Limitation des tests en soufflerie : la F1 explique sa mesure révolutionnaire
Même si l’approche quantitative doit être relativisée par la qualité de chaque soufflerie
Parmi les mesures historiques votées hier au Conseil Mondial de la FIA, outre l’abaissement des budgets plafonnés, figure donc l’encadrement du temps consacré au développement aérodynamique, en soufflerie et en CFD (simulation aéro par ordinateur). Concrètement, mieux une équipe est classée, moins elle bénéficiera de temps de développement. L’objectif est bien sûr de resserrer les performances sur la grille, afin de créer plus de spectacle en piste ; cela entraînera également une réduction des coûts, mais qui sera paradoxalement plus importante pour les écuries de pointe.
La F1 a détaillé le principe et le fonctionnement de ce système. Il faut d’abord savoir qu’en l’absence de tout encadrement, ces dernières années, les équipes pouvaient utiliser leurs souffleries 24 heures par jour, du lundi au dimanche. Fort évidemment, plus une équipe est riche, plus elle peut se permettre de faire fonctionner ces outils. C’est pourquoi des restrictions ont limité cette utilisation au fur et à mesure et elles sont, aujourd’hui, à 65 tests par semaine.
De 65, l’on passera à une référence de 40 tests par semaine (base de 100 % du temps d’utilisation autorisé pour la 5e équipe du classement des constructeurs) avec les nouvelles mesures décidées. Nouveauté également, le temps dédié à la CFD sera lui aussi encadré.
Ainsi le temps de développement ira croissant du 1er au 10e du classement des constructeurs. Mercedes ne pourra dès l’an prochain que mener 90 % des 40 tests en soufflerie possibles, soit 36 (la moitié d’aujourd’hui !). A l’inverse, Williams bénéficiera de 45 runs par semaine, soit une allocation de 112,5 %.
A partir de 2022, ces variations seront encore plus importantes : le temps de développement de la première équipe sera réduit à 70 % (28 tests par semaine).
Tableau du développement aérodynamique autorisé à partir de 2021 :
Fonctionnement : si une équipe est 4e du championnat en 2020, elle aura le droit à 97,5% du maximum autorisé par le règlement (40 tests en soufflerie par semaine représentent 100%). La remise à zéro se fait au 30 juin afin de refléter au mieux le niveau de performance actuel. De 2022 à 2025, l’échelle devient plus dure : une équipe qui serait 4e aura droit à seulement 85% du maximum.
Pour la dernière équipe du championnat, ou pour de nouvelles équipes (la ligne 10 ou plus), en 2021, ce serait 45 tests par semaine possibles et même 46 à partir de 2022).
Pos. au championnat année d’avant | % de développement max en 2021 | % de développement max de 2022 à 2025 |
---|---|---|
1 | 90% | 70% |
2 | 92.5% | 75% |
3 | 95% | 80% |
4 | 97.5% | 85% |
5 | 100% | 90% |
6 | 102.5% | 95% |
7 | 105% | 100% |
8 | 107.5% | 105% |
9 | 110% | 110% |
10 ou plus | 112.5% | 115% |
Ainsi l’effet de cette nouvelle règle ne devrait pas tant se faire sentir en 2021 (année de stabilité du règlement) qu’en 2022, où les F1 seront développées à partir d’une feuille blanche. Le chef de l’aérodynamique de la F1, Jason Somerville, l’a d’ailleurs reconnu.
« Cela permettra-t-il d’égaliser le niveau du plateau au cours d’une saison ? Probablement pas. Mais après quelques saisons, il est très peu probable que la grille ne se rapproche pas. »
« En janvier 2021 ce ne sera pas tout à fait une refonte totale du règlement, mais il y aura quelques modifications apportées aux règles, de sorte qu’en janvier, elles repartiront presque de zéro. Ensuite, c’est à vous, en tant qu’équipe, de décider comment vous utiliserez vos tests en soufflerie. »
« Si vous êtes Mercedes, combien de vos 28 tests consacrez-vous à votre voiture de 2021 et combien en consacrez-vous à celle de 2022 ? C’est une décision difficile à prendre. Selon votre position au classement des constructeurs, vous ne voudrez peut-être pas renoncer à votre voiture actuelle. »
« Tout le monde a 65 tests par semaine autorisés aujourd’hui, et je pense que tout le monde les utilise à peu près tous. C’est ainsi qu’on trouve des évolutions pour les F1. Ainsi, au cours d’une saison, il y a un rythme régulier de nouveaux designs qui sont lancés pour rendre votre voiture plus rapide. »
« Si une équipe comme Mercedes ou Ferrari dispose de moins de temps, il ne fait aucun doute que cette règle lui fera mal à un certain degré. Si vous déplacez le curseur vers les petites équipes, elles apporteront des évolutions là où les grandes équipes ne le feront peut-être pas. »
Il faut cependant nuancer cette vision purement quantitative par une vision qualitative des souffleries, conclut Jason Somerville.
« Mais il faut aussi dire qu’un test en soufflerie n’est pas équivalent chez toutes les équipes. On peut dire qu’une soufflerie Mercedes est plus efficace, parce qu’elle dispose d’un groupe d’aérodynamiciens très bien financé et très fort, qui a rendu le processus efficace au fil des ans. »
F1 - FOM - Liberty Media
Verstappen élu à l’unanimité meilleur pilote de F1 en 2024 par les patrons d’équipe
Le propriétaire de la F1 va faire l’objet d’une enquête pour son acquisition du MotoGP
Une enquête de l’Union européenne pourrait bloquer l’accord entre Liberty et le MotoGP
Rétromobile présentera une exposition ’la F1 tricolore des années 60 à nos jours’
+ sur F1 - FOM - Liberty Media