Suzuka. Le ROC a recréé une chronologie complète des incidents à partir des vidéos et des données capturées (consulter le rapport complet en photos en PDF ici).
"Les conditions de piste humide et la visibilité des pilotes ont été prises en compte par le personnel de contrôle de course de Suzuka et le ROC pour parvenir à leurs conclusions. Une longue étude des séquences vidéo, de la télémétrie du contrôle de la course et des données a été entreprise."
"Le comportement des pilotes et les performances des commissaires de circuit et des opérateurs de véhicules de dépannage ont également été évalués. Les conclusions de cette étude ont conduit à l’adoption d’un certain nombre de mesures pour l’avenir."
"La FIA s’engage à améliorer et à analyser en permanence les situations telles que celle qui s’est produite à Suzuka afin de les éviter ou du moins de les atténuer en toute sécurité."
Comment cette situation s’est produite
La FIA a publié dans son rapport les causes de l’incident, qui ont mené à cette confusion et aux risques colossaux pris par Gasly, mais aussi par les pilotes ayant suivi la Safety Car et n’ayant pas vu la grue en piste.
Le fait que la piste n’ait pas été parcourue par les pilotes pendant une demi-heure avant le départ est aussi pris en compte dans la problématique, car les conditions n’étaient pas idéales par rapport à celles des tours de mise en grille.
"Bien qu’il pleuvait, les conditions étaient suffisamment bonnes pour que le départ de la course soit donné à l’heure. Toutes les équipes ont pris le départ en pneus intermédiaires après des tours de reconnaissance de la grille, mais une pluie plus forte au moment du départ a rendu plus difficile le contrôle de la voiture en pneus intermédiaires après le départ."
Dans sa partie "Déploiement des véhicules de dépannage et des commissaires", la FIA explique ensuite que le règlement a été suivi au pied de la lettre après que l’accident de Carlos Sainz a eu lieu, notamment dans le timing du déploiement de la Safety Car.
"L’examen a conclu que toutes les procédures de course de la FIA ont été suivies. Après l’incident impliquant la Ferrari de Carlos Sainz au virage 12, la piste a été neutralisée par la voiture de sécurité avant que des commissaires et des véhicules de dépannage ne soient déployés sur la piste."
"La révision a permis de noter que dans de telles conditions, un véhicule de récupération ne devrait pas être déployé à moins que toutes les voitures soient regroupées derrière la voiture de sécurité."
"En outre, les commissaires et les véhicules de récupération ne seraient déployés que lorsque les voitures sont en piste (périodes de Safety Car), lorsque les conditions météorologiques et l’emplacement des voitures à récupérer permettent une intervention rapide et sûre."
Une erreur pour repérer Gasly
La FIA a lancé ses procédures en temps et en heure, mais aucun des commissaires de course, ni le directeur Eduardo Freitas ou son adjoint, n’ont pris en compte le fait que Gasly était passé par les stands, et n’était donc pas derrière le peloton. Une erreur manifeste puisque le tracking des voitures apparait dans la salle de contrôle.
"Compte tenu de l’état de la piste et de la visibilité globale pour les pilotes, les commissaires et le personnel de dépannage à ce moment-là, d’abord sous voiture de sécurité puis sous drapeau rouge, et alors que les efforts étaient concentrés sur le dépannage en toute sécurité, l’AlphaTauri de Pierre Gasly dans la voie des stands n’a pas été immédiatement détectée."
"Le contrôle de la course ne surveille pas nécessairement toutes les voitures qui peuvent ravitailler pendant les périodes de voiture de sécurité, car ils sont plus préoccupés par toute zone contenant un incident et la neutralisation du champ derrière la voiture de sécurité."
"Après son arrêt au stand, Gasly a repris la piste et a roulé jusqu’à son temps delta de Safety Car dans le but de rattraper le peloton. Lorsqu’il a atteint l’incident au virage 12 pour la deuxième fois, les commissaires travaillaient avec une grue sur la piste."
Une erreur au moment de déployer la grue
Le comité chargé de réviser ces incidents a reconnu qu’envoyer la grue en piste dans ces conditions était une erreur, et que cela n’aurait jamais dû arriver. La FIA fait évidemment référence à l’accident de Jules Bianchi en 2014, mais l’emplacement des grues pour récupérer les voitures de Sainz et Alex Albon était en réalité plus dangereux.
"Bien qu’il soit courant de déployer des véhicules de dépannage une fois que la course a été neutralisée, le comité d’examen s’est demandé si l’entrée en piste du véhicule de dépannage à Suzuka pour récupérer la Ferrari de Carlos Sainz était prématurée étant donné les conditions qui prévalaient."
"Le comité d’examen a reconnu que la présence de grues de dépannage sur la piste de Suzuka dans ces conditions météorologiques est une question sensible au vu des incidents tragiques survenus dans le passé. Le panel a déterminé qu’avec le recul, alors que les conditions météorologiques changeaient, il aurait été prudent de retarder le déploiement des véhicules de récupération sur la piste.
"Il a été reconnu que tous les efforts doivent être faits pour effectuer une récupération efficace et sûre des voitures. Une période de récupération plus longue, dans des conditions telles que celles qui ont prévalu à Suzuka, peut entraîner une suspension de la course."
"Il a également été reconnu que lorsque la voiture de sécurité est utilisée pour neutraliser une course, la FIA a un contrôle sur les voitures situées directement derrière la voiture de sécurité, mais qu’elle n’a pas un contrôle suffisant sur les voitures qui se trouvent ailleurs sur la piste."
Le tort de Gasly rappelé, d’autres problèmes soulevés
Dans son chapitre "Obligations des pilotes", la fédération rappelle que Gasly a commis une erreur en roulant trop vite, à la fois en passant devant la grue, mais surtout dans la fin du circuit, lors de sa rentrée aux stands.
"Il a également été reconnu que, conformément aux règlements applicables, les pilotes ont l’obligation de limiter leur vitesse en conséquence sous drapeau jaune, voiture de sécurité et drapeau rouge. Les pilotes sont en outre tenus de faire preuve de bon sens à tout moment."
"Dans le cas de Gasly, les données ont montré que, dans un effort pour réduire le delta de temps avec la voiture de sécurité, il a roulé à des vitesses supérieures à 200 km/h avant le lieu de l’incident de Sainz, et après avoir dépassé la Ferrari de Sainz sous un drapeau rouge. Il convient de noter qu’après l’événement, il a exprimé ses regrets lors d’une audition des commissaires qui a abouti à une pénalité."
L’interrogation autour des pneus se poursuit, quant à l’efficacité des gommes full wet : "La performance des pneus actuels pour temps de pluie dans des conditions extrêmes a été discutée. L’analyse des performances des pneus par temps de pluie est en cours entre le département technique de la FIA et le fabricant officiel de pneus."
La FIA va aussi se pencher sur la présence de panneaux publicitaires possiblement dangereux en bord de piste, puisque Gasly a roulé sur l’un d’entre eux : "La question de la fixation des panneaux publicitaires, de leur construction, de leur emplacement et des matériaux utilisés est constamment examinée par la Commission des circuits."
Comme en 2014, le problème de l’aquaplaning à Suzuka est soulevé, puisque les pertes de contrôle soudaines y sont très nombreuses : "Des discussions sont en cours entre la FIA et les organisateurs du circuit concernant l’amélioration du drainage du circuit de Suzuka."
Quelles mesures vont être mises en place ?
Après toutes ces vérifications et ces réflexions, la FIA et ses responsables ont travaillé sur une série de mesures, qui seront toutes applicables dès le Grand Prix des Etats-Unis ce week-end à Austin, afin d’assurer la sécurité des pilotes.
Ainsi, voici les mesures prises par la FIA :
- Information des équipes au moyen d’un message via le système de messagerie officiel et communiqué via le système d’interphone de la FIA pour avertir les équipes qu’un véhicule de dépannage est en piste avec l’obligation pour les équipes d’informer leurs pilotes.
— Développement d’une fenêtre de surveillance VSC/SC en direct pour afficher le statut de toutes les voitures, sur la piste, derrière SC, dans les PITS, à utiliser par le Contrôle de Course et le ROC.
— Mise à jour de la procédure de contrôle de la course afin de mieux définir la répartition des tâches au sein de l’équipe de contrôle de la course (y compris la délégation des tâches de surveillance au ROC, le cas échéant) dans le cadre de la procédure de SC ou VSC.
— En relation spécifique avec cette révision, la délégation de la surveillance des voitures entrant dans la voie des stands dans des conditions de SC et la longueur conséquente du train derrière la SC.
— Le directeur de course de la FIA fera le point sur les incidents de Suzuka lors du briefing des pilotes du Grand Prix des États-Unis afin d’expliquer les solutions que la FIA prévoit d’introduire pour éviter que la situation ne se reproduise à l’avenir et pour rappeler aux pilotes les règles relatives aux voitures de sécurité et aux drapeaux rouges.
— VSC dynamique : mise en œuvre d’une nouvelle fonction qui modifierait la vitesse delta que le pilote doit suivre avant et dans les secteurs où il y a un incident, ce qui aiderait les pilotes à savoir où les incidents ont été déclarés.
— En collaboration avec les équipes, une révision des précédents de pénalités pour les pilotes ne respectant pas les règles relatives aux conditions Jaune, Double Jaune, VSC et SC aura lieu.
— Évaluation de l’application actuelle des panneaux publicitaires, de leur construction, de leur emplacement et des matériaux utilisés pour éviter qu’ils ne soient arrachés et jetés sur la piste.
D’autres décisions complémentaires : Freitas écarté, le barème de points clarifié
Par ailleurs, d’autres mesures complémentaires vont s’appliquer, à commencer par une meilleure constance dans la nomination des directeurs de course. Eduardo Freitas est écarté, alors qu’il jouait le rôle d’adjoint de Niels Wittich jusqu’ici, et c’est ce dernier qui officiera comme directeur de course lors des quatre courses restantes.
"Pour les courses restantes de la saison 2022 de Formule 1, la FIA n’utilisera pas le système de rotation du rôle de directeur de course. À partir du Grand Prix des États-Unis à Austin et des courses suivantes au Mexique, au Brésil et à Abu Dhabi, Niels Wittich assumera le poste de directeur de course avec le soutien du personnel du contrôle de course."
Enfin, le flou autour de l’attribution des points de la course à cause du fait que celle-ci aie été à son terme a aussi fait l’objet d’une enquête. Grâce à une employée de la FIA, la règle a été parfaitement appliquée, mais la FIA éclaircira quelques points dans le futur.
"Lors du Grand Prix du Japon, l’Article 6.5 du Règlement Sportif de la Formule 1, qui traite de la limite de temps de course et de la distribution des points, a été appliqué correctement. Cependant, la formulation du Règlement sera revue afin d’apporter plus de clarté lors de la prochaine révision du Règlement Sportif."
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