Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Monaco
Pérez vainqueur… et candidat au titre un jour ?
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Pérez ne doit pas sa victoire (et sa prolongation) qu’au ciel
La victoire de Sergio Pérez ne tient pas seulement aux circonstances exceptionnelles et à la vista stratégique de Red Bull (et de Checo d’ailleurs) qui ont perturbé le déroulement du Grand Prix de Monaco (on pense ici bien sûr à la pluie). Ni même aux tours « époustouflants » (dixit Christian Horner) de sortie du Mexicain en intermédiaires, lors du basculement stratégique au 16e tour.
Si la performance du Mexicain doit être autant soulignée, c’est aussi parce qu’elle s’est construite tout au long du week-end et finalement tout au long de la saison. Victoire construite tout au long du week-end d’abord : car Sergio Pérez était le plus à l’aise des pilotes Red Bull dès les essais libres ; peut-être aurait-il pu ou dû ne pas battre Max Verstappen de justesse en qualifications, bien sûr, si le Néerlandais avait pu finir son tour et si Checo ne s’était lui-même pas crashé, mais qui sait ? Sergio Pérez n’avait pas volé sa 3e place après avoir déjà dominé les EL3. Le lendemain, outre donc ses impressionnants tour de sortie, son autre mérite remarquable fut sa résistance à la pression de Carlos Sainz en fin d’épreuve, malgré des pneus déjà en retraite anticipée.
Victoire construite tout au long de l’année en suite : car Sergio Pérez est décidément plus à l’aise dans cette Red Bull, à la faveur du nouveau règlement aérodynamique de 2022. Sa victoire vient ainsi de loin, dès peut-être les essais hivernaux de Bahreïn ; et non dès le début de l’averse azuréenne. Voilà bien une prolongation de contrat méritée pour Checo !
Top n°2 : Leclerc maudit mais grandi
Avant l’épreuve, Charles Leclerc ne se disait pas « superstitieux », lui qui semble victime pourtant d’une malédiction sur le Rocher (il n’avait pas fini une course ici depuis le GP3). Quoi qu’il en soit, si un malin génie existait, Sainte-Dévote serait apparemment bien en peine pour l’exorciser… au vu de la nouvelle déveine qu’a dû subir le pilote Ferrari ce week-end à Monaco.
Que pouvait-il faire de plus ? Pas grand-chose, à part peut-être forcer davantage pour chausser les intermédiaires plus tôt, mais là n’était pas son rôle. A l’inverse de 2021, où son abandon lui était imputable (crash en qualifications), Charles Leclerc n’avait rien à se reprocher lors de ce week-end princier. Essais libres, qualifications, début d’épreuve : le pilote Ferrari avait survolé les débats et sans la pluie, sans aussi la méprise stratégique de Ferrari, était promis à 25 ou 26 points mérités. Pas superstitieux peut-être, malchanceux sûrement.
Top n°3 : Lots de consolations pour Pierre Gasly
Etrange peut-être de voir un pilote hors du top 10 (il a fini 11e) dans ces tops mais pourtant : Pierre Gasly a presque réussi à écarter une par une les embûches semées par sa propre équipe, AlphaTauri, contre lui et la réussite de son week-end. Tout semblait enfin sourire au Français en début de week-end : rapide, plus rapide que son coéquipier très certainement, Pierre Gasly finissait systématiquement dans le top 7 en essais libres. Et pourtant… il fut éliminé en Q1, sans rien pouvoir y faire. Deux erreurs de son équipe précipitèrent cette précoce élimination : celle de Yuki Tsunoda, coupable d’une erreur déclenchant un drapeau rouge ; celle ensuite de sa propre équipe, coupable de n’avoir pas relancé Pierre Gasly à temps.
En course, Pierre Gasly n’avait rien à perdre et fut logiquement un des premiers pilotes à chausser des intermédiaires. Sur un rythme plus favorable, il régalait le public à deux reprises par un dépassement sur Guanyu Zhou à Mirabeau et un autre, impressionnant, sur le pauvre Daniel Ricciardo dans les « S » de la Piscine. Ce fut certes insuffisant pour remonter dans les points. Top 7 en essais libres, deux dépassements à Monaco… que pouvait faire Pierre Gasly de plus ? Au moins, la confiance, à défaut de la chance, est revenue.
Les flops
Flop n°1 : Ferrari retombe dans ses travers stratégiques
Ferrari était souvent raillée ces dernières années pour le « cirque stratégique » qu’elle proposait lors de grands rendez-vous. Il y avait pourtant du mieux depuis deux ans, mais force est de constater que la Scuderia est retombée dans ses travers à Monaco. Ce fut ainsi une véritable leçon de stratégie, que Hannah Schmitz, chez Red Bull, a infligée à ses confrères de Ferrari. Charles Leclerc en fut la principale victime : Ferrari anticipa mal vers le 15e tour le gain de temps procuré par les intermédiaires, notamment sur les Red Bull ; la confusion apparut au grand jour quand l’ingénieur de Charles Leclerc lui demanda, en l’espace de quelques secondes, de rentrer puis de ne plus rentrer. Très tard, c’était trop tard.
« On a fait des erreurs stratégiques et quand tu es en tête et que tu te retrouves quatrième, quelque chose n’a pas marché » reconnaissait laconiquement Mattia Binotto après l’épreuve. Si la Scuderia veut prouver qu’elle est capable de résister à la pression et de prendre les bonnes décisions stratégiques quand elle joue un titre, si elle ne veut pas faire passer un cliché pour une vérité, c’est le moment de réagir.
Flop n°2 : Daniel Ricciardo, encore et encore…
L’enchaînement est brutal pour Daniel Ricciardo. En l’espace d’une semaine, il subissait un nouveau week-end très décevant à Monaco, une mise sous pression claire de la part de Zak Brown, et un crash et un autre week-end famélique à Monaco. Le premier et le troisième points justifiant certes le deuxième…
A Monaco, Daniel Ricciardo eut donc le malheur de commencer le vendredi après-midi par un lourd crash en EL2, en passant de manière trop agressive sur un vibreur. On dit que les pilotes les moins en confiance dans leur voiture se crashent à Monaco : on a sans doute raison. Quant à sa performance pure, en qualifications surtout, elle fut largement insatisfaisante : Lando Norris battit Daniel Ricciardo de 8 dixièmes en Q2. Le constat est ainsi dur mais implacable pour Daniel Ricciardo... qui ne voit désormais en Pat O’Ward et en Colton Herta pas seulement des pilotes IndyCar, mais ses possibles successeurs.
Flop n°3 : Où sont passés les espoirs de podiums pour Alfa Romeo ?
Avant le Grand Prix de Monaco, on affichait une très grande confiance chez Alfa Romeo. « Nous sommes plus proches des écuries de pointe. Nous aurons probablement un plus grand écart avec le milieu du peloton à Monaco [en notre faveur], un peu plus de marge » annonçait ainsi Xevi Pujolar, le directeur de l’ingénierie en piste de l’équipe. « Nous nous battions pour la quatrième place et nous avons fini sixièmes à Barcelone, donc je veux dire, pourquoi ne pas viser cette quatrième place ou mieux ? ». La réalité fut un brutal rappel à l’ordre pour Alfa car le secteur 3 de Barcelone n’est pas les trois secteurs de Monaco. Valtteri Bottas dut même avouer qu’il ne comprenait pas pourquoi son Alfa Romeo était si lente, et ce n’était pas seulement à cause d’un manque de roulage en essais libres dû à un nouveau problème de fiabilité.
Sans performance, Alfa Romeo devait miser sur la stratégie et là encore, ce fut fort décevant. L’équipe faillit se faire piéger en Q1 en renvoyant ses deux voitures bien trop tardivement – Guanyu Zhou en fit les frais, pas Bottas in extremis. Parti 12e, Valtteri Bottas certes put remonter à la 9e place, mais bien loin donc des trop grands espoirs affichés par l’équipe.
On demande à voir…
Et si Pérez… ?
Plus à l’aise dans la Red Bull depuis le début d’année, Sergio Pérez fait son petit bonhomme de chemin au classement. Il y a une certaine logique à le retrouver si bien positionné (en dépit des consignes de course de Red Bull à Barcelone), à seulement 6 points de Charles Leclerc et 15 de Sergio Pérez. Et si la lutte pour le titre se jouait à 3, et non à 2 ? L’hypothèse ne pourrait presque plus devenir invraisemblable, en particulier si des problèmes de fiabilité venaient à toucher indistinctement les deux Red Bull et au hasard, celle du Néerlandais.
Pérez « malencontreusement » et momentanément devant Max Verstappen au classement ? Voilà bien des migraines, mais des heureuses migraines, en perspective pour Christian Horner. Deux points restent cependant acquis, l’un qui constitue une bonne nouvelle, l’autre une mauvaise pour Checo. La bonne : il a été prolongé chez Red Bull pour deux ans. La mauvaise : comme pilote numéro 2.
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