Newey : La F1 n’est plus l’industrie la mieux payée

Des conséquences du plafond budgétaire

Par Emmanuel Touzot

1er février 2025 - 18:06

La F1 pourrait-elle se diriger vers une crise des salaires ? Après les déclarations fracassantes d’un ancien ingénieur au sujet des salaires faibles en Formule 1 (à lire ici), c’est Adrian Newey, le nouveau directeur technique d’Aston Martin F1, qui tire la sonnette d’alarme.

Selon lui, cette conséquence inattendue du plafond budgétaire en Formule 1 pourrait niveler l’ingénierie par le bas, car les ingénieurs iraient ailleurs, où le salaire est meilleur. Et avec des rémunérations en baisse, les équipes ne pourront pas non plus viser des diplômés pour faire des remplacements.

"Je suis tout à fait d’accord avec le plafonnement des coûts. Il doit y avoir un moyen de contrôler les coûts pour les équipes ou, en tout cas, les avantages qu’il y a à dépenser plus en Formule 1 pour que ce ne soit pas simplement une course à l’armement où l’équipe qui a le plus gros budget gagne" a déclaré Newey à Auto Motor und Sport.

"Cependant, le plafond budgétaire s’accompagne de nombreuses pénalités cachées, l’une d’entre elles étant que la Formule 1 n’est plus l’industrie la mieux payée. Par exemple, chez Red Bull, au début, si nous perdions des employés, c’était presque invariablement au profit d’une autre écurie de F1."

"Aujourd’hui, nous perdons des employés au profit d’entreprises technologiques parce qu’ils sont mieux payés. Nous perdons des gens au profit d’équipes du WEC parce qu’ils sont mieux payés."

"Nous avons du mal à recruter des diplômés parce que la Formule 1 ne peut plus se permettre d’être l’industrie la mieux payée, ce qui entraîne de nombreuses pénalités, disons, inattendues."

"Mais ce que cela signifie, c’est que vous disposez désormais d’un budget d’ingénierie et que la crainte de disparaître en dépensant plus a théoriquement disparu, ce qui vous permet de libérer les règlements au lieu de les rendre de plus en plus restrictifs. Mais malheureusement, ce n’est pas ce qui se passe."

Newey connaitra une nouvelle réglementation en 2026, lui qui est en Formule 1 depuis la fin des années 80. Interrogé sur son règlement préféré, il donne rapidement un critère crucial : "Ceux qui ont le plus de liberté, c’est facile !"

"Quand j’ai commencé à travailler en Formule 1, j’avais sur mon bureau un exemplaire du règlement technique de 1973, qui faisait trois ou quatre pages. Maintenant, nous avons cette bible, et ce, avant même que toutes les directives techniques ne soient entrées en vigueur ! C’est vraiment prescrit maintenant, et je pense que c’est dommage."