Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Grande-Bretagne
Fortunes et infortunes du côté des pilotes Red Bull
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Verstappen, un meilleur tour qui coûte une victoire ?
Max Verstappen n’a une fois encore rien à se reprocher au terme de ce premier week-end de course à Silverstone. Le pilote Red Bull a de nouveau largement dominé son coéquipier Alexander Albon, et surtout, aurait pu signer un résultat incroyable avec un poil de chance supplémentaire. En définitive, le pilote Red Bull apparaît toujours comme le seul à surnager derrière les Mercedes… même si l’écart demeure massif en performance pure.
Ainsi en qualifications, Verstappen finissait à plus d’une seconde de Lewis Hamilton. En course, il affichait un retard de trois dixièmes au tour en début d’épreuve sur les Flèches Noires, sans jamais pouvoir jouer l’undercut. Et pourtant, il avait à plus de 30 secondes d’avance de Charles Leclerc en fin d’épreuve, loin devant le reste du peloton. C’est d’ailleurs cette avance qui a poussé son équipe à l’arrêter pour chausser les tendres, et ainsi signer le meilleur tour. Avec succès… mais l’histoire aurait pu être différente avec peut-être une victoire incroyable sur les deux Mercedes ayant crevé (mais Max Verstappen aurait pu tout aussi bien crever, si bien qu’il n’avait pas de regrets après-course). Qu’importe avec les « si », voyons les faits. Au classement, Max Verstappen est seulement à 6 points de Valtteri Bottas, avec un score blanc de chaque côté : chapeau !
Top n°2 : Leclerc surnage encore : 50 % de podiums !
Un autre pilote dans le paddock tire la quintessence d’une monoplace parfois instable – et ô combien puisqu’il s’agit de la peu redoutable SF1000. Nous évoquons ici bien sûr Charles Leclerc, qui comme il l’avoue lui-même, a signé un podium « inattendu » voire inespéré à Silverstone. Mais c’est sa performance en qualifications qui fut peut-être la plus impressionnante : une 4e place, à seulement 1 dixième de Max Verstappen. En course, il a également su très bien gérer ses pneus, en dépit de réglages aérodynamiques agressifs qui le faisaient gagner en vitesse de pointe, et donc perdre en appui en virages (au détriment de l’usure pneumatique). Certes, Charles Leclerc reconnaissait avoir été aidé par la stratégie décalée de Romain Grosjean (qui a retenu les McLaren et les Renault). Mais les faits sont encore là : 50 % de podiums avec une voiture de milieu de grille, ce n’est pas si mal ! Le pilote Ferrari peut se désoler d’avoir vécu ne course quelque peu solitaire, mais ne pas avoir à lutter face aux Racing Point, McLaren et autres Renault est déjà une petite victoire en soi.
Top n°3 : Avec McLaren, Renault et Gasly, le milieu de grille brille
Entre des McLaren sur le pont, des Renault en grande forme, et un Pierre Gasly « déchaîné » selon ses propres mots, difficile de discriminer les meilleures des performances dans un milieu de grille toujours plus compétitif ! Les McLaren et les Renault se sont illustrés en plaçant leurs deux voitures en Q3, et avec un très bon rythme de course. Au finish, ce sont cependant les Renault qui l’ont emporté, grâce notamment à une meilleure tenue des Pirelli : de bon augure pour l’équipe française (passée à un cheveu d’un podium…) qui valide ainsi ses évolutions, et qui devrait même être en meilleure forme le week-end prochain à Silverstone. McLaren a-t-elle boxé légèrement au-dessus de sa catégorie ? L’avenir le dira.
Ce que le présent confirme certainement, c’est bien l’exceptionnelle prestation de Pierre Gasly dans son AlphaTauri. Le Français s’est qualifié à ce qui est peut-être la meilleure place possible pour sa stratégie (11e) et surtout a livré une prestation de toute beauté en course. Rappelons justement qu’il avait été désavantagé par la voiture de sécurité (deux places de perdues) et qu’il est malgré tout parvenu à revenir, comme un boulet de canon, en deuxième moitié de course, pour s’offrir une Ferrari (Sebastian Vettel) et une Racing Point (Lance Stroll). Après la course, le Normand a estimé avoir livré une de ses meilleures prestations en carrière, et il avait sans aucun doute raison. Une excellente prestation de plus qui confirme que Pierre Gasly se plaît bien plus à Faenza qu’à Milton Keynes…
Les flops
Flop n°1 : Albon, la troisième AlphaTauri du plateau
Dans un tout autre état d’esprit, la mauvaise passe traversée actuellement par Alexander Albon chez Red Bull rappelle, justement, les heurts et malheurs de Pierre Gasly l’an dernier. Le Thaïlandais était déjà sous pression, avec un changement d’ingénieur de course (retour de l’expérimenté Simon Rennie) qui tonnait en forme d’avertissement, quoique Red Bull puisse dire (on sait depuis l’an dernier qu’il ne faut certainement pas faire toute confiance aux propos de Christian Horner…).
En EL2, le cauchemar se poursuivait pour Alexander Albon, avec une voiture quasiment détruite suite à un crash violent à Stowe. La monoplace ne serait reconstruite qu’en EL3 (que le pilote manquera d’ailleurs en bonne partie pour un problème de batteries). Enfin, le rythme de course d’Albon fut une fois de plus décevant. Il se distingua d’ailleurs une nouvelle fois par un comportement limite en course, avec un dépassement tenté inutilement sur Kevin Magnussen dans un virage où personne ne double : la sanction fut logique, 5 secondes de pénalité. La suite fut une lente et pénible remontée, plus efficace en fin de course certes, mais qui laissera tout de même une Red Bull finir derrière une AlphaTauri.
Flop n°2 : Racing Point ouvre la saison des vendanges en avance
La saison 2020 de Racing Point rappelle, pour le moment, celle de Williams en 2014 : une monoplace très compétitive, mais beaucoup d’occasions manquées lors des premières épreuves. Ce week-end à Silverstone restera comme un paradigme en la matière.
Tout avait très bien commencé pour Lance Stroll, avec un meilleur temps en EL2. Nico Hülkenberg, le joker surprise, montait lui peu à peu en puissance. Les qualifications sonnèrent comme un premier avertissement : d’un côté, Nico Hülkenberg signait une 13e place, honorable, mais sa progression en EL3 laissait peut-être entrevoir davantage ; tandis que Lance Stroll ne signait que le 10e temps en Q2, en médiums – à égalité stricte avec Pierre Gasly, mais qui avait signé, plus tard que lui, un tour en tendres. Il s’en était fallu cependant de peu pour que le risque pris par Racing Point fut sanctionné. Or, la course fut encore plus décevante que la Q2 ou la Q3 (Lance Stroll battu par Lando Norris). En effet, coincé au départ, Stroll a manqué d’agressivité ou tout simplement de rythme pour dépasser les McLaren ou les Renault qui semblaient pourtant à sa portée ; il a souffert avec l’équilibre de sa voiture, ce qui a au passage détruit ses pneus. Ainsi en fin d’épreuve, Stroll fut une proie facile pour Pierre Gasly ou Alexander Albon. Pendant ce temps, Nico Hülkenberg ne pouvait pas même prendre le départ, en raison d’un problème de vis… Vous avez dit occasions manquées ?
Flop n°3 : Grosjean zigzague, même au moment d’assumer ses torts
Romain Grosjean n’a pas réalisé une mauvaise course en Grande-Bretagne, même s’il ne fut pas aidé par la stratégie aventureuse, mais finalement inefficace de son équipe (arrêt tardif après un relais de 35 tours en médiums, sans profiter de la voiture de sécurité).
Le Français s’est en revanche distingué par une série de gestes anti-sportifs en se décalant plusieurs fois alors qu’il allait se faire doubler. Ces changements de trajectoire sont sanctionnables et la FIA ne s’y est pas loupée, avec un drapeau noir et blanc infligé au pilote Haas. Plus regrettable encore fut l’attitude du pilote français après la course, qui est un de ceux (au contraire de Lando Norris ou Charles Leclerc par exemple) ayant le plus de mal à assumer ses erreurs. Il a tout d’abord rappelé à la radio qu’il avait laissé de la place en piste , ce qui est hors-sujet (la FIA sanctionne le changement de trajectoire, non la place laissée) et quelque peu de mauvaise foi ; après course, il en rajouté, estimant qu’aucune règle n’interdit cette pratique, ce qui est faux ; enfin, il a rappelé que Max Verstappen fait la même chose, ce qui est également faux depuis… 2017 ! Mark Webber, après la course, a ainsi qualifié de « borderline » l’attitude de Romain Grosjean et on ne peut que lui donner raison. De la part du directeur du GPDA, on attend autre chose !
On demande à voir…
Faut-il imposer deux arrêts aux stands obligatoires ce week-end ?
On retiendra de ce dernier Grand Prix, bien évidemment, le psychodrame des Pirelli en fin d’épreuve. A qui la faute, dans les crevaisons rapides de Carlos Sainz et des deux Mercedes ? Lando Norris, après l’épreuve, semblait pointer du doigt Pirelli… remettant au passage en cause l’ensemble du travail du manufacturier : « Dès le premier tour, on ne peut pas attaquer comme on le voudrait. Vous ne pouvez pas attaquer en sous-virant, dès que vous le sentez vous ralentissez. Si vous utilisez ce sous-virage au premier tour. » Certes, l’historique de Pirelli (les délaminations de 2013, la double crevaison de Kimi Räikkönen et Sebastian Vettel en 2017) ne plaide pas pour la firme milanaise. Mais cette année, la vérité est différente.
Pirelli a ainsi avancé dans un communiqué la raison officielle, dévoilée par l’enquête du manufacturier : les pilotes ont fait 40 tours (une dizaine au-dessus de la limite prescrite par Pirelli) en durs en raison de l’entrée en piste de la voiture de sécurité au 13e tour ; or Silverstone est l’un des circuits les plus exigeants pour les pneus (c’est d’autant plus vrai en cette période où les F1 n’ont jamais eu autant d’appui aérodynamique).
Puisque Pirelli n’est pas en cause, mais bien plutôt les équipes, et puisque la sélection plus tendre a été confirmée pour ce week-end, la FIA doit donc rapidement se poser une question fondamentale : faudra-t-il obliger les équipes à observer deux arrêts aux stands (voire trois) au minimum en course ? Ce serait une première… mais qui pourrait éviter des accidents, sait-on jamais, gravissimes (imaginons une voiture délaminer au beau milieu des virages à haute vitesse). Le spectacle ne doit pas être compromis par la sécurité, comme la Fédération ne cesse jamais de le rappeler…
Pirelli
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