Les triple-headers vont-ils écœurer les mécanos comme les fans de F1 ?
La discussion s’amorce dans le paddock
On pensait que le triple-header serait un concept mort et enterré, après avoir été décrié en 2018 ; il a fait son grand retour cette année à la faveur du calendrier-coronavirus. Il sera aussi de mise en 2021, à deux reprises, pour faire tenir un calendrier record de 23 épreuves.
D’un côté, cela permet d’accroître les revenus de la F1 ; de l’autre, les mécanos seront mis à rude épreuve, et il existe un risque de saturation du public.
Toto Wolff, qui dirige l’une des équipes les mieux dotées, Mercedes, se demande combien de temps la F1 pourra tenir ce rythme effréné.
« Je pense que les équipes sont les bénéficiaires de revenus croissants et d’une augmentation des revenus. Les équipes reçoivent toujours une grande partie de l’EBITDA de la F1 et, à cet égard, nous devons avons besoin du soutien de tous pour que le business se développe. »
« De l’autre côté, quelques triple-headers vont faire payer un lourd tribut aux gens. Je pense qu’il y a un triple-header asiatique qui signifie que nous serons pendant plus de trois semaines de chez nous et ce n’est certainement pas quelque chose de formidable. Il ne faut pas oublier que les personnes qui travaillent le plus dur sont celles qui montent les garages et les démontent, et les mécaniciens qui devront travailler la nuit si quelque chose tourne mal et ils en souffriront, cela ne fait aucun doute. Vous devez vous demander combien de temps cela peut durer et si vous mettez en place un système différent en ayant une deuxième équipe qui peut prendre en charge ces rôles les plus difficiles et c’est quelque chose que nous examinons en ce moment. »
Dirigeant d’une équipe bien moins dotée, Günther Steiner confirme que tout triple-header influe une certaine "charge" de travail aux siens. Le dirigeant de Haas parle aussi de la possible saturation des fans...
« Nous devons le faire, mais la FOM doit ensuite se pencher sur la question ; si c’est quelque chose que nous voulons faire à long terme ou si c’est juste une année isolée ; si ce nombre de courses est durable et s’il n’y a pas de saturation chez les spectateurs, si c’est réellement bénéfique ou non et du côté des gens, nous devons élaborer des plans pour ne pas les surcharger. Nous les surchargeons de toute façon, mais nous devons être clairs sur le fait que nous ne pouvons pas l’exiger tout le temps. Cela fait partie de notre travail. Si cela nous permet d’augmenter nos recettes, nous devons trouver des idées pour les rendre durables pour nous, sans attendre qu’on nous dise de le faire. Cela fait partie de l’orientation de la Formule 1. Dans quelques années, nous saurons si c’est la bonne solution ou non, si la bonne voie est celle de la multiplication des courses. Nous devons l’essayer et trouver une solution avec laquelle nos gars ne s’épuisent pas. Qu’ils puissent continuer à travailler et qu’il y ait suffisamment de personnes voulant faire ce travail. Je pense qu’il y a suffisamment de gens qui veulent travailler dans la Formule 1, donc je pense que nous sommes encore en bonne position, je pense que nous devons juste attendre un peu. »
Alors que Christian Horner a lui évoqué un calendrier à "la limite de la tolérance humaine", Franz Tost, pour AlphaTauri, tient-il aujourd’hui un discours similaire dans le clan Red Bull ?
« C’est possible mais c’est à la limite parce qu’il ne faut pas oublier que les gens sont parfois loin de chez eux pendant trois semaines et c’est vraiment une longue période ; et je pense que ce calendrier constitue la limite absolue et ne devrait pas être étendu à nouveau. »
Frédéric Vasseur s’inquiète surtout du triple-header asiatique, qui posera de nouveaux défis logistiques...
« Oui, je pense que le principal problème est que si vous voulez mettre 23 courses en huit mois, vous n’avez pas d’autre option. Je suis un peu plus préoccupé par le deuxième triple-header avec Sotchi, Singapour et le Japon aussi parce qu’il est proche de la fin de la saison. C’est une fuite en avant et pour les mécaniciens, pour l’équipe et aussi pour le stock de pièces détachées, ce ne sera pas facile mais je pense que nous n’avons pas d’autre option si nous voulons faire 23 courses par an. »
Enfin Marcin Budkowski, directeur exécutif de Renault F1 Team, a apporté un élément supplémentaire à la réflexion générale d’un point de vue sanitaire.
« Un triple-header est douloureux pour le personnel, deux d’affilée est encore plus difficile. D’après ce que j’ai compris de certaines des discussions qui ont eu lieu avec la Formule 1, l’intention était de surcharger le calendrier si vous voulez avoir plus de courses, de les concentrer en fin de saison en raison de la situation, évidente, du coronavirus, et donc de prendre moins de risques sur les premières courses. Donc je l’espère, c’est une conséquence de la situation actuelle et ce ne sera pas en permanent. De même, nous avons maintenu la fermeture estivale des usines et la pause estivale, ce qui me semble essentiel, en particulier pour le personnel qui voyage. »
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