Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de France

McLaren brille, Haas en pleine déprime

Par Alexandre C.

25 juin 2019 - 11:15
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Mercedes assoit sa domination et bat le record du nombre de premières lignes

Au Paul Ricard, Mercedes a continué d’écrire l’histoire de la F1. L’écurie allemande a verrouillé sa 63e première ligne : le record absolu de 62, détenu conjointement avec McLaren, Williams et Ferrari, est d’ores et déjà battu ! Mercedes a également remporté sa 10e victoire d’affilée (en comptant la fin de saison dernière) : le record de 11 victoires consécutives, propriété de McLaren (et établi en 1988 par Senna et Prost) est aussi, désormais, à la portée de l’équipe allemande.

Ces simples statistiques indiquent combien Mercedes est en train d’affoler les compteurs cette saison. Au Paul Ricard, circuit où la vitesse de passage en courbes rapides et à moyenne vitesse est décisive, l’équipe de Toto Wolff a fait une fois de plus parler sa supériorité, et a confirmé que c’était bien l’exploitation des Pirelli ainsi que l’appui général de la monoplace qui faisaient la différence, face à Ferrari ou Red Bull. Mercedes semblait même conserver bien de la performance en réserve, dimanche dernier : le meilleur tour de Lewis Hamilton n’était qu’à 24 millièmes du record établi par Sebastian Vettel, qui avait pourtant chaussé des tendres un tour avant le drapeau à damiers. Et si Charles Leclerc a rejoint la boîte de vitesses de Valtteri Bottas dans les dernières boucles, c’est surtout parce que le Finlandais a souffert de coupures moteurs et de cloquage sur ses pneus. En somme, ce nouveau doublé, le 6e en 8 courses, assoit un peu plus la domination de Mercedes cette année, et on ne voit désormais plus bien ce qui pourrait l’empêcher de glaner, à nouveau, les deux titres mondiaux.

Top n°2 : Meilleures qualifications depuis 2014 pour McLaren !

Il y a quelques courses, Carlos Sainz avait très expressément demandé à McLaren de lui fournir la 4e meilleure voiture du plateau. Un vœu exaucé par l’écurie de Woking. Au Paul Ricard, les évolutions apportées sur la MCL34 ont fonctionné mieux que prévu, au point que Lando Norris ait dû démentir l’apparition d’une « évolution secrète » sur la monoplace orange. Cinquième et sixième des qualifications, Lando Norris et Carlos Sainz ont réussi le meilleur samedi de McLaren depuis le Grand Prix de Russie 2014, où Jenson Button et Kevin Magnussen s’étaient qualifiés quatrième et sixième. En Autriche en 2016, Jenson Button avait pris le départ troisième mais le résultat des qualifications de McLaren était une cinquième et une 14e places. En course, le rythme des monoplaces était légèrement en-deçà du rythme sur un tour – à l’inverse de la tendance aperçue depuis le début de la saison. Carlos Sainz a cependant réussi à vivre une course tranquille et solitaire pour rallier l’arrivée en 6e place, comme il l’espérait. Lando Norris tenait la 7e place avant de connaître un problème hydraulique ; emmené au large par un Daniel Ricciardo finalement pénalisé, le rookie n’a rejoint l’arrivée qu’en 9e place (après pénalité de Daniel Ricciardo), mais peut tout de même se satisfaire de son titre de pilote du jour.

McLaren, 4e force du plateau ? Cela semble se confirmer, mais la course au développement sera rude avec Renault et consorts. Comme le pressent Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1, c’est peut-être sur l’opérationnel et l’exécution que se jouera la 4e place du classement des constructeurs.

Top n°3 : Russell, une seule séance d’essais libres mais 5 dixièmes devant Kubica

George Russell parmi les tops ? Cela peut sembler incongru, puisque pour la première fois de la saison, le rookie a été battu par son coéquipier Robert Kubica en course. Cependant, il faut bien rappeler que l’Anglais a dû s’arrêter une deuxième fois aux stands, ce qui n’était pas prévu. Son aileron avant a été endommagé par un choc contre un panneau d’affichage en polystyrène… alors même que George Russell tentait une manœuvre, à l’extérieur, pour dépasser un Robert Kubica pugnace (ou désespéré ?) dans les premiers tours. En dépit de ce deuxième arrêt et de ces dégâts, le champion de F2 a fini à 13 secondes de son coéquipier, alors qu’un arrêt coûte presque 30 secondes au Paul Ricard.

Mais si George Russell figure dans les tops, c’est aussi et surtout pour récompenser une efficacité maximale en qualifications. Il n’avait pu rouler en EL1 (Nicholas Latifi était dans son baquet) ni même en EL3 (problèmes moteur). En dépit de ce temps de piste très réduit, il a tout de même réussi à coller 5 dixièmes en Q1 à Robert Kubica – le Polonais ne l’a toujours pas battu en qualifications cette année. Paradoxalement, ce week-end français a ainsi montré combien George Russell pouvait être plus performant que son coéquipier, avec quasiment trois fois moins de temps passé dans le baquet. Ouch…

Les flops

Flop n°1 : L’inquiétude grandit autour du spectacle

Hormis des derniers tours animés (bataille entre Valtteri Bottas et Charles Leclerc, et entre Kimi Räikkönen, Daniel Ricciardo, Lando Norris et Nico Hulkenberg), le Grand Prix de France a été mou, terne, voire insipide. Le suspense pour les places situées dans le top 5 n’a tout simplement jamais existé. En réalité, ce Grand Prix a démontré combien, à la régulière, la domination franche de Mercedes, alliée à la forme étincelante de Lewis Hamilton, annihilaient le suspense comme le spectacle en tête de la course. Pire, le règlement en place n’aide pas à améliorer le spectacle : Charles Leclerc a ainsi publiquement avoué, à la radio, qu’il ne voulait pousser pour revenir sur Valtteri Bottas, de crainte d’abîmer les pneus. Il faut imaginer l’incompréhension voire l’agacement des téléspectateurs néophytes qui ont regardé la course (diffusée gratuitement sur TF1 le week-end dernier). Toutes les espérances, pour enfin rapprocher les performances, sont placées davantage dans la grande refonte des règles, prévue pour 2021. Mais la F1, dont les audiences risquent de souffrir, peut-elle se permettre d’attendre ?

Flop n°2 : Gasly hors-sujet, la pression commence à monter

Lors des courses précédentes, Pierre Gasly avait commencé à réduire l’écart conséquent le séparant de Max Verstappen… Hélas, devant son public, le Normand a connu probablement son week-end le plus décevant de la saison. Pourtant, en essais libres, le pilote Red Bull tenait encore relativement la comparaison face à son coéquipier. C’est en qualifications que tout s’est compliqué. Pierre Gasly est rentré de justesse en Q3… mais en pneus tendres. Ce choix stratégique s’est avéré très peu rémunérateur en course (mais pas aussi désastreux que dans le cas d’Antonio Giovinazzi). En course, handicapé par un arrêt aux stands nécessairement précoce, Pierre Gasly n’a jamais trouvé le rythme et a fini tout juste dans les points grâce à la pénalité de Ricciardo – et Sergio Pérez klaxonnait derrière lui dans les derniers tours. Pourquoi une telle contre-performance ? Il s’est plaint tout le long d’une monoplace en glisse permanente... L’explication tient à un changement de réglages, imposé par l’équipe entre les EL3 et les qualifications. C’est alors que Pierre Gasly a perdu pied. L’excuse est valable, mais Pierre Gasly va sûrement commencer à sentir la pression monter dans les prochaines courses, s’il ne redresse pas la barre, en finissant au moins devant le milieu de grille.

Flop n°3 : Dans l’impasse, Haas n’accuse plus les Pirelli… mais la VF-19

Jusqu’à présent, en cas de contre-performance, Haas accusait non le potentiel intrinsèque de sa VF-19, une monoplace censée être très bien née, mais les Pirelli. Günther Steiner n’avait ainsi pas de mots assez durs, ces dernières semaines, pour vilipender le comportement erratique et imprévisible des Pirelli. Haas disait, en particulier, avoir des difficultés à bien faire chauffer les pneus, pour les mettre dans leur bonne fenêtre de fonctionnement. Mais au Paul Ricard, après un nouveau week-end passé en fond de grille (« le pire de l’histoire de Haas » selon Günther Steiner), pour la première fois de l’année, Romain Grosjean a publiquement accusé non les Pirelli, mais tout simplement la performance pure de sa monoplace. Selon le pilote français, Haas aurait « perdu la course au développement. ») Le mal serait ainsi bien plus profond et structurel au sein de l’équipe américaine… Günther Steiner envisage même de tirer, d’ores et déjà, un trait sur cette saison afin de se concentrer sur le développement de la voiture de l’an prochain. Pendant que Pirelli se console, Haas s’enfonce…

On demande à voir…

La nouvelle spécification Mercedes va-t-elle montrer ses limites au Red Bull Ring ?

Le Red Bull Ring sera bien davantage un circuit de puissance moteur que le Paul Ricard – même si le circuit autrichien compte aussi des virages assez lents. Or, sur le plan de la performance moteur, Ferrari semble avoir une longueur d’avance sur Mercedes à ce stade. Certes, la vitesse de pointe n’est pas un indicateur fiable : si Ferrari est aussi véloce en lignes droites, c’est aussi parce qu’elle a moins d’appuis (et à l’inverse, Mercedes a un moteur assez puissant pour lui permettre d’avoir plus d’appuis, ce qui permet de mieux exploiter les pneus).

S’il fallait s’inquiéter du côté de Mercedes, ce serait ainsi peut-être davantage du côté de la fiabilité. Car la fiabilité de la spécification B de l’unité de puissance n’a guère rassuré, depuis son introduction à Montréal. En France, Valtteri Bottas a souffert de coupures moteur en fin d’épreuve ; des problèmes de refroidissement ont été notés sur les monoplaces argentées ; George Russell est parti en fond de grille après des problèmes rencontrés en EL3 ; et à Montréal, Lewis Hamilton avait failli manquer le départ en raison d’un problème de pression hydraulique lié à une fuite de carburant. Cela fait tout de même beaucoup en deux courses. Or au Red Bull Ring, le refroidissement et la fiabilité des V6 seront mis à rude épreuve. C’est justement en Autriche l’an dernier, que Lewis Hamilton avait abandonné après avoir perdu la puissance de son moteur Mercedes. On imagine ainsi que les ingénieurs moteur à Brackley, abordent le rendez-vous de Styrie avec une certaine anxiété…

Alfa Romeo, un retour en forme durable ?

Après trois courses hors du top 10, Alfa Romeo et Kimi Räikkönen ont renoué avec les points au Paul Ricard (7e place du Finlandais). La veille en qualifications, Antonio Giovinazzi avait réussi un joli coup en se glissant, pour la deuxième fois de la saison, en Q3. A quoi attribuer ce regain de forme d’Alfa Romeo, seule équipe de milieu de grille à avoir pu lutter contre McLaren et Renault en course ? Aux récentes évolutions apportées sur la monoplace blanche et rouge ? Ce serait l’idéal pour l’équipe de Frédéric Vasseur, puisque cela voudrait dire que certains problèmes structurels de la voiture auraient été résolus, de manière durable. Ou bien… à un simple hasard de circonstances ? Chez Haas, on a sous-entendu que Alfa Romeo s’était trouvé « par accident » dans la fenêtre de fonctionnement idéale des pneus Pirelli, sans trop savoir pourquoi… Alfa Romeo a-t-elle alors, pour de bon, trouvé la clef pour débloquer plus de performance ? La réponse dès cette semaine, au Red Bull Ring…

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