Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Russie

Dans le milieu de grille, Sainz brille encore, Raikkonen commence à inquiéter

Par Alexandre C.

1er octobre 2019 - 18:37
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Un doublé qui tient plus à une Q2 stratégique qu’à la chance pour Mercedes

Deux discours bien différents cohabitent aujourd’hui pour expliquer le doublé de Mercedes, à Sotchi. Le premier de ces discours tient à minimiser le mérite de l’équipe allemande. En résumé, Mercedes, qui ne disposait pas, loin de là, du meilleur package, n’aurait fait que récolter les pots cassés de Ferrari, en bénéficiant de deux arrêts gratuits sous voiture de sécurité virtuelle – une voiture de sécurité virtuelle causée par l’abandon même de Sebastian Vettel. En somme, ce ne serait pas Mercedes qui aurait gagné, mais Ferrari qui aurait perdu.

Le deuxième discours, sans doute un peu plus justifié, est le suivant : si Mercedes a gagné le dimanche, c’est grâce au pari stratégique du samedi. En effet, les Mercedes avaient décidé de se qualifier en médiums en Q2. Le but ? Se donner plus de flexibilité stratégique – pour parer le risque d’une voiture de sécurité – en prolongeant au maximum le premier relais ; c’est exactement cette flexibilité stratégique qui a permis à Mercedes de bénéficier de cet arrêt gratuit. Ferrari a certes pris un meilleur départ grâce aux tendres, mais ce sont les mediums de la Q2 qui auront finalement décidé de la victoire de Mercedes. Pari payant.

Top n°2 : Encore un week-end idéal pour Carlos Sainz

Carlos Sainz a, de nouveau, réussi à être le « meilleur des autres » ce week-end, en qualifications comme en course. En qualifications, l’Espagnol a pu devancer son coéquipier Lando Norris – qui lui-même fut battu par la Renault de Nico Hülkenberg. Rapide sur un tour, Carlos Sainz était également déchaîné au départ : grâce à ses tendres – alors que les Mercedes étaient en médiums – l’ancien pilote Toro Rosso parvint même à s’offrir Valtteri Bottas pour pointer au 4e rang durant les premiers tours. Il réussit à opposer une défense tenace et efficace face au Finlandais, qui était pourtant au volant d’une voiture pourtant beaucoup plus rapide, durant plusieurs tours. S’il aura certes dû céder face aux Red Bull – mais seulement en fin d’épreuve face à Alexander Albon – Carlos Sainz a confirmé ce qu’on pensait déjà de lui : il est le meilleur des autres, et sûrement l’un des meilleurs du plateau cette saison.

Top n°3 : Sotchi, ‘une des meilleures courses’ de la carrière de Sergio Pérez

Sa performance est quelque peu passée dans l’ombre, mais se doit d’être soulignée : Sergio Pérez a réussi une course de toute beauté en Russie. Certes, ses qualifications furent un peu timorées (12e chrono), certes, le Mexicain aura bénéficié de l’accrochage Romain Grosjean – Antonio Giovinazzi – Daniel Ricciardo, certes, la voiture de sécurité virtuelle est tombée au moment idéal pour lui… Il n’en demeure pas moins qu’il aura tenu tête à tout le milieu de grille, Carlos Sainz excepté. Au départ, la Racing Point réussit à se défaire de Nico Hülkenberg et même de Max Verstappen. Le Néerlandais mit plusieurs tours à doubler Sergio Pérez, comme Valtteri Bottas mit plusieurs tours à doubler Carlos Sainz. En fin d’épreuve, Sergio Pérez se distingua également en mettant la pression sur Kevin Magnussen, qui commit une erreur et dut couper hors-trajectoire - il écoperait ainsi de cinq secondes de pénalité. Pérez constitua une menace sérieuse, jusqu’au bout, pour Carlos Sainz. Un Grand Prix réussi qui en appelle sûrement d’autres grâce aux évolutions sur sa Racing Point.

Les flops

Flop n°1 : Fiabilité, communication : Ferrari se prend les pieds dans le tapis

Ferrari avait sûrement la monoplace la plus rapide à Sotchi, mais réussit à gâcher son dimanche, renouant ainsi avec une certaine fébrilité chronique, typique du début de saison ou de la fin de saison dernière. C’est tout d’abord sur le plan de la communication interne que Ferrari a failli. Alors même que l’équipe, en début de course, semblait se diriger vers un doublé, le psychodrame par radio interposé entre Charles Leclerc et Sebastian Vettel – le second était accusé par le premier d’avoir enfreint un accord, en profitant de l’aspiration au départ pour pointer en tête – a gâché l’ambiance et les fruits positifs qu’il était possible de retirer d’un rythme de course très convenable ; pire, cette mésentente a coûté du temps de piste à Sebastian Vettel, dont le premier relais a été artificiellement prolongé pour permettre à Charles Leclerc de repasser en tête.

Ces bisbilles inutiles, presque ridicules, laisseront des traces, mais leur portée a été – heureusement, serait-on presque tenté de dire – éclipsée par la panne la plus coûteuse de la saison. La défaillance du MGU-K de Sebastian Vettel, qui a précipité le doublé Mercedes, a montré que Ferrari avait l’unité de puissance la plus performante, mais pas la plus fiable. De là cette question : si la performance du V6 Ferrari vient de cette prise de risque sur la fiabilité, cela en vaut-il vraiment la peine ?

Flop n°2 : Il est temps de se réveiller pour Kimi Räikkönen

Depuis Monza, Kimi Räikkönen dort et commet des erreurs inhabituelles chez lui. Comme à Singapour ou à Monza du reste, il a été pris dans divers incidents le samedi comme le dimanche. Le Finlandais a tout d’abord été battu, une nouvelle fois, par Antonio Giovinazzi en qualifications – il a même été éliminé en Q1, certes pour un faible écart sur son coéquipier. Une erreur de pilotage – il est parti trop au large dans le dernier virage – explique directement cette élimination. Le lendemain, Kimi Räikkönen a commis une erreur plus encore inhabituelle et répréhensible en volant ostensiblement le départ, ce qui lui valut un drive-through mérité. Et dire que le Finlandais, réalisant son erreur, arrêta ensuite subitement sa monoplace, alors même que les feux passaient au vert… Les déboires de Kimi Räikkönen profiteront, indirectement, à Antonio Giovinazzi, dont le bilan, ces dernières courses, est soudainement réévalué à la hausse.

Flop n°3 : L’abandon de Robert Kubica montre que Williams est toujours en crise existentielle

Si Williams figure parmi les flops de ce Grand Prix, ce n’est pas forcément en raison de performances encore plus cataclysmiques qu’à l’ordinaire – ce serait même le contraire, puisque George Russell ne se débrouillait pas trop mal, notamment en essais libres. Ce n’est pas, non plus, en raison d’une fiabilité – pour une fois – décevante, à la suite de la rupture de freins qui a précipité l’abandon de George Russell.

Mais si Williams a particulièrement inquiété dimanche dernier, c’est bien à cause du motif derrière l’abandon de Robert Kubica. Le Polonais ne souffrait d’aucune défaillance habituelle sur sa FW42 – qui est l’une des monoplaces les plus fiables du plateau. Le muret des stands prit tout de même la décision de le faire abandonner. Pourquoi ? La raison fait froid dans le dos et prouve combien Williams lutte toujours, financièrement plus que sportivement, pour sa survie. « Nous avons décidé d’arrêter Robert (Kubica) afin de conserver des pièces détachées pour les dernières courses de l’année qui se suivent à une cadence infernale » révélait en effet Dave Robson, l’ingénieur de course en chef chez Williams, après la course. Les futurs Grands Prix se passeront en effet loin des bases européennes, ce qui accroîtra les difficultés logistiques en cas de crash… Williams, après avoir déjà raté les essais hivernaux, confirme être ainsi toujours être au bord de la rupture. Est-ce le département « production de pièces » qui est à blâmer ? Peut-être. Mais les maux sont beaucoup plus structurels et font écho aux derniers résultats financiers alarmants de l’équipe de course. Williams – comme l’a clairement déclaré Artur Kubica, le père du pilote – lutte aujourd’hui pour son existence même.

On demande à voir…

Mercedes et Red Bull regonflés à bloc pour Suzuka ?

Le doublé de Mercedes à Sotchi ne doit certes pas occulter les progrès massifs de la concurrence et notamment de Ferrari. L’équipe italienne a confirmé que les évolutions de Singapour lui donnaient une stabilité et une agilité bien supérieures dans les courbes. De fait, comme l’a admis Toto Wolff, Mercedes a quelque peu marqué le pas dans le développement de la monoplace et a laissé Ferrari prendre un peu d’avance. Cependant la donne pourrait bien changer à Suzuka. James Allison, le directeur technique, a confirmé que plusieurs évolutions seront apportées sur la monoplace au Japon. « On parle de petites évolutions » a nuancé Toto Wolff. Mais on connaît la légendaire prudence du directeur de l’équipe allemande…

Du côté de Red Bull, le Grand Prix du Japon sera aussi l’un des moments forts de la saison, puisqu’il constitue le Grand Prix à domicile de Honda. A cette occasion, enfin, Max Verstappen comme Alexander Albon n’écoperont pas de pénalités moteurs – ils ont fait le plein de pièces en Russie pour être fin prêts pour Suzuka. Que donnera une course avec deux Red Bull partant aux avant-postes ? Le rythme de course de Max Verstappen, en retrait par rapport aux Mercedes et aux Ferrari en Russie, n’augure cependant pas du mieux. Mais Red Bull apportera-t-elle des évolutions expressément à Suzuka ? C’est bien possible. Indépendamment de cet état de fait, les courbes très rapides de Silverstone avaient déjà souri à Max Verstappen plus tôt dans la saison. Une lutte à trois à Suzuka ? On signe déjà pour le spectacle.

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