Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix des Etats-Unis

Ce qu’il faut retenir de la dernière course

Par Alexandre C.

5 novembre 2019 - 18:22
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Bottas, le wingman qui avait des ailes

Valtteri Bottas a atteint tous ses objectifs au Grand Prix des États-Unis, et pourtant, il repart d’Austin avec une saveur douce-amère dans la bouche. Le premier de ses buts fut atteint en qualifications : sa pole position fut d’autant plus brillante que son coéquipier, pourtant redoutable dans l’exercice, était relégué à la 5e position seulement. Cette saison, chez Mercedes, c’est bien Valtteri Bottas qui est l’homme du samedi, ce qui n’est pas la moindre des réussites étant donné le client qui loge dans l’autre garage. Le second de ses objectifs était de briller, enfin, à Austin, une piste qui lui avait si peu souri l’an passé (il s’était fait dépasser par Max Verstappen, qui partait pourtant en fond de grille). Objectif atteint également. Sa troisième ambition était de progresser sur le plan du rythme de course, et là encore, il y est parvenu, en réussissant à se montrer assez rapide, sur une stratégie à deux arrêts aux stands, pour tenir en respect Max Verstappen et rattraper Lewis Hamilton. Enfin, son quatrième objectif – affirmer son autorité sur Lewis Hamilton, en le dépassant en piste si besoin – a été atteint avec une franche réussite dans les derniers tours.

Pourquoi, dès lors, cette saveur amère ? Tout simplement parce qu’au moment même où Valtteri Bottas cochait toutes les cases, il voyait, pour la troisième fois consécutive, son coéquipier fêter un titre de champion du monde. Un sévère rappel à la réalité, mais aussi un encouragement à se montrer plus constant l’an prochain.

Top n°2 : Daniel Ricciardo affirme les ambitions de Renault

Daniel Ricciardo partait derrière les McLaren à Austin, mais comptait sur son rythme de course, et sa science des Pirelli, pour refaire son chemin. Il y est parvenu de très belle manière et a sans doute prouvé qu’il méritait le salaire substantiel que Renault lui a offert.

Dès le départ, Daniel Ricciardo profitait des mésaventures de Sebastian Vettel, mais parvenait aussi à trouver l’ouverture sur les deux McLaren, bien aidé aussi par l’accrochage entre Alexander Albon et Carlos Sainz. Ce fut le premier élément clef de sa course. Le deuxième fut acquis au long cours : Daniel Ricciardo a été un des rares à avoir fait fonctionner idéalement une stratégie à un seul arrêt. C’est grâce à sa préservation des pneus, ce qui n’était pas une mince affaire étant les conditions plus chaudes aperçues à Austin ce dimanche, que le pilote Renault a ainsi pu glaner le titre de « meilleure des autres ». Alexander Albon a logiquement rejoint et dépassé l’Australien en fin d’épreuve, mais cela tient plus de l’anecdote étant donné la supériorité intrinsèque de la Red Bull. Ces 8 points permettront sans doute à Renault de finir 5e au classement des constructeurs… le minimum syndical.

Top n°3 : Sergio Pérez, des stands aux points

Comme depuis plusieurs courses désormais, Sergio Pérez a tiré probablement le maximum de ce que lui permet une Racing Point en progrès. Le Mexicain, qui devait partir des stands après avoir raté une pesée – dura lex, sed lex -, nourrissait sans doute peu d’espoirs. Comment diable est-il alors parvenu à parvenir jusqu’à la 10e place ? Comme Daniel Ricciardo, Sergio Pérez a en réalité réussi à faire fonctionner une stratégie à un seul arrêt ; mais il a d’autant plus de mérite que lui a dû évoluer encore dans le peloton, dans la mêlée, en conservant un rythme infernal, en particulier en médiums. En durs, Sergio Pérez a fait également parler une de ses grandes forces, la préservation des Pirelli (relais de 31 tours, l’un des plus longs avec ces C2). En fin d’épreuve, la Racing Point croisa la route de Daniil Kvyat pour l’affrontement final pour la 10e place – et le Russe fut finalement pénalisé de cinq secondes pour une manœuvre jugée trop agressive. Des stands à la 10e place : le résultat final peut paraître peu spectaculaire (un seul petit point), mais quel panache !

Les flops

Flop n°1 : Les bosses d’Austin ont donné la migraine à Ferrari

Ferrari est retombée dans ses travers à Austin. Pour commencer, comme à Mexico, la Scuderia a raté un arrêt aux stands : un pistolet récalcitrant a ainsi fait perdre 4 secondes à Charles Leclerc… Visiblement, la Scuderia n’a pas eu le temps, en une semaine, de résoudre ce problème de contrôle qualité. Au Brésil, il n’y aura plus d’excuse. La fiabilité d’une autre pièce – la suspension arrière-droite de Sebastian Vettel – pose également question, après la rupture dont a été victime le pilote allemand. Cette défaillance est certes excusable, étant donné l’omniprésence des bosses à Austin… mais seule la Ferrari a été victime d’un tel problème.

Mais finalement, cet arrêt manqué de Charles Leclerc n’a été d’aucune conséquence sur le résultat final. Sans ce pistolet au chômage technique, Charles Leclerc n’aurait pas fini à 52 secondes de Valtteri Bottas, mais à 48 secondes… En effet, la Scuderia a fait un grand bond en arrière à Austin, et est revenue au stade où elle en était à Budapest : c’est-à-dire, à une minute des leaders, avec un rythme inexistant et une profonde inquiétude pour la suite (et fin) de la saison. En médiums, pour son premier relais, Charles Leclerc faisait du surplace et était en réalité plus proche de la Renault de Daniel Ricciardo que de la Mercedes de Lewis Hamilton. En durs ou en tendres, ce fut un peu mieux pour le Monégasque, sans être évidemment époustouflant.

Comment expliquer cette sérieuse gifle ? Mattia Binotto a estimé que les réglages adoptés par Ferrari (privilégier l’appui sur la vitesse de pointe) n’auraient finalement pas porté leurs fruits. Max Verstappen a une autre idée : Ferrari, rappelée à l’ordre par une directive de la FIA, n’aurait désormais plus le droit de tricher sur l’utilisation de son unité de puissance. Le Grand Prix du Brésil et surtout d’Abu Dhabi (qui ne se tient pas lui en altitude) permettra d’alimenter, ou d’infirmer, ces théories.

Flop n°2 : Lance Stroll et Antonio Giovinazzi trop tendres

Alors que leurs coéquipiers réussissaient un dimanche très convaincant, Lance Stroll et Antonio Giovinazzi ont au contraire mis en lumière leurs faiblesses respectives à Austin. Lance Stroll peut être tout d’abord principalement critiqué pour sa gestion, encore une fois déplorable, des Pirelli, là où son coéquipier brille justement dans cet exercice. Le Canadien a certes récolté quelques dégâts dans le premier tour, mais il souffrait déjà de sous-virage en essais libres. Devant l’usure de ses Pirelli, son équipe n’a pas eu le choix et a dû se rabattre sur une stratégie à deux arrêts aux stands… mais même avec cette stratégie plus permissive, en fin d’épreuve, le Canadien avait déjà mangé ses pneumatiques. Inquiétant.

Quant à Antonio Giovinazzi, malgré sa prolongation de contrat qui a suivi ce Grand Prix, il s’est montré également tendre. Tandis que Kimi Räikkönen bondissait en début d’épreuve, avalant plusieurs pilotes grâce à ses C4, l’Italien se montrait trop naïf, notamment en se faisant dépasser de manière un peu candide par Daniil Kvyat. Antonio Giovinazzi a donné le sentiment de n’être jamais rentré dans sa course, et de souffrir lui aussi particulièrement avec ses Pirelli. L’an prochain, comme il l’a dit lui-même, il n’aura plus d’excuse.

Flop n°3 : Daniil Kvyat torpille encore sa propre course

Bis repetita… et perseverare diabolicum. Les adages latins ne manquent pas pour commenter la prestation de Daniil Kvyat, étrangement similaire à celle de Mexico. En effet, comme à Mexico, le Russe a été l’auteur d’une course convaincante, qu’il s’apprêtait à conclure dans les points. Las ! Son impatience, ou son imprudence, c’est selon, l’ont encore condamné. Daniil Kvyat a en effet résisté de manière bien trop agressive à Sergio Pérez en fin d’épreuve, et a logiquement récolté une pénalité de cinq secondes qui l’a éjecté loin de la 10e place. Le pire était peut-être son attitude après la course, montrant qu’il n’apprenait pas de ses erreurs : Daniil Kvyat a tout de suite estimé que la sanction de la FIA était du « non-sens » et « une connerie », sans regarder sa part de responsabilité.

Ne voit-il pas qu’il endommage, ainsi, sa réputation comme sa carrière ? A Singapour, rappelons qu’il avait déjà subtilement accusé Kimi Räikkönen d’avoir voulu « le tuer. » Et pourquoi tente-t-il de telles manœuvres, si ce n’est parce qu’il est sérieusement mis sous pression par Pierre Gasly depuis la trêve estivale ? Helmut Marko gagnerait sans doute à responsabiliser son pilote russe, comme il gagnerait d’ailleurs à appeler plus souvent Max Verstappen à la raison. Visiblement, ce n’est pas à l’ordre du jour. Qui a dit que Red Bull gérait parfaitement ses pilotes ?

On demande à voir…

Toro Rosso ou Racing Point, le dernier grand enjeu de la saison

Maintenant que le titre est promis à Lewis Hamilton, maintenant que Valtteri Bottas a assuré sa 2e place au classement pilotes et Ferrari sa 2e place au classement des constructeurs, quel enjeu reste-t-il au championnat ? La 3e place du classement pilotes est certes encore à attribuer, même si l’écart entre Charles Leclerc et Max Verstappen (14 points) est important. En vérité, la lutte devrait être surtout haletante pour la 6e place du classement des constructeurs, entre Racing Point et Toro Rosso. Un petit point sépare aujourd’hui les deux écuries, à deux épreuves de la fin de saison. Et quand l’on voit l’intensité de la lutte entre Sergio Pérez et Daniil Kvyat lors de ce Grand Prix (voir le point précédent), on se dit que de nombreuses autres polémiques nous attendent…

Mais une 6e place vaut-elle vraiment autant d’acharnement, voire d’excitation ? Sans doute que oui. Il faut en effet se rappeler qu’une poignée de millions de dollars sont aussi en jeu. Or, sur un budget d’environ 140 millions, cette prime représente environ 3 % du budget 2020 de Racing Point ou Toro Rosso… Ce sont d’ailleurs autant de millions dont l’écurie rivale ne profitera pas. Il y aura donc de la bagarre, et c’est tant mieux !

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