Même en sacrifiant 2021, Haas F1 peinera à revenir dans le milieu de grille en 2022
Komatsu veut ‘apprendre à marcher avant de d’apprendre à courir’
Haas n’a jamais fait mystère de ses plans de développement : compte tenu des ressources très limitées de l’équipe, il a été décidé de sacrifier la voiture de 2021 pour se concentrer sur celle de l’an prochain, pour le grand changement réglementaire de la F1. Ceci explique pourquoi Haas a la voiture la plus lente du plateau (bien qu’à la faveur de la course folle de Bakou, Haas soit repassée devant Williams au classement des constructeurs grâce à la 13e place de Mick Schumacher).
Pour le site officiel de la F1, Ayao Komatsu, ancien ingénieur de course de Romain Grosjean, et aujourd’hui ingénieur en chef de Haas, a évoqué cette situation forcément particulière cette année. Comment rester motivé quand on sait que sauf miracle, on ne pourra pas jouer les points ?
« Nous savions que cette année serait une année difficile, car nous avons dû arrêter notre programme l’année dernière à cause de la pandémie et parce que l’entreprise était dans une situation assez difficile. Cela signifie que le point de départ pour travailler sur la voiture de cette année a été très tardif. »
« Ce n’est pas comme si nous avions une voiture compétitive l’année dernière, donc nous nous sommes dits - ’OK, nous avons un grand changement de réglementation pour l’année prochaine. Si nous essayons de développer la voiture de cette année, nous pouvons améliorer les performances, mais pouvons-nous justifier l’impact que ce travail de développement cette année aura sur l’année prochaine ? Tout simplement non. Nous avons donc décidé de réduire nos pertes. Nous savons que cette année sera une année de transition, nous devons faire avec ce que nous avons, et tout mettre dans la voiture de l’année prochaine. »
En se concentrant à 100 % sur l’an prochain, Haas peut-elle espérer revenir au niveau de compétitivité de 2018 par exemple, en étant bien placée dans le milieu de grille ? Komatsu ne donne aucune garantie...
« Nous sommes encore en retard sur certains aspects pour l’année prochaine et ce, même si nous nous concentrons à 100% sur la voiture de l’année prochaine… Est-ce que cela nous replacera directement dans le milieu de grille ou pas ? Je ne pense pas que ce sera aussi facile. Nous partons d’une position compromise. »
« En tant que nouvelle équipe, en 2016 et 2017, nous avons fait des progrès constants et en 2018, nous avons terminé P5 au championnat. Donc tout le monde pensait que nous pouvions continuer à nous améliorer. Puis nous avons eu 2019, où nous sommes allés dans la mauvaise direction avec le développement et nous le payons vraiment. »
« Nous savions que cette année serait difficile, mais j’essaie de dire à tout le monde : "Que pouvons-nous faire de mieux ?". Chaque week-end, nous devons regarder ce que nous pouvons en tirer de positif. L’année dernière, nos arrêts aux stands n’étaient pas très bons - mais on peut essayer de les améliorer sans avoir besoin d’argent substantiel. Nous pouvons nous concentrer sur le travail avec deux nouveaux pilotes, en essayant de tirer le meilleur d’eux, en essayant de leur faire comprendre le comportement de la voiture, et en essayant d’améliorer ce que nous pouvons. »
Autre difficulté pour Haas cette année : le line-up est composé de rookies, avec Mick Schumacher et Nikita Mazepin. Voilà qui ne facilite pas le développement de la voiture de l’an prochain... Komatsu arrive-t-il à s’y faire cependant ?
« C’est un défi, mais dans le bon sens. Pour les deux, chaque week-end a quelque chose à leur apprendre. Si vous avez un pilote qui a régulièrement été sur le podium, ils s’attendent à ce que la voiture soit décente. Avoir cette voiture serait très frustrant. »
« Bien sûr, Mick et Nikita aimeraient avoir une meilleure voiture, mais ce n’est pas la fin du monde pour le moment. Ils se concentrent sur le fait de tirer le meilleur parti de la voiture. Ils n’ont pas de pression car ils ne sont pas sous les feux de la rampe, ils ne se battent pas pour des points ou des podiums. Ils peuvent se concentrer sur leur propre amélioration, sur l’apprentissage de la voiture, sur le déroulement d’une séance, sur l’étude des données et sur le travail des ingénieurs. »
En définitive, Gene Haas ne sera-t-il pas tenté d’arrêter les frais en 2022, si Haas ne développe pas une bonne voiture ? Komatsu sent-il la pression sur ses épaules ?
« Nous devons retrouver le niveau de compétitivité que nous avions en 2018. À travers la pandémie et les périodes difficiles, nous avons perdu des personnes, nous avons arrêté certains processus et nous avons reculé. Nous devons réévaluer notre situation cette année. C’est presque comme si nous commencions à construire une nouvelle équipe maintenant. »
« Nous avons des gens compétents, mais nous n’avons pas été capables de les utiliser de la bonne manière. Nous n’avons pas été en mesure de leur fournir les bons outils. Tous les nouveaux revenus seront affectés à cela, à la reconstruction de l’équipe. J’aimerais marcher avant de courir. Nous savons ce que nous aimerions faire. Nous ne sommes pas à court d’idées, c’est juste une question de priorité et de mise en place des ressources au bon endroit. »
« Nous sommes enthousiastes. Nous ne rêvons pas de pouvoir nous replacer soudainement dans le milieu de la grille. Mais en termes de tout ce qui se passe dans l’usine pour préparer l’année prochaine, c’est très excitant. »
Haas F1
Haas F1 : ’Des qualifications correctes’ mais un résultat décevant
Haas F1 peut être ’la cinquième’ force du plateau à Las Vegas
Haas F1 ’ne peut pas être confiante’ pour sa sixième place
Steiner cite un de ses plus grands regrets chez Haas F1
+ sur Haas F1