Maffei répond à Ecclestone : avec lui, la F1 n’était que pour ‘les vieux riches blancs’

Oui à Miami, non au Nürburgring ?

Par Alexandre C.

14 mai 2022 - 18:29
Maffei répond à Ecclestone : avec (...)

Est-ce par conviction intime ou par rancœur enfouie que Bernie Ecclestone ne rate jamais une occasion de critiquer le bilan de Liberty Media à la tête de la F1 ?

Quoi qu’il en soit dans une sortie récente (voir notre article), l’ancien grand argentier de la F1, qui avait grandement délaissé le digital et les jeunes lors de ses dernières années, a critiqué l’américanisation de la F1.

En interview pour Bloomberg, Greg Maffei, PDG de Liberty Media et supérieur de Stefano Domenicali, a répondu de manière plus offensive aux propos de Bernie Ecclestone. L’accusant de privilégier la forme sur le fond.

« Bernie doit dire quelque chose. C’est comme ça qu’il fonctionne. »

Maffei attaque le fond aussi du bilan Ecclestone, qui avait renfermé la F1 sur elle-même après, il est vrai, avoir beaucoup fait grandir le sport par le passé.

« Bernie mérite un crédit énorme pour avoir construit le sport. Il a construit un énorme produit. »

« Nous avons fait beaucoup pour essayer d’ouvrir le sport. »

« Mais la réalité est qu’il n’a pas progressé, à notre avis, au cours des dernières années et que l’audience a stagné. La ligne de conduite de Bernie était "J’aime que les vieux riches blancs paient pour le sport". »

« Notre point de vue est qu’il y a une opportunité d’être beaucoup plus large, d’apporter une diversité de genre, une diversité d’âge. Et je pense que cela a bien fonctionné. Et je suis prêt à accepter les critiques de Bernie. »

En particulier Maffei se souvient des commentaires de Bernie Ecclestone disant ne pas être intéressé par le public des jeunes, car ceux-ci n’avaient pas le moyen de se payer une Rolex.

« À une époque où d’autres sports vieillissent, nous pouvons montrer par des enquêtes que nous n’avons pas seulement augmenté le nombre de femmes, mais que nous avons fait baisser de quatre ans l’âge moyen de notre public en trois ans, ce qui est un énorme accomplissement. »

« Nous constatons une augmentation massive du nombre de téléspectateurs aux États-Unis, de 50 % d’une année sur l’autre, et encore de 20 % cette année. Donc, à une époque où de nombreux sports, à la télévision, connaissent un déclin, nous connaissons tout le contraire. »

Maffei constate d’ailleurs sur le terrain l’énorme demande de la F1 aux USA : Miami a accueilli 300 000 personnes par exemple pour le Grand Prix, mais cela aurait pu être bien plus.

« Franchement, nos partenaires ont limité l’audience, limité la fréquentation parce qu’ils voulaient être sûrs d’avoir bien fait les choses la première année ; je pense que ce sera plus important les années suivantes. Il y avait clairement plus de demande. »

« Maintenant, nous avons lancé Las Vegas avec beaucoup d’enthousiasme, qui commencera en novembre 2023. »

« Nous avons investi. Le fait que nous soyons une entreprise américaine peut peut-être nous aider, mais nous avons investi du temps pour créer une expérience exceptionnelle. »

« Nous avons fait beaucoup pour essayer d’ouvrir le sport. Avant, c’était un sport assez fermé, très peu d’ouverture, très peu de produits sortaient. Aujourd’hui, nous sommes le sport qui connaît la croissance la plus rapide sur les médias sociaux. »

« Nous avons eu des expériences de fans. Par exemple, il y a quelques années, les voitures ont traversé Trafalgar Square et 100 000 personnes sont venues les voir à Londres. Bien sûr, les pilotes étaient censés se contenter de rouler gentiment autour de la colonne de Nelson et ils ont tous fait des donuts, donc ce genre de choses est naturel et c’est ce que vous voulez voir. »

« Nous avons évidemment vu la croissance du sport en nous ouvrant, comme avec la série Netflix Drive to Survive, qui nous a permis d’élargir notre public. Toutes ces choses ont été très positives. »

La F1 au Nürburgring, aucun impact pour Maffei…

Bernie Ecclestone soulève toutefois une question intéressante : la F1 ne privilégie-t-elle pas trop les États-Unis dans son expansion actuelle ? Maffei répond en louvoyant quelque peu...

« Je suis un peu de la vieille école. Bien sûr, j’aime l’histoire, en particulier de certains circuits. »

« Mais plus je vieillis, plus je réalise que ce sont les gens qui comptent. Nous pourrions aller au milieu de nulle part, où il y a très peu de gens, pas de logement, pas de communauté, et pour nous, en tant qu’individus, conduire sur un circuit historique est cool. Mais ce qui compte, ce sont les gens. »

« Nous avons fait l’expérience avec la pandémie : personne n’était là et ce n’est tout simplement pas l’ambiance recherchée. C’était comme un jour de test. Ce n’était pas agréable. Maintenant, nous voyons des centaines de milliers de personnes se présenter à la course, pleines d’énergie, excitées, désireuses d’en savoir plus. »

« Je pense donc que les fans sont au cœur de ce sport, ils le créent. Pour moi, il s’agit donc d’être dans des villes où nous pouvons vraiment nous engager dans les communautés et avoir un impact. »

Pour finir Maffei finit comme par doucher les espoirs, au passage, du Nürburgring de revenir au calendrier.

« J’adore le Nürburgring, par exemple, mais il n’y a pas une communauté diversifiée là-bas. Nous n’avons pas vraiment d’impact sur le lieu là-bas. »

« A Miami, nous pouvons faire quelque chose. J’y ai rencontré un groupe d’enfants issus de milieux différents, qui veulent maintenant s’intéresser aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques. »

F1 - FOM - Liberty Media

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