McLaren F1 : Consigne ’qu’il fallait’ ou ’situation mal gérée’ ?
Le paddock débat autour de l’échange de positions en Hongrie
La victoire de McLaren en Hongrie s’est terminée par une vive controverse, Lando Norris admettant avoir presque rejeté un ordre répété de l’équipe de laisser Oscar Piastri prendre le drapeau à damier en premier.
L’ordre a été donné parce que McLaren avait fait passer Norris en premier aux stands, alors que Piastri avait contrôlé la course depuis le début. L’Australien est ensuite sorti des stands en deuxième position, et l’équipe a voulu replacer ses pilotes avec une consigne.
"Je ne voulais pas que nous nous retrouvions derrière une Mercedes ou une Ferrari" a expliqué Andrea Stella, le directeur de l’équipe de Woking. "Comme ce qui est arrivé à Max Verstappen."
Les titres de presse n’ont pas épargné la gestion de course de l’équipe, comme le journal Blick qui a dit que Norris a été "volé" de la victoire. Le journal espagnol AS a quant à lui déclaré que McLaren s’est "inventé un problème".
L’ancien pilote Red Bull Robert Doornbos s’en est même pris à Norris, qui, plus tôt dans le week-end, avait déjà essuyé des critiques selon lesquelles il était "trop gentil" pour être champion un jour.
"Je ne sais pas jusqu’où on peut aller en étant un gentleman" a déclaré Doornbos à Ziggo Sport. "Cela signifie que vous n’êtes pas un tueur. Il n’a pas cet instinct de tueur. L’équipe a tout gâché et c’est lui qui a dû faire le ménage."
Une bonne décision selon Sainz et Vasseur
Du côté de Ferrari, les décisions de McLaren semblent parfaitement compréhensibles et justes. Carlos Sainz ne voit pas le problème : "D’après ce que l’on vient de me dire, ils ont fait ce qu’il fallait faire. S’ils donnent un undercut gratuit sur votre coéquipier, vous devez lui rendre la place. C’est quelque chose que, par le passé, toutes les équipes n’ont pas fait."
Le directeur de la Scuderia, Frédéric Vasseur, est lui aussi d’accord avec cette consigne intervenant après une erreur : "La décision a d’abord été un peu dure pour Piastri, puis ils ont pris une décision que je peux comprendre."
Un des arguments de Norris était de dire qu’il se battait pour le championnat, et l’ancienne pilote de W Series, Emma Kimilainen, a rejoint cet avis sur Viaplay en s’interrogeant sur cette stratégie : "Qu’est-ce que McLaren est en train de faire ?""
"Max Verstappen a 76 points d’avance sur Norris au championnat du monde, donc théoriquement, le seul pilote qui peut battre Verstappen est Norris. Pourquoi ne maximiseraient-ils pas ses points ? Deuxièmement, il était le pilote le plus rapide."
Ralf Schumacher pense aussi que cela pourrait coûter cher à McLaren au moment de faire le bilan en fin d’année : "Nous parlons de sept points. Nous verrons ce qu’il leur manquera à la fin de l’année."
Selon le directeur de Mercedes F1, Toto Wolff, McLaren et Andrea Stella apprennent tardivement à gérer une situation d’équipe pouvant viser le titre : "La clarté au sein de l’équipe est importante et ils sont en train de l’apprendre."
"Ils ont évolué si rapidement vers une position où ils peuvent gagner avec les deux voitures qu’ils doivent s’en tenir aux règles qu’ils ont déjà. Andrea fait preuve d’un grand leadership. C’est quelque chose de nouveau."
Davantage de fermeté dans les consignes ?
Selon Nico Rosberg, McLaren va devoir apprendre à mieux gérer ce type de dilemme : "La situation n’a pas été bien gérée. Ils sont dans une situation nouvelle et n’ont pas l’habitude de dominer. Mais ils doivent s’y habituer, et très vite."
"McLaren est encore en phase d’apprentissage parce qu’elle n’a jamais été dans cette situation auparavant, en dominant et en ayant deux pilotes à l’avant, c’est une nouvelle situation. Ils ont besoin d’apprendre des choses, et l’une d’entre elles est clairement de savoir comment gérer les deux pilotes. Ils n’ont pas fait un travail parfait à cause de toutes ces négociations."
Interrogeant Andrea Stella après la course, le champion du monde 2016 lui a conseillé d’être plus clair sur les consignes : "Je vous recommande vivement, les gars, dans la gestion de cette bataille intra-équipe entre les deux pilotes, d’être extrêmement clairs et fermes."
"Aujourd’hui, il y a eu la phrase ’à ta convenance, Lando’. Pour un pilote, cela laisse la porte grande ouverte à toutes sortes de zones d’ombre, et c’est donc ce que je vous recommande vivement à l’avenir. Des instructions très claires et très fermes de la paroi des stands aux pilotes."
"Sinon, on se retrouve avec toute une série de difficultés entre les pilotes. Et je parle d’expérience" a conclu l’Allemand, en faisant référence à son duel avec Lewis Hamilton chez Mercedes. Un argument qui fait mouche, puisque Norris s’est exécuté quand son ingénieur, Will Joseph, a haussé le ton en fin de course.
Stella a admis que Rosberg avait certainement raison et que c’est surement la manière dont devra procéder McLaren dans les prochaines courses, même s’il comprend son pilote : "Nico, tu parles en connaissance de cause. J’accepte ta recommandation et nous en ferons bon usage."
"Lorsque vous êtes en tête de la course et que vous avez un tel conflit, vous voulez montrer le rythme que vous avez. C’est bien et c’est ce que font les pilotes de course. Et je veux diriger des pilotes de course."
"C’est donc la voiture et le caractère du pilote que je veux voir, mais ils doivent aussi comprendre les exigences de l’équipe. Lando a montré les deux, en tant que pilote de course et en tant que joueur d’équipe."
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