Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Belgique
Ferrari en pleine tempête
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Top n°1 : Hamilton panthérise le championnat
La Panthère noire sur la Flèche Noire… Lewis Hamilton a continué d’impressionner et d’accroître son avance en tête du championnat ce week-end en Belgique. Seul dans sa catégorie, le pilote Mercedes n’aura eu vraiment peur qu’au départ, après un « snap » à La Source, et alors que Valtteri Bottas était dans son aspiration. Ce que l’on voudrait plutôt mettre en avant, à cette occasion, du côté de Lewis, est plutôt son superbe tour de qualifications, en Q3 : plus de cinq dixièmes devant Valtteri Bottas ! Un écart considérable avec une même voiture, même sur un circuit aussi long que Spa. Ce tour de qualifications a souligné les progrès de Lewis dans cet exercice du tour rapide - alors que Valtteri Bottas le mettait en difficulté l’an dernier. Comment Hamilton a-t-il autant progressé ? Il l’a dit lui-même en conférence de presse : il a beaucoup travaillé dans le simulateur, avec ses ingénieurs, notamment sur son style de pilotage et ses réglages. Hamilton est un énorme travailleur, un redoutable metteur au point et tous ceux qui auraient encore à l’esprit l’image d’un Lewis qui se divertit ou se déconcentre avec ses engagements extra-sportifs, en prendront pour leur grade…
Top n°2 : La fusée Renault décolle dans les Ardennes
Quelle vitesse, et quel moteur ! En Belgique, Renault a tout simplement signé son meilleur week-end depuis son retour en F1 (23 points marqués contre 22 à Monza l’an dernier). L’équipe française a prouvé de nouveau qu’elle était particulièrement compétitive avec très peu d’appui, grâce à une vitesse de pointe redoutable. Plus remarquable encore : malgré ces réglages à peu d’appui, les Renault ont finalement très bien conservé leurs pneus, contrairement à Max Verstappen par exemple, ce qui a même permis à Daniel Ricciardo de fondre sur la Red Bull (qui gérait l’écart) en fin d’épreuve. Cerise sur le gâteau, Daniel Ricciardo a même signé le meilleur tour dans la toute dernière boucle : le premier meilleur tour de Renault depuis dix ans ! Dans le même temps, Esteban Ocon s’est rassuré sur son potentiel par un dépassement courageux sur Alexander Albon dans le dernier tour. Voici ce que l’on veut voir de la part d’un grand constructeur !
Top n°3 : Pilote du jour et hommage à jamais : Gasly continue sa bonne série
Dans un week-end hommage à son ami Anthoine Hubert, Pierre Gasly a confirmé qu’il était plus que jamais l’un des hommes en forme de ce championnat. En qualifications, le Français a pourtant légèrement déçu, finissant, pour la première fois depuis dix courses, derrière son coéquipier Daniil Kvyat, pour quelques centièmes. « Pff, ça me saoûle » confiait-il, très honnête, à Canal + après les qualifications. De la 12e place, et avec des durs, Gasly n’aurait pas dû, sur le papier, être aussi à l’aise dans les premiers tours. Et pourtant ! Il a littéralement volé, remontant jusqu’à la 8e place. Or la voiture de sécurité est sortie au plus mauvais moment pour lui : en durs, Pierre Gasly a dû continuer sur son premier relais et a été le seul, à Sergio Pérez, à ne pas s’être arrêté. Il est alors ressorti, logiquement, en queue de peloton. S’en est suivie une superbe remontée, où Pierre Gasly n’a commis aucune erreur pour atteindre le 8e rang. Qualifications un peu loupées, durs en début d’épreuve, voiture de sécurité malchanceuse pour la stratégie : Pierre Gasly a su triompher de toutes les embûches pour mériter, haut la main, son titre de pilote du jour. Un bel hommage, un an après.
Les flops
Flop n°1 : La catastrophe industrielle chez Ferrari ne se résume pas au moteur
Affligeante, déplorable ou ridicule : Ferrari a récolté tous ces qualificatifs à la fois ce week-end en Belgique. La Scuderia a terminé hors des points, dans le ventre mou, et cela, totalement à la régulière, confirmant les résultats désastreux des qualifications. Chacun connaît la raison principale de ce flop majuscule : la puissance anémique du bloc Ferrari. Ce qui est encore moins excusable, c’est que la déroute de la Scuderia ne s’explique pas seulement par ce problème d’unité de puissance. Il n’y a qu’à voir les résultats des Alfa Romeo et des Haas : à moteur égal, Ferrari devrait être largement devant ses clientes. Ce ne fut pas le cas en qualifications comme en course : c’est ainsi Kimi Räikkönen, sur son Alfa Romeo, qui aura signé le meilleur résultat de l’unité de puissance italienne, pour le 1000e Grand Prix d’un bloc Ferrari. Il y a donc aussi un sévère problème châssis à Maranello : est-ce parce que la voiture a été conçue en partant du principe que le moteur serait surpuissant, permettant de faire des compromis aérodynamiques ? Peut-être.
Ferrari est d’autant moins à excuser que même sur le plan opérationnel, rien ne va. Charles Leclerc et Sebastian Vettel ont encore manqué de peu de s’accrocher aux Combes, illustrant le vide absolu du management de Mattia Binotto en la matière. Autre problème majeur : les deux arrêts aux stands de Charles Leclerc se seront très mal passés, notamment en raison d’un problème de pressurisation. « Oh putain de sa race ! » a même lâché le Monégasque, légitimement excédé, à la radio. De plus, alors que la voiture de sécurité entrait en piste, le stand Ferrari n’était pas prêt – à l’inverse bien d’autres équipes. C’est pourtant ce que l’on prévoit dans tout plan de course. Et ce n’est pas tout ! La stratégie fut aussi erratique : on a fait trop longtemps hésiter Charles Leclerc entre Plan B et Plan C, alors qu’il fallait vite choisir puisque dans un cas, Leclerc devait pousser et dans l’autre économiser. Leclerc lui-même s’en étonnait… Quant à Sebastian Vettel, on ne l’a jamais fait arrêter en dépit de ses demandes répétées. On peut se sentir gêné ou peiné par les performances de Ferrari ; on peut aussi se dire que l’on ne récolte que ce que l’on sème.
Flop n°2 : Racing Point a eu les yeux plus gros que le ventre
Sur le toboggan des Ardennes, Racing Point était traditionnellement rapide : en 2018, la structure Force India-Racing Point avait même réussi d’impressionnantes qualifications (Ocon 3e, Pérez 4e). Logiquement, en 2020, avec une Mercedes rose très compétitive, Racing Point s’attendait à très bien performer. Cependant rien en fut évident pour les Roses, qui étaient la 4e voire la 5e équipe la plus rapide seulement, derrière Renault et peut-être McLaren. Racing Point a mis un moment à réaliser son « nouveau » statut de 5e force ce week-end, semblant demeurer dans le déni : même en Q2, Sergio Pérez et Lance Stroll ont tous deux tenté le pari des médiums qui s’est vite avéré impossible à tenir. En course, ce ne fut pas mieux : les Racing Point manquaient tout simplement de rythme et Lando Norris comme Pierre Gasly, pourtant peu verni par la stratégie, ont pu passer devant. La stratégie était aussi très critiquable pour Sergio Pérez, qui n’est pas rentré aux stands lors de l’entrée en piste de la voiture de sécurité, alors qu’il était parti en tendres. Alors que Racing Point a arrêté le développement de sa RP20, la question peut être posée : et si la hype rose s’arrêtait ?
Flop n°3 : Antonio Giovinazzi, un deuxième secteur qui lui coûtera cher ?
Décidément ! Antonio Giovinazzi a le don de se faire remarquer de la plus mauvaise des manières dans le deuxième secteur à Spa. L’an dernier, l’Italien crashait son Alfa Romeo à Pouhon dans le dernier tour alors qu’il était 9e. Cette année, il ne jouait pas les points et c’est un peu plus bas dans le circuit qu’il s’est envoyé dans le mur, de manière un peu maladroite (et assez rare pour un pilote de F1). Le même jour, de manière symbolique, Robert Schwartzman et Mick Schumacher signaient le doublé pour Prema lors de la course sprint en F2 : ces deux jeunes loups de l’académie Ferrari, avec Ilott, aussi en lice pour le championnat, continuent de taper à la porte d’Alfa Romeo (et de Haas). Frédéric Vasseur a assisté à cette course sprint et quand il a vu Antonio Giovinazzi dans le mur, nul doute que l’envie d’essayer autre chose dans l’académie Ferrari lui aura traversé l’esprit…
On demande à voir : Renault peut-elle viser un podium à Monza ?
Initialement prévue pour Spa, l’interdiction des modes qualifications ou mode fête entrera finalement en vigueur à Monza… sur le circuit, justement, où la puissance moteur compte le plus. Qu’est-ce que cette interdiction changera ? Pas grand-chose, a déjà prévenu Lewis Hamilton ; et Toto Wolff a assuré qu’en pouvant rouler avec un mode plus agressif en course (puisque le moteur aura été économisé en qualifications), Mercedes pourrait même plus performante. Les regards se tourneront alors vers Renault : au vu de la compétitivité de la monoplace tricolore en lignes droites à Spa, Renault peut-elle espérer son premier podium depuis son retour ? Tous les espoirs sont permis.
Cependant, il faut garder à l’esprit que les réglages aérodynamiques des voitures étaient chacun différents à Spa : par exemple, Lewis Hamilton avait une vitesse de pointe plutôt faible mais dépotait dans le deuxième secteur, avec une configuration aérodynamique calquée pour les virages. A l’inverse, Esteban Ocon était un véritable dragster : à la peine dans le deuxième secteur (celui des virages), il regagnait presque une seconde dans les premier et troisième secteurs. Or à Monza, chaque équipe roulera avec les mêmes réglages aérodynamiques, avec très peu d’appui, ce qui rend ce Grand Prix assez spécial. La hiérarchie de Spa pourrait ainsi être légèrement différente. Mais peu importe, podium ou non, Renault devrait être très bien placée pour viser de nouveau de gros points.
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