McLaren MP4-18 : retour sur un échec d’homologation

La voiture révolutionnaire n’avait pas passé le crash-test

Par Emmanuel Touzot

19 janvier 2020 - 16:17
McLaren MP4-18 : retour sur un échec (…)

En ces périodes d’homologation des nouvelles monoplaces, les équipes révélant régulièrement qu’elles ont validé les crash-tests de leurs nouvelles créations, ces annonces semblent presque normales, tant les crash-tests sont devenus une formalité.

Pourtant, le retard pris par Alfa Romeo sur le crash-test de sa nouvelle monoplace rappelle que cette étape pose parfois problème et cause du retard. Mais pour McLaren en 2003, cela avait carrément causé l’annulation d’un projet complet.

En 2002, loin des performances de la Ferrari F2002, l’équipe britannique était toutefois satisfaite de sa MP4-17. Après une saison complète de développement et un projet révolutionnaire dans les cartons pour 2003, l’équipe était partante pour garder la même monoplace en début d’année.

Une idée inspirée par Ferrari, qui était capable à cette époque de débuter les saisons avec la monoplace de l’année précédente, pour ensuite apporter une descendance redoutable à celle qui était la référence de l’exercice précédent.

Et pour rivaliser avec une Scuderia qui était en pleine période de domination, McLaren avait laissé à Adrian Newey la possibilité de créer un concept révolutionnaire, pendant que Mike Coughlan avait été recruté pour faire évoluer la 17 pour le début de l’année 2003.

Développée pendant plus longtemps que les monoplaces précédentes, cette nouvelle MP4-18 devait arriver au retour en Europe, lors du Grand Prix de Saint-Marin 2003. Mais l’absence de communication claire de McLaren avait d’abord laissé penser qu’elle aurait simplement du retard.

En effet, les équipes pouvaient quand même faire des essais sans avoir toutes les homologations, et c’est ainsi que l’on avait vu la MP4-18 en essais au mois de mai au Paul Ricard, tourner avec la MP4-17D. A ce moment-là, on la pensait alors prête à arriver en course.

Avec des pontons plus étroits, une partie arrière plus fine et un museau bas très fin, la MP4-18 créait de nouveaux standards aérodynamiques, mais cela avait aussi un risque au niveau de la solidité. En réalité, elle n’avait pas un seul problème qui la retardait, mais bien de nombreux soucis qui allaient finalement l’empêcher de prendre part à des courses.

L’aérodynamique extrême causait notamment une exploitation difficile de cette nouvelle McLaren, qui s’avérait très sensible aux conditions de piste et avait provoqué plusieurs sorties violentes de ses pilotes en essais. Une instabilité d’autant plus dangereuse qu’elle n’était pas assez solide.

En effet, les crash-tests latéraux n’ont jamais été passés par la MP4-18, qui n’aurait donc pas pu être alignée en course. Et pour couronner le tout, elle avait de gros problèmes de refroidissement à cause de ses pontons très étroits.

Elle fut donc abandonnée peu avant l’été par McLaren, qui a donc conservé la MP4-17D toute l’année 2003. Celle-ci a reçu quelques solutions développées lors des essais de la MP4-18, jusqu’à ce qu’une évolution de cette dernière, la MP4-19, soit alignée en 2004.

Considérée à ce jour comme un fiasco industriel, cette monoplace a toutefois permis à McLaren de faire naître une lignée de voitures impressionnante, avec la MP4-20 vice-championne du monde en 2005, la MP4-22 vice-championne en 2007, et la MP4-23 championne du monde en 2008. Mais une année chaotique était le prix à payer pour rattraper Ferrari.

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