Mercedes F1 : Développer un pilote ’n’est pas un projet à court terme’
Lagrue explique un processus souvent long et coûteux
Responsable de l’académie Mercedes F1 et de ses jeunes pilotes, Gwen Lagrue a de beaux résultats à son actif, ayant encadré les carrières de pilotes comme Esteban Ocon ou George Russell.
Il explique comment il envisage son propre rôle et le lien avec les pilotes, ce qui peut avoir son importance au moment où l’équipe va devoir trouver un remplaçant à Lewis Hamilton pour 2025. Mais développer un pilote n’est pas un projet à court terme pour Mercedes F1.
"Je ne sais pas pour les autres, je sais ce que nous faisons" a déclaré Lagrue à The Race. "Je ne choisis pas beaucoup de pilotes. Nous prenons le temps nécessaire pour les soutenir et les guider, ce n’est pas un projet à court terme."
"Et habituellement, lorsque nous signons avec un pilote, nous essayons de lui apporter le soutien nécessaire et de l’amener au plus haut niveau. Nous espérons que ce sera la F1, mais nous nous assurons au moins qu’ils auront une carrière."
Le Français a particulièrement fait des efforts pour entourer Russell comme il le fallait, ayant rapidement décelé un grand talent en le pilote britannique avant même d’avoir un lien avec Mercedes.
"Je l’ai connu en karting. J’ai également assisté à ses débuts en monoplace. Et surtout je me souviens, parce que j’ai organisé et aidé une participation en Formula Renault Eurocup pour lui."
C’est par l’intermédiaire de l’équipe Tech1, gérée par son ami Simon Abadie, que Lagrue a pu faire un test avec Russell pour évaluer le jeune pilote, qui a immédiatement fait ses preuves.
"J’ai dit ’tu devrais faire entrer George Russell’. Et Abadie devait aussi montrer que l’équipe était encore forte, etc. Il a été facile de le convaincre et je pense que cela a changé la donne pour l’équipe et pour George. Il est arrivé et a tout déchiré."
"J’ai toujours eu confiance" en Russell
A l’époque, Lagrue n’avait pas encore rejoint Mercedes, chez qui il est arrivé en janvier 2016, et il était chez Lotus. Le problème était que son équipe n’avait aucune chance de faire venir Russell dans son académie.
"Non, non. Parce que nous avions déjà des difficultés avec les pilotes que nous avions à l’époque, et avec le budget. Ce n’est pas que nous en avions trop, mais je ne pouvais pas me permettre d’en avoir un de plus à ce moment-là."
Lorsque Lagrue est arrivé à Brackley, il suivait toujours Russell, qui était un peu plus en difficulté en F3, ce qui n’empêchait pas le Français de croire en lui : "J’en étais toujours convaincu. Il avait juste besoin d’être dans le bon environnement."
"Nous avons donc réussi à le convaincre de ne pas abandonner la monoplace, de signer avec nous et de faire du GP3. C’était un peu un pas de côté. Mais pour lui redonner confiance et lui montrer qu’avec le bon package, il pouvait devenir le vainqueur que nous croyions qu’il était."
"Il pilote maintenant chez lui, chez Mercedes. Espérons qu’il connaîtra de nombreuses années de succès, nous devons être un peu plus forts que nous ne le sommes aujourd’hui, nous y travaillons. Et j’espère qu’il ramènera quelques titres à la maison."
Lagrue a vite eu confiance en Albon
Lagrue a aussi récupéré Alex Albon lorsqu’il était chez Lotus, après que le Thaïlandais avait été écarté par Red Bull. Albon n’avait qu’une saison de monoplace comme expérience, et celle-ci s’était faite chez EPIC Racing, un team qui a fermé quelques mois plus tard.
"Il était disponible. Je le connaissais aussi depuis le karting, et j’étais à nouveau certain que ce garçon était bon, et il s’agissait juste d’essayer de le soutenir, de l’aider et de lui donner du temps. Il faut aussi se rappeler où il a commencé, dans quel environnement il a débuté."
"Il n’y avait pas de journées d’essais. Il était seul, dans une équipe qui était en faillite. Je l’ai transféré chez KTR parce que c’était la seule place disponible à ce moment-là. Et si vous vous souvenez, il a terminé troisième du championnat, avec une équipe qui n’était pas normalement au niveau de finir troisième."
"Il a donc fait fort, mais il était aussi très jeune. Et puis, il traversait une période difficile dans sa vie privée. Il faut donc tenir compte de tous ces aspects. Et cette situation, on peut la rencontrer avec n’importe quel pilote."
"Nous vivons avec eux depuis, disons, qu’ils ont 12 ans jusqu’à la vingtaine. Et nous vivons avec eux des milliers de situations différentes, avec leur famille, leurs petites amies. Ils vivent leur vie. On partage cela avec eux pendant qu’ils grandissent."
"Ils peuvent avoir une bonne saison, puis, par exemple, leurs parents divorcent, ce qui peut avoir un impact sur leurs performances, et c’est tout à fait normal. C’est tout à fait normal. Il peut aussi s’agir d’une rupture avec sa petite amie, ou de la perte d’un ami ou d’un proche."
"Cela les affecte, et vous devez y faire face, et vous devez être avec eux pendant cette période. Alex a donc connu une situation difficile, très difficile, dans sa vie privée, et nous l’avons aidé à traverser cette épreuve, qui a peut-être compromis une année ou 18 mois de sa carrière."
"Mais en fin de compte, il est maintenant en F1 et il montre à tout le monde qu’il fait aussi partie de cette fantastique génération qui est maintenant en Formule 1 et qui a couru ensemble en karting."
"S’assurer que nous aurons le prochain champion"
Après qu’Albon a quitté Lotus, Lagrue l’aidait en lui mettant à disposition des ressources de Mercedes, avec l’accord de Toto Wolff : "Nous parlons de l’époque où il courait en F3, F2, où il faisait du simulateur avec nous et où nous essayions de l’aider du mieux que nous pouvions."
"Lorsqu’il a signé à nouveau avec Red Bull, nous avons dû le libérer pour faire plaisir à M. Marko, et nous étions heureux de le faire, parce que nous ne pouvions pas lui offrir la même possibilité à ce moment-là."
Ce dénicheur de talent explique au final que les programmes jeunes pilotes sont faits pour trouver les futures pépites du sport automobile, et les garder dans l’équipe, mais certainement pas pour des raisons financières : "Si nous investissons, c’est aussi parce que nous ne le faisons pas pour gagner de l’argent."
"Mais nous investissons pour une raison. Et cette raison, dans notre cas, c’est d’avoir la prochaine superstar avec nous, et de nous assurer que nous aurons le prochain champion du monde avec nous. C’est ce que nous avons fait avec George et, je l’espère, ce que nous ferons avec nos prochains jeunes pilotes."
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