Maturité, gestion des pneus et sympathie : pourquoi Komatsu choisit Bearman
Un rookie qui aura le temps d’apprendre
Sur le papier, la décision peut apparaitre comme paradoxale : Haas F1 a décidé de titulariser, l’an prochain, Oliver Bearman, qui pointe à la 14e place seulement du championnat F2.
Mais Bearman avait surtout étonné et estomaqué son monde, en remplaçant, dans la Ferrari, Carlos Sainz en Arabie saoudite à partir des EL3. Sur un tracé très difficile, il avait signé la 7e place. De plus il faut rappeler que Prema, son équipe en F2, est en grande souffrance cette année.
Sans l’Arabie saoudite cependant, y aurait-il eu une titularisation d’Oliver Bearman l’an prochain ?
Ayao Komatsu, pour la FOM, ne l’a pas nié : la prestation de Djeddah a été importante… mais à quel point ?
« Bien sûr, c’était un bon facteur, mais ce n’était pas le facteur dominant. »
« J’ai déjà vu au Mexique et à Abu Dhabi (en essais libres et essais privés) l’année dernière ce dont il est capable - et à quel point c’était extraordinaire de travailler avec lui. Cela m’a davantage impressionné. »
« Nous avons une expérience directe avec lui. En voyant comment il a pu sauter dans une Ferrari en EL3 sur un circuit aussi difficile que Djeddah et se comporter comme il l’a fait… ce n’était pas une surprise totale, sachant comment il a travaillé avec nous. Cela nous donne encore plus confiance en lui. »
Haas F1 a donc signé un jeune pilote de 19 ans, avec un contrat pluriannuel. Autant le dire clairement : avec Oliver Bearman, Ayao Komatsu, le successeur de Günther Steiner, prépare l’avenir.
« Nous sommes presque en train de redémarrer l’équipe de zéro. Nous nous améliorons et nous aspirons à être plus compétitifs. Nous avons besoin de quelqu’un de dynamique, de jeune, de talentueux mais qui a la tête sur les épaules. Pour moi, le profil d’Ollie correspond parfaitement à la situation de l’équipe et à ses objectifs. »
« J’ai été impressionné par la façon dont il réagit à l’adversité. Si vous avez un problème de fiabilité et que vous perdez un relais pendant la séance, comment réagira-t-il ? S’il n’était pas à l’aise avec la voiture, avec ses réglages, comment a-t-il réagi ? Il s’agit davantage de savoir comment il gère ces situations - et jusqu’à présent, il le fait très bien. »
« Je me souviens avoir travaillé avec lui pour la première fois au Mexique l’an dernier, en EL1. Il a dit lui-même qu’il avait beaucoup de pression, mais la façon dont il s’est comporté est impressionnante. »
« Beaucoup de pilotes dans cette situation se concentrent sur leurs propres performances ou sur la recherche du meilleur temps au tour. Mais Ollie a compris ce que l’équipe recherchait en termes de programme et de réponses à apporter, ainsi que le rôle qu’il pouvait jouer en pilotant en essais libres, dans l’une de nos voitures, dans le contexte plus large du week-end de course. »
« Lorsqu’il a piloté en EL1, il l’a fait en conséquence afin que nous puissions générer de bonnes données. C’est impressionnant de faire cela à un si jeune âge et pour la première fois en essais libres. »
La maturité d’Oliver Bearman a donc impressionné le Japonais. Mais également un point essentiel dans la F1 moderne : sa gestion des Pirelli.
« Une autre chose qui m’a impressionné, c’est qu’il était très au fait de la gestion des pneus dans les relais avec beaucoup de carburant. Il a été proactif dans le sens où il a géré trop de choses au départ, mais il s’en est rendu compte lui-même. Bien sûr, nous lui avons transmis des informations, mais il pouvait y réagir. Sa prise de conscience était impressionnante. »
« Nous l’avons vu en simulation de qualifications - il n’a pas tiré le meilleur parti du premier relais. Mais ensuite, nous lui avons donné des informations pour qu’il puisse s’améliorer. Il les a digérées et s’est amélioré au tour suivant. Il a fait preuve de calme et de maturité. »
La personnalité d’Oliver Bearman a aussi compté
Cependant il n’y a pas que la piste qui compte. Ayao Komatsu a été aussi séduit par la personnalité, l’attitude positive du jeune Britannique, qui donne envie de travailler avec lui.
« Pour que cette équipe s’améliore, le pilote est un élément clé. Il a une personnalité naturelle qui est très motivante et positive. C’est très bien, car c’est un travail difficile. Nous avons 24 courses à disputer, dont des triplés de course, ce qui peut être fatigant. »
« Avoir quelqu’un comme lui - un gars vraiment positif - cela tire toute l’équipe vers le haut. Si le pilote mène la danse de cette manière, cela aide l’équipe à élever son niveau de jeu. »
Bearman s’attendait à cette titularisation… mais fixe déjà ses priorités
Cette titularisation était un secret de Polichinelle, notamment depuis que Haas F1 avait annoncé réserver six sessions d’essais libres à Oliver Bearman.
Le Britannique le confirme aussi : l’annonce de sa titularisation n’était pas une surprise, loin de là.
« Ça fait longtemps que je l’attendais ! En F1, rien n’est confirmé tant que le stylo n’a pas été posé sur le papier, et c’est ce qui s’est passé mercredi matin. Ces quelques mois ont été dingues. Je suis vraiment heureux que ce soit officiel et que cela se sache. »
« Quand j’ai signé, j’ai ressenti un flot d’émotions. Vous pensez à tous les moments que vous avez vécus dans votre carrière depuis le premier jour, au nombre d’heures que vous avez consacrées, à toutes ces journées sous la pluie en karting, à ces journées froides avec de la neige sur la piste, à ces réveils matinaux et à la perte de nombreux souvenirs avec vos amis - tout cela en vaut la peine. »
« J’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve. Ce n’est que le début. Ce voyage de dix ans que j’ai effectué m’a conduit jusqu’à ce point - et maintenant je recommence. »
Bearman est soulagé de voir que Haas F1 lui a proposé un contrat pluriannuel : il pourra apprendre sereinement dans sa première année comme titulaire.
« Haas en général a été un groupe de personnes formidables avec qui négocier. »
« Ils ont été si accueillants, si gentils et si serviables. J’ai l’impression d’avoir trouvé une nouvelle famille parfaite avec eux. Je me sens comme chez moi avec eux. »
« J’ai l’impression de pouvoir être très productif dans cette ambiance. Merci à Ayao qui a apporté cette très bonne ambiance à Haas. Je suis impatient d’apprendre à les connaître un peu mieux. »
« Je suis heureux qu’ils aient eu confiance en moi et qu’ils aient vu mon talent. Ce vote de confiance est très important. Cela m’aidera à apprendre tout au long de ma saison de débutant, à apprendre autant que possible et à me préparer pour l’avenir. »
Et d’ici là, Bearman sait sur quoi travailler !
« Encore un peu d’entraînement pour le cou ! On n’est jamais trop fort au niveau du cou, c’est quelque chose que j’ai appris à mes dépens à Djeddah. Il ne faut pas que l’aspect physique de la conduite de la voiture soit au centre de nos préoccupations. Alors bien sûr, je vais travailler dur à la salle de sport pour être prêt pour l’Australie [en 2025]. »
« J’ai beaucoup de temps pour me préparer et j’ai beaucoup de choses à faire. Je veux améliorer mes connaissances techniques sur la F1, il y a beaucoup plus de choses à faire que ce à quoi j’ai été habitué. Me familiariser avec cet aspect des choses peut m’aider à améliorer mes performances en piste. »
« J’ai plus de roulage en F1 de prévu, avec Ferrari et plus d’essais libres avec Haas. Maintenant que c’est officiel, je peux peut-être adopter un état d’esprit un peu différent et utiliser ces opportunités comme préparation pour l’année prochaine. »
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