Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Sakhir
Des tops en or, un flop monumental pour Mercedes
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Russell a perdu le Grand Prix, mais il a gagné bien plus
Le vainqueur, ça aurait pu, ça aurait dû être lui ! Incroyable week-end qu’a vécu George Russell… Tout d’abord en essais libres, il dominait les deux séances – c’est plutôt Valtteri Bottas qui donnait l’impression de découvrir la Mercedes. En qualifications (avec un baquet qui n’était pas adapté à son 1m85), il finit à un souffle de son coéquipier (26 millièmes) et avec une ligne droite finale un peu plus longue, aurait même pu rafler la pole. En course, le Britannique a ensuite réalisé un très bon envol, sur un emplacement de départ sale (alors que les départs sont une de ses rares faiblesses chez Williams). Puis, à l’image de Lewis Hamilton, il a maintenu un écart de 3 secondes sur un Valtteri Bottas si impuissant, qu’il a dû décaler sa stratégie. George Russell filait alors vers la victoire.
Et c’est peut-être tout ce qu’il doit retenir de cette course. Car pour le reste, si tout a défailli, s’il finit 9e au lieu de premier, ce n’est pas sa faute – aucunement sa faute – mais bien celle de Mercedes. L’équipe allemande s’est monstrueusement ratée, comme une fois tous les 30 Grands Prix – et cela tombe sur lui ! George Russell est bien sûr dégoûté, mais avec le recul il va pouvoir considérer qu’il aura franchi un cap dans sa carrière. Son dépassement somptueux sur Valtteri Bottas (certes en pneus plus usagés) a rappelé celui de Lewis Hamilton à Bahreïn en 2014, sur Nico Rosberg. De la graine de champion. Le reste appartient aux péripéties de course. George Russell a perdu le Grand Prix, mais il a gagné bien plus.
Top n°2 : Une victoire aussi inattendue que méritée pour Pérez
Déjà la semaine passée à Bahreïn, Sergio Pérez aurait dû signer un podium, avant que son unité de puissance ne défaille. Justice lui aura été rendue à Sakhir, et de quelle manière ! Sans aucun doute Sergio Pérez n’espérait pas une victoire ce dimanche, et encore moins en étant mis en tête-à-queue à la fin du premier tour, et encore moins avec un moteur thermique et un MGU-K usagés. Le reste appartient désormais à son histoire personnelle. Il aura perdu moins de temps que prévu avec son tête-à-queue, puisqu’avec la voiture de sécurité, il put rentrer aux stands, contrairement au reste du peloton, une des clefs de la victoire. Avec des pneus neufs, mais aussi un rythme de course fantastique, il a pu remonter, très rapidement et sans aucune faute. Il a ensuite su très bien préserver ses gommes. A la relance, il a enfin vite creusé un écart conséquent (10 secondes) sur la Renault d’Esteban Ocon.
Préservation des gommes, rythme de course solide, aucune erreur de commise : en somme, Sergio Pérez a remporté son premier Grand Prix en carrière avec ses forces habituelles. 8 ans après une victoire ratée en Malaisie sous la pluie, face à Fernando Alonso, ce n’est que justice – mais le fait qu’il soit encore sans volant pour l’an prochain est le comble de l’injustice…
Top n°3 : Ocon, le plein de confiance
Ce podium est peut-être crucial pour la carrière d’Esteban Ocon. Comme le pilote français le confiait peu avant ce Grand Prix, il n’était pas encore pleinement en confiance chez Renault, après un début de saison compliqué, où il avait du mal à se faire entendre à Enstone, quant à ses besoins dans la voiture. Ocon, en plein doute, s’est repris lors des derniers Grands Prix, en affichant une progression certaine, tant en qualifications qu’en course. Cette progression en qualifications s’est certes subitement arrêtée en Q2 samedi dernier. Une exception : car la récompense vint le lendemain. Certes, Ocon a été un peu plus favorisé que Daniel Ricciardo quant à la stratégie. Mais il aura réussi aussi à bien tenir ses pneus médiums au premier relais, et à effacer Lance Stroll d’un dépassement aussi décisif que propre. Ce podium est presque peut-être plus décisif pour Renault pour 2021 que pour 2020 : car avec cette 2e place, Esteban Ocon va pouvoir revenir en pleine confiance aux essais de Barcelone prochains.
Les flops
Flop n°1 : Mercedes a ‘fait de la merde’, Bottas peut douter de lui
Ce n’est pas souvent que Mercedes ‘fait de la merde’ – pour reprendre les mots de Toto Wolff – et c’est pourtant arrivé à Sakhir. La confusion de l’équipe allemande a rappelé celle de Hockenheim 2019 – à ceci près que le ballet tragi-comique aux stands avait concerné un pilote et non deux ! A la place, Ferrari, qui a raté deux arrêts aux stands sur Sebastian Vettel, passerait presque pour un maître en la matière…La confusion totalement ratée de Mercedes pose plusieurs questions. Quels besoins y avait-il à s’arrêter (et à prendre le risque d’un double arrêt) alors que les monoplaces noires étaient bien plus rapides que la concurrence et que Sergio Pérez ne s’arrêtait pas non plus (un arrêt de sécurité n’a jamais aussi mal porté son nom) ? Quelles ont été les erreurs de procédures menant à cette double confusion, outre une panne de radio dans le garage, et quels sont les coupables ? Pourquoi aussi Valtteri Bottas avait finalement peu de rythme pour remonter dans le peloton ? Et enfin, qu’est-ce qui a causé la crevaison lente déchirante de George Russell ? Bien sûr, Mercedes a totalement raté ce double arrêt : mais mieux vaut commettre ces erreurs en fin de saison. Peut-être que finalement, l’équipe allemande – comme après Hockenheim – en sortira meilleure l’an prochain.
Valtteri Bottas peut aussi se remettre en question. Face à son nouveau coéquipier, dont le cockpit n’était pas adapté, il n’a signé la pole que de 26 millièmes. Il a ensuite raté son envol (comme trop souvent cette année), puis la relance après Safety Car, sans avoir le rythme de course de George Russell. Si son rythme en fin d’épreuve peut s’expliquer par des durs usagés, rien ne va plus pour le Finlandais, dont la confiance s’érode de Grand Prix en Grand Prix, et dont la cote pâlit. Abu Dhabi sera décisif à cet égard…
Flop n°2 : Le passage à vide de Norris pourrait coûter très cher à McLaren
Sur un Grand Prix fou, il faut être là pour marquer de gros points en milieu de grille, car c’est ce qui peut faire la différence en fin de saison. A cet égard, le week-end sans de Lando Norris pourrait coûter très cher à McLaren, peut-être la 3e place au classement des constructeurs. Le Britannique a tout fait à l’envers dès le samedi, en qualifications. Il s’est simplement manqué en Q2 (15e place, après pourtant un 4e chrono en Q1). Si McLaren ne l’a pas envoyé en piste au bon moment, Lando Norris assumait aussi quelques erreurs coûteuses – il finissait même derrière Antonio Giovinazzi.
Résultat des courses, McLaren décidait de changer ses éléments moteurs en début d’épreuve. Le pari semblait payant : avec la folie du premier tour, Lando Norris pointait 10e, avec un nouveau moteur et l’avantage pneumatique ! Et pourtant, il ne progressa pas plus… Son manque de rythme de course (avec une nouvelle unité de puissance…), conjugué à une mauvaise stratégie, devront longtemps faire méditer McLaren. Pendant que Carlos Sainz assurait 12 points, ce seul point marqué par le Britannique ne représente rien face aux 40 de Racing Point, et aux 28 de Renault.
Flop n°3 : A un Grand Prix de l’échéance, le compte n’y est toujours pas pour Albon !
Il avait donné des signes d’amélioration depuis le Mugello, et il est de nouveau retombé dans le doute : à deux Grands Prix de la fin de la saison, Alexander Albon a semé encore le doute dans l’esprit de Red Bull – surtout au moment où Sergio Pérez est au sommet de son art. En essais libres, le Thaïlandais manqua d’abord de se crasher. La plus grosse déception vint en qualifications : 15e de la Q1 (sans pouvoir ressortir), et surtout seulement 12e de la Q2, Albon a de nouveau totalement déchanté. Pendant ce temps, Pierre Gasly était en Q3 et Max Verstappen à 50 centièmes de la pole de Valtteri Bottas. En course, Albon se plaignait d’une vitesse de pointe insuffisante pour dépasser. C’est ce qui arrive quand on part dans le peloton. Et puis ce n’est pas totalement vrai : il n’avait pas le rythme de Sergio Pérez par exemple, et il reste inacceptable de finir derrière Lance Stroll, Carlos Sainz ou Daniel Ricciardo quand on pilote dans une Red Bull. Ses soutiens thaïlandais vont-ils le sauver ? Au vu des performances de Sergio Pérez, ce serait injuste !
On demande à voir…
Et si Mercedes se servait de George Russell pour faire quelques économies ?
La performance fantastique de George Russell, avec rappelons-le, un baquet qui n’était pas adapté à sa taille, a de quoi faire douter l’équipe quant au bien-fondé de prolonger Valtteri Bottas pour l’an prochain. Mais cette performance pourrait aussi donner des idées au board de Daimler, pour négocier un contrat moins onéreux que prévu avec Lewis Hamilton. En effet, on sait que le septuple champion du monde voudrait voir son contrat voir (encore) revu à la hausse, surtout avant l’entrée probable d’un plafond salarial pour les pilotes. Problème : George Russell a fait un week-end « à la Lewis Hamilton » à Sakhir. Bien sûr, ce n’est qu’un week-end. Bien sûr, on ne se sépare pas d’un champion du monde comme ça. Et d’ailleurs Toto Wolff niait vouloir prendre appui sur cette course dans les négociations futures : "Je l’ai déjà dit avant le week-end : aucun des événements de ce week-end n’interférera ou ne changera nos négociations Ce ne serait pas juste pour Lewis. Ce ne serait pas juste pour nous. Parce que ça aurait pu aller dans l’autre sens, un week-end de course où George n’aurait pas été dans le rythme et je ne pense pas que Lewis me dirait ’tu vois Toto ce que je vaux’. Notre relation va bien au-delà de cela."
Mais ce que pense Toto Wolff, le conseil d’administration de Daimler (qui a annoncé de très sévères coupes budgétaires) le pensera-t-il ? Dans la guerre psychologique qui s’annonce, Toto Wolff aura un argument à faire valoir en plus à Lewis Hamilton – qui doit regretter de n’avoir pas prolongé plus tôt, avant l’entrée en lice de George Russell, et avant le coronavirus… Le conseil d’administration de Daimler devra aussi se poser les questions : pourquoi placer George Russell une année de plus chez Williams, pilote sur lequel tant d’argent a été investi, quand il s’avère prêt pour la F1 ?
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