Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix du Portugal

Le réveil d’Alpine, l’engourdissement d’Aston Martin F1

Par Alexandre C.

4 mai 2021 - 18:09
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : La valeur ajoutée Hamilton chez Mercedes

La victoire de Lewis Hamilton, sa 97e en carrière, n’a pas été, et en aucun cas, une promenade de santé. Ceux qui estiment que le pilote Mercedes a la victoire facile, avec une voiture de toute façon très supérieure à la concurrence, devront sans doute revoir à nouveau le Grand Prix du Portugal, tant le pilote Mercedes a, comme à Bahreïn, signé de sa patte ce deuxième succès en trois courses. Il suffisait d’entendre la voix, essoufflée, presque éreintée, de Lewis Hamilton après le Grand Prix pour s’en convaincre : cette victoire, le Britannique est allée la chercher presque avec les dents. Car il faut se souvenir qu’à un moment donné de la course, Lewis Hamilton (qualifié à 7 millièmes de Valtteri Bottas) était bien 3e de l’épreuve, derrière Valtteri Bottas et Max Verstappen ; piégé par un petit coup d’œil dans le rétro au moment du restart, il avait commis une petite erreur inhabituelle qui aurait pu coûter très cher. à ce stade-là, il n’était plus le favori, loin de là, de l’épreuve.

Et puis ? Et puis Lewis a fait du Lewis. Sans jamais paniquer, sans se démotiver, il a patiemment attendu que Max Verstappen commette une légère erreur dans le dernier secteur pour reprendre la 2e place au 20e tour. Puis ce fut au tour de Valtteri Bottas d’être effacé avec un magnifique dépassement à l’extérieur (certes Lewis fut aidé par les petits pépins d’unité de puissance de son coéquipier, mais son rythme était de toute manière supérieur). Lewis a ensuite bien mieux tenu les pneus que ses concurrents (se plaignant parfois de leur état à la radio, ce qui est sûrement une intox connaissant le pilote). Sans jamais ne rien céder, avec une grande sérénité, Lewis a regardé de loin ses concurrents, distancés, se disputer le maigre point du meilleur tour. Pendant ce temps, lui prenait les 25 points de la victoire. Lewis est certes un maître contesté par Red Bull, mais il n’en demeure pas moins le maître pour le moment cette année. Nico Rosberg, au-delà de ses commentaires parfois piquants, a sûrement raison quand il rappelle que pour battre Lewis Hamilton, il faut faire le week-end parfait. Ce que Max Verstappen n’a pas encore réussi.

Top n°2 : Le réveil d’Alpine F1

Avec ses problèmes de soufflerie pendant l’hiver, Alpine F1 s’attendait à connaître un début de saison complexe. Ce fut bien le cas à Bahreïn et encore à Imola, malgré quelques progrès : l’équipe française était en bas du milieu de grille, derrière même la décevante Aston Martin F1. Mais les évolutions semblent enfin avoir remis Alpine dans le sens du vent. Les essais libres déjà laissaient entrevoir des performances en nette hausse. Ce qu’a bien réussi à faire Esteban Ocon en qualifications, avec une très probante 6e place (son meilleur résultat en qualifications à égalité avec Spa 2020), mais pas Fernando Alonso, bloqué en Q2. Peu importe : en course, le rythme des Alpine allait permettre de remettre les choses dans l’ordre. Esteban Ocon cédait face à Lando Norris et à Charles Leclerc en début d’épreuve, et sans ce départ manqué, aurait sans doute pu jouer même un peu mieux qu’une déjà satisfaisante 7e place.

Quant à Fernando Alonso, sa course fut plus réussie encore. Il a très bien tiré profit d’un relais prolongé en médiums (40 tours avec ces pneus) ; en durs, son rythme fut parmi des plus impressionnants. Ce fut même suffisant pour avaler Pierre Gasly puis Carlos Sainz, et d’ailleurs Esteban Ocon n’était plus très loin ; le rythme de l’Espagnol durant la deuxième partie de course fut ainsi très prometteur pour Barcelone, avec un 5e meilleur tour en course (à un petit dixième de Hamilton et presque 5 dixièmes devant Leclerc).

Top n°3 : La performance (inaboutie) de George Russell en qualifications

La performance remarquable de George Russell doit être ici saluée. D’abord parce qu’en battant de nouveau son coéquipier le samedi, le Britannique en est tout simplement à 40-0 en qualifications depuis son arrivée en F1 face à ses divers coéquipiers (chez Williams), qu’ils se nomment Robert Kubica ou Nicholas Latifi. Incroyable ! Ensuite, parce que George Russell est passé tout proche d’un formidable exploit : placer une Williams en Q3. En Q2, qualifié 11e, il n’a ainsi fini qu’à 57 millièmes du top 10. George Russell n’était qu’à 21 centièmes de son meilleur tour théorique, ce qui prouve qu’il avait sans doute réalisé une des meilleures performances personnelles de ce samedi. Et déjà en EL1, il atteignait la 7e place, laissant augurer du mieux.

Que s’est-il passé ensuite le lendemain en course, pour que la Williams déraille et finisse derrière tout le monde, sauf les Haas ? La réponse est simple : le vent. La Williams est très, très sensible au zéphyr et avec le vent qui s’était levé le dimanche, la monoplace bleue était devenue inconduisible. Dommage mais George Russell n’avait rien à se reprocher ! Le voici tout pardonné après son crash d’Imola…

Les flops

Flop n°1 : Mazepin : ça devient inquiétant

Vu la copie rendue par Nikita Mazepin ce week-end à Portimao, il peut apparaître tentant de tirer sur l’ambulance à coups de mortier… Car le pilote russe a de nouveau totalement déchanté. Il suffit de lire son rythme pur : à 2,3 secondes de son coéquipier en EL1, 1,1 seconde en EL2, 6 dixièmes en EL3 et 5 dixièmes en Q1, Nikita Mazepin a certes progressé ; mais il revenait de très loin – 5 dixièmes sur un tour relativement court, cela reste tout de même une petite claque. En course, le rythme du Russe fut également très inquiétant. Il tournait en moyenne à 4 dixièmes de son coéquipier, parfois bien plus. L’écart entre les deux Haas est abyssal à l’arrivée : plus d’une minute. Günther Steiner, le directeur d’écurie, défendait son pilote après-course en rappelant que Haas avait adapté sa stratégie (Nikita Mazepin a été le seul à faire deux arrêts aux stands), pour lui permettre d’engranger du temps de piste sans trafic et en pouvant attaquer. Ce n’est pourtant que le signe de son échec patent. Et d’ailleurs avec des pneus neufs, pourquoi le meilleur tour de Nikita Mazepin se situe-t-il à presque une seconde de celui de Mick Schumacher (qui lui a brillé en battant la Williams de Nicholas Latifi) ?

Pour ne rien arranger, Nikita Mazepin s’est enfin signalé en bloquant Sergio Pérez (alors leader) alors qu’il était sous drapeau bleu, récoltant cinq secondes de pénalité et un point sur son permis – Sergio Pérez le traitant « d’idiot » au passage. Idiot peut-être, lent : à n’en pas douter.

Flop n°2 : Des évolutions qui ont endormi les Aston Martin F1

Aston Martin F1 se présentait avec une série d’évolutions à Portimao, installées dans la seule voiture de Lance Stroll, le pilote le plus expérimenté dans l’équipe et le plus rapide depuis le début de saison, afin de franchir un cap et de recoller, enfin, à Ferrari et McLaren, conformément aux ambitions de l’équipe. Hélas… c’est bien Lance Stroll, qui malgré ces évolutions, a été sorti dès la Q1 (17e place). Un petit choc et une sérieuse remise en question pour l’équipe. Pendant ce temps Sebastian Vettel semblait enfin maîtriser son « vieux » matériel, avec une première Q3 personnelle depuis Silverstone 2020. De quoi, on l’espère, faire le plein de confiance. Pour Aston Martin F1, il est clair que ces évolutions ne sont pas la recette magique espérée. Du reste en course, le Canadien avec la voiture évoluée n’a dépassé momentanément son coéquipier que parce que l’Allemand subissait une stratégie inefficace avec un relais en médiums de 40 tours (le même qui a fait chuter Carlos Sainz hors du top 10).

Au moins les deux hommes ont-ils fait part de leur bonne entente alors que Lance Stroll a spontanément rendu sa place à son coéquipier, puisqu’il n’était pas forcément plus rapide que lui pour attaquer Antonio Giovinazzi. Mais évidemment pour une 13e place il est plus facile de se montrer sport…

Flop n°3 : Kimi Raikkonen, trois erreurs aux moments fatidiques

Les contempteurs de Kimi Räikkönen diront qu’à 41 ans, les effets de l’âge commencent à se manifester chez le Finlandais. Ils auront en effet du grain à moudre après ce week-end à Portimao. Un an après son formidable premier tour au Portugal, le pilote Alfa Romeo a déchanté. D’abord en qualifications : l’écart avec son coéquipier en Q2 était très embarrassant (6 dixièmes). La faute à deux erreurs commises par le champion du monde dans chacun de ses runs. Certes le vent est en cause, mais son coéquipier Antonio Giovinazzi (12e) a de nouveau prouvé avoir pris l’ascendant le samedi. En course, Kimi Räikkönen lui-même a reconnu sa bourde au départ : il était en train de triturer les boutons de son volant quand, mésestimant les effets de l’aspiration, il a accroché le pneu arrière de son coéquipier. De nouveau très embarrassant. Le Finlandais doit avoir l’impression d’avoir fait le voyage à Portimao pour rien, et difficile de lui donner tort…

On demande à voir…

Barcelone va-t-elle donner véritablement la hiérarchie des prochains Grands Prix ?

Est-il possible de déduire de Portimao la hiérarchie complète sur la grille ? Certes les Mercedes ont confirmé leurs progrès. Mais il faut rappeler qu’au Portugal, l’asphalte était véritablement peu adhérent, et que les monoplaces évoluaient donc dans des conditions particulières où Red Bull par exemple pourrait avoir été bien moins à l’aise. C’est pourquoi on estime dans le paddock que Barcelone, avec son tracé connu, son asphalte « normal », son circuit représentatif, donnera une image plus représentative des forces en présence. C’est d’ailleurs ce qu’attend Christian Horner : « Il est beaucoup trop tôt pour avoir une idée claire de la hiérarchie pour le moment. Il faudra encore quelques courses, mais d’ici la fin de Barcelone, je pense que nous aurons un schéma beaucoup plus clair. Le principal gagnant de tout cela sera la Formule 1, s’il s’agit d’un véritable face-à-face entre les deux équipes. »

Mais faudra-t-il vraiment se fier à Barcelone pour les prochains Grands Prix ? Car existe-t-il vraiment un Grand Prix « normal » dans ce début de calendrier ? La F1 ira ensuite à Bakou puis à Monaco. Deux circuits urbains atypiques qui ne ressembleront pas à Barcelone. Suivra Istanbul, sur un asphalte qui sera comme celui de Portimao, « vert ». Bref d’ici fin juin et le Grand Prix de France, il n’y aura pas non plus de Grand Prix « normal ». Et d’ici là, les équipes auront certainement apporté des évolutions qui pourraient bouleverser le visage du plateau. En somme, la « vraie hiérarchie » en F1 est une notion instable et évolutive, qui dépend véritablement de chaque circuit. D’où l’importance des essais libres et du travail sur les réglages ! On a vu par exemple l’importance des réglages moteurs de Mercedes qui en sacrifiant un peu de traînée et d’appui, a offert à Lewis Hamilton et Valtteri Bottas une vitesse de pointe excellente pour se défendre de la Honda de Max Verstappen…

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