Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Monaco

Un nouveau raté pour Ferrari, la puissance moteur grande attraction de Montréal

Par Alexandre C.

28 mai 2019 - 18:16
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Hamilton vainqueur, un des tournants comptables de la saison ?

Ce week-end de Monaco restera-t-il comme l’un des tournants de la saison ? Pour la première fois, Mercedes n’a pas réalisé de doublé ; le grand perdant se nomme Valtteri Bottas, relégué à la troisième place. Certes, le Finlandais n’a pas eu de chance aux stands, en ressortant juste aux côtés de Max Verstappen, qui l’a tassé contre le rail. Mais rien de tout cela ne serait arrivé s’il avait signé la pole, la veille. Résultat des courses : Lewis Hamilton remporte une deuxième victoire consécutive et compte désormais 17 points d’avance sur son coéquipier, soit plus de deux victoires d’écart (si les Mercedes signent de nouveaux doublés). Rien d’insurmontable bien sûr, mais cela commence à ressembler à un petit élan pris vers le titre de champion.

Top n°2 : Sainz moissonne encore pour McLaren

En Espagne, Carlos Sainz était loin d’avoir une monoplace lui permettant d’accrocher, à la régulière, une 8e place ; pourtant, l’Espagnol, à la faveur notamment d’un dépassement musclé sur Romain Grosjean, était parvenu à accrocher 4 points. Une fois encore, à Monaco, le pilote McLaren a maximisé toutes les opportunités possibles pour, cette fois-ci, finir « meilleur des autres ». Il partait pourtant derrière Kevin Magnussen, Daniel Ricciardo ou les deux Toro Rosso. A la faveur d’un pilotage enlevé, sans aucune faute, coulé, l’ancien pilote Renault a pu conserver longtemps ses pneus tendres, plus de trente tours, en gardant un rythme comparable à celui des pilotes de pointe. Cette efficacité a validé une stratégie efficace. De quoi permettre à McLaren de conforter sa 4e place au classement des constructeurs, avec une avance désormais appréciable (13 points) sur Racing Point.

Top n°3 : Le samedi réussi de Kevin Magnussen et Daniel Ricciardo

Avant d’arriver à Monaco, Daniel Ricciardo, vainqueur l’an dernier dans sa Red Bull, assurait rêver à un podium ou même à une victoire. Compte tenu des performances de la Renault, l’Australien avait tout pour paraître présomptueux. Il disait, au moins, viser la place de meilleur des autres. Là encore, rien ne semblait acquis. Et pourtant, en Q3, Daniel Ricciardo a réussi un tour sans doute parfait et qui mérite d’être salué : sur une monoplace qui ne valait sûrement pas cette position de 7e meilleur temps, le pilote Renault a réussi à battre les deux Toro Rosso ou la McLaren de Carlos Sainz. Pari validé : de quoi faire taire ses détracteurs de la veille ! Décidément, Daniel Ricciardo se plaît en Principauté.

En course, l’Australien n’a pu confirmer : il a certes pris un bon départ, dépassant Kevin Magnussen pour occuper le 5e rang. Mais l’équipe tricolore a fait un mauvais choix stratégique en le rappelant aux stands sous voiture de sécurité. Daniel Ricciardo n’a donc pu faire mieux que 9e, en doublant virtuellement au finish Romain Grosjean, pénalisé de cinq secondes. Quoi qu’il en soit, le Honey Badger n’a absolument rien à reprocher après son week-end ; et on se plaît à se demander… dans une Red Bull, Daniel Ricciardo aurait-il pu signer la pole ?

La performance de Kevin Magnussen, « meilleur des autres » en qualifications, mérite également d’être saluée. Le pilote Haas a fait parler la poudre après une séance qu’il a qualifiée de meilleure de sa carrière. Le Danois est même passé à 50 centièmes du chrono de Pierre Gasly. Il a été ainsi confirmé qu’avec des pneus plus tendres et des températures plus élevées, la Haas fonctionnait bien mieux. Mais comme Daniel Ricciardo, Kevin Magnussen a vu sa course gâchée par le mauvais choix effectué par son équipe au moment du déploiement de la voiture de sécurité : rentrer aux stands n’était pas une bonne idée. Ce qui est clair, c’est que Haas a, de nouveau, gaspillé de gros points.

Les flops

Flop n°1 : Quand Ferrari fusille le week-end de Charles Leclerc en Q1…

Souvent, ces dernières saisons, Ferrari est prête à prendre des risques en Q1. La Scuderia préfère, quand cela est possible, ne pas faire ressortir ses pilotes pour un dernier relais, en fin de Q1, afin « d’assurer le coup », c’est-à-dire un passage en Q2. Ces risques, calculés savamment le plus souvent, sont pris afin d’économiser un train de gommes pour la suite des qualifications, ce qui peut en effet s’avérer crucial. Pour autant, il importe que la marge de sécurité soit bien calculée pour ne pas risquer le flop d’une élimination en Q1.

C’est exactement ce qui s’est passé pour Charles Leclerc, à Monaco, samedi dernier. La Scuderia estimait que le chrono du Monégasque – qui avait pourtant bloqué les roues à la Rascasse – serait suffisant pour passer en Q2. La Scuderia ne peut plaider un timing trop serré, puisque Charles Leclerc est resté dans son garage lors des quatre dernières minutes delà séance – il avait largement le temps de ressortir. Pour quelques centièmes, le couperet est donc tombé. Erreur stratégique, erreur de l’équipe opérationnelle.

Mattia Binotto a reconnu avoir sous-estimé deux facteurs : l’évolution de la piste et la confiance accrue des pilotes, tour après tour, qui a plus d’importance dans les rues étroites de Monaco que partout ailleurs. Le pire est que Charles Leclerc et Mattia Binotto eux-mêmes avaient sentir venir le coup ; le directeur d’écurie a regretté de ne pas voir ordonné, contre l’avis du muret des stands, de faire repartir son dernier pilote en fin de Q1. Une erreur de jugement très lourde de conséquences, puisqu’elle a causé, par ricochet, l’abandon de Charles Leclerc – pris dans la mêlée du peloton – le lendemain. La presse italienne enrage, la Scuderia s’embourbe.

Flop n°2 : Les Racing Point glissent dans la hiérarchie…

Grâce à de nouvelles ressources financières massives, Racing Point était censé progresser bien plus rapidement en cours de saison, en accélérant les développements techniques sur la monoplace. Les promesses sont aujourd’hui loin d’être tenues. Déjà, les évolutions de Barcelone, massives, avaient fait chou blanc. Sergio Pérez s’en était publiquement inquiété pour le reste de la saison. Les essais privés de Barcelone auraient dû permettre à Racing Point de mieux comprendre ces nouvelles pièces… en vain, au vu du résultat, une nouvelle fois, décevant de Monaco. Il n’y a pas le feu au lac pour Racing Point, qui peut voir venir et qui attend d’ailleurs une nouvelle grosse évolution pour Hockenheim. Mais voici déjà de précieux points gaspillés en route.

Flop n°3 : ... Et les Alfa Romeo aussi…

Le milieu de grille demeure serré, mais sa hiérarchie évolue. En début de saison, les Alfa Romeo étaient plutôt à l’avant du peloton ; désormais, elles naviguent à l’arrière du milieu de grille. La responsabilité en incombe à la course au développement, très intense à ce niveau de compétition, puisque de faibles gains permettent de gagner quelques places au classement. Sur ce plan, Alfa Romeo a adopté un concept d’aileron avant similaire à Ferrari, et comme la Scuderia, peine à faire franchement évoluer ce concept, qui paraît, en tout cas en cette première moitié de saison, moins porteur. Et le départ possible de Simone Resta, le directeur technique, pour Ferrari, n’arrangerait rien à cette situation qui devient préoccupante.

On demande à voir…

Montréal, une étape décisive dans la guerre des moteurs

Le prochain Grand Prix, au Canada, sera crucial dans la course à la puissance et à l’efficacité des V6 du plateau. Et cela, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Montréal est un circuit très exigeant en termes de réaccélération comme de vitesse de pointe : c’est ici, bien davantage qu’à Monaco, que la puissance des moteurs parlera. Ensuite, c’est à cette occasion que Mercedes introduira sa première évolution moteur de la saison. Les Allemands ont profiteront-ils pour égaler ou dépasser la puissance de Ferrari, et ainsi creuser un peu plus l’écart sur le plan de la performance pure ? Ne l’espérons pas, pour préserver ce qui reste de suspense cette saison ! Rappelons que même sans évolution moteur de Mercedes, dans le tunnel de Monaco, le Honda de Max Verstappen perdait régulièrement deux dixièmes sur la Mercedes de Lewis Hamilton…

Enfin, c’est aussi à Montréal que Renault pourrait démontrer ses progrès récents. Après Bahreïn, l’unité de puissance tricolore a dû être bridée pour des raisons de fiabilité, en raison de la défaillance critique d’une bielle, enfin réparée. Les Renault et McLaren pourront de plus compter sur un mode « fête » pleinement fonctionnel et très prometteur, comme l’a révélé Daniel Ricciardo. Bref, la poudre va parler à Montréal !

La jurisprudence Verstappen : les unsafe release seront-ils désormais beaucoup moins sanctionnés ?

Un des faits marquants de la course s’est déroulé juste après l’entrée en scène de la voiture de sécurité. Valtteri Bottas, alors 2e de la course, et ses poursuivants Max Verstappen et Sebastian Vettel, se sont arrêtés en même temps. Comme il s’agissait d’un des seuls moments où dépasser était possible, Red Bull a pris tous les risques et exécuté un arrêt éclair… pour relâcher Max Verstappen alors même que Valtteri Bottas était déjà engagé dans la voie des stands. Les deux hommes sont ressortis côte-à-côte, Max Verstappen n’a rien voulu céder, et Valtteri Bottas a tapé légèrement le rail droit – il a dû regagner les stands un tour après, par crainte d’une jante cassée. Les commissaires ont logiquement ouvert une enquête pour unsafe release : la faute de Red Bull était flagrante. Or les commissaires, emmenés par Mika Salo, ont décidé d’infliger une pénalité minimale au pilote Red Bull : 5 secondes de pénalité.

Pourtant, ces dernières années, de pareils cas avaient été sanctionnés plus lourdement, par 10 secondes de pénalité par exemple, et des pénalités sur la grille lors de la course suivante. Valtteri Bottas a des raisons de s’estimer lésé, puisqu’il a perdu la 2e place d’une manière discutable.

Les commissaires n’ont-ils pas voulu trop lourdement sanctionner Max Verstappen, et ainsi porter atteinte au suspense et au spectacle en course ? Ont-ils décidé de se montrer, cette année, plus cléments que d’habitude, quelles que soient les situations ? On peut pencher pour la première solution : en effet, Antonio Giovinazzi a été sanctionné de 10 secondes pour une faute qui semblait moins grave (un dépassement osé à la Rascasse sur une Williams). Dès lors, il est légitime de se demander si la jurisprudence Verstappen ne s’appliquera pas lors des courses à venir. Si les commissaires sanctionnent plus lourdement des unsafe release similaires, la FIA sera accusée de privilégier Max Verstappen sur le commun des mortels ; si les unsafe relase sont désormais sanctionnés de seulement 5 secondes, les équipes seront tentées de prendre plus de risques aux stands, au détriment de la sécurité. Bref, la FIA s’est peut-être tirée une balle dans le pied à Monaco…

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