Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix de Bahreïn
Des soulagements et beaucoup d’interrogations sur la sécurité
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Le halo et la cellule de survie, vitaux au premier sens du terme
Le Grand Prix de Bahreïn 2020 restera pour longtemps dans les mémoires après le crash effroyable ayant affecté la Haas de Romain Grosjean. Ce que la F1 ne peut maîtriser dans ce cas-là, c’est l’enchaînement des circonstances qui ont conduit la Haas à sortir violemment de sa trajectoire. Ce qu’elle peut maîtriser en revanche, ce sont bien toutes les mesures de sécurité permettant d’augmenter les chances d’un pilote de s’en sortir, sans une blessure grave ou mortelle. En l’espèce, la cellule de survie a bien porté son nom dans le cas de Romain Grosjean, et le halo, une fois de plus (rappelons-nous l’incident de Charles Leclerc à Spa, avec Sauber en 2018) a probablement sauvé la vie d’un pilote, empêchant Romain Grosjean d’être décapité.
La survie de Romain Grosjean tient peut-être de la chance, mais elle doit sûrement davantage aux mesures de sécurité prises, ces dernières années, pour renforcer la sécurité. Le tonneau de Lance Stroll a également révélé toute l’utilité de cet instrument sécuritaire. Où sont les pilotes qui disaient, il y a quelques années, que le halo était à la fois inesthétique et inutile ? Bien évidemment, c’est à eux de se faire tout petits aujourd’hui. L’engagement ferme de Jean Todt à pousser pour que le halo soit introduit, à la suite de l’incident mortel de Jules Bianchi à Suzuka 2014, a ici payé et doit être salué – comme doivent être salués la formidable résilience, le sang-froid incroyable, et le courage hors du commun de Romain Grosjean qui a résisté à un choc de 53G et aux flammes de sa monoplace…
Cette fin « heureuse » ne doit pas pour autant conduire la FIA à relâcher sa garde, et Michael Masi, le directeur de course de la FIA, en particulier – que l’on repense à la grue présente en piste en Q2 en Turquie, ou au commissaire de piste traversant la piste à Bahreïn, coupant la route de Lando Norris, il y a un relâchement coupable en la matière. La question des rails en métal devra être aussi posée. Mais sur le moment, réjouissons-nous des progrès effectués ces 20 et même 5 dernières années.
Top n°2 : Un 2e podium pour Pérez, avant que…
Quel dommage, et quel déchirement pour Sergio Pérez ! Le Mexicain est passé à quelques tours d’un deuxième podium d’affilée particulièrement mérité à Bahreïn. Le pilote Racing Point avait d’abord fait le travail en qualifications, en étant (avec des réglages orientés course…) 5e derrière un Alexander Albon en légers progrès. Dans le même temps, Lance Stroll était 13e (mais une erreur de son équipe l’avait fait repartir en médiums usagés en Q2).
En course, parti en médiums, Sergio Pérez a de nouveau fait parler sa science des Pirelli en préservant très bien ses pneumatiques. Son rythme était très, très solide, y compris en durs pendant le deuxième relais – presque égal à celui de Max Verstappen. Irrattrapable même par la Red Bull d’Alexander Albon, Sergio Pérez aurait dû logiquement terminer sur le podium, avant que son unité de puissance Mercedes n’en décide autrement. Qu’importe : il aura prouvé qu’il mérite de rester en F1 l’an prochain. Mais symboliquement, sa défaillance moteur a permis à Alexander Albon de finir sur le podium à sa place… Un signe ?
Top n°3 : Sainz fonce dans le peloton et rattrape 10 places
Victime d’une défaillance de freins d’origine électrique en Q2, Carlos Sainz était très colère : il savait qu’en s’élançant 15e, et dans un milieu de grille très serré, sa tâche s’annonçait difficile. C’est pourquoi le pilote McLaren fut le seul à faire un choix très audacieux en début de course, celui des tendres. Et le pari a payé. Avec ces pneus, et profitant des malheurs de Valtteri Bottas ou de Sebastian Vettel, Carlos Sainz a filé tout droit dans le top 10. Il aura aussi particulièrement bien tenu ses tendres (parfois plus que les médiums pour d’autres pilotes), comme ses durs dans la deuxième moitié de la course. Il n’a de plus commis aucune erreur en dépassant, par exemple sur Charles Leclerc. Sur un rythme supérieur à celui de Lando Norris, Sainz aurait même pu rejoindre son coéquipier pourtant parti bien plus haut sur la grille, sans un arrêt aux stands (de nouveau) trop lent. Sainz était dans le top 3 des pilotes du jour et il ne l’a pas volé : sa course, bien que discrète fut de nouveau très sérieuse et solide, validant le choix de Ferrari pour l’an prochain. Et que de points précieux au classement des constructeurs !
Les flops
Flop n°1 : Bottas patine encore…
Si Valtteri Bottas voulait mettre à profit ces trois dernières courses de l’année pour se refaire le moral et le santé (comme Nico Rosberg fin 2015), c’est raté. Le Finlandais a de nouveau été mis sous l’éteignoir par son coéquipier. Dès les qualifications, l’écart de 3 dixièmes était embarrassant pour le second pilote Mercedes, qui (ce qui peut-être pire) n’y trouvait pas d’explication. En course, Bottas a totalement raté son premier envol (sanctionné par une crevaison lente à l’arrière-droit), handicapant le reste de son Grand Prix (quelques débris se sont logés sous sa Mercedes). Bottas n’a pas eu la vie facile dans le peloton, avec un aileron arrière plus chargé, et donc avec moins de vitesse de pointe comme le révélait après la course Andrew Shovlin, ingénieur de course en chef chez Mercedes. Mais cela excuse-t-il pour autant ses difficultés énormes à dépasser, par exemple, un Kimi Räikkönen à l’aileron avant endommagé ?
De la malchance ? Sûrement, mais si Bottas n’avait pas raté son départ, il ne se serait pas retrouvé dans une telle situation – qui devient presque une habitude pour lui. Dans le peloton, le pilote Mercedes a cruellement manqué de rythme quoi qu’il en soit, même avec des pneus moins usagés que Daniel Ricciardo en fin de course. Voici que Max Verstappen revient au classement, et ce n’est pas immérité…
Flop n°2 : Renault ne méritait pas autant
Si en qualifications, la performance de Renault était satisfaisante (6e et 7e places pour Esteban Ocon et Daniel Ricciardo), si le résultat final peut paraître encore présentable (7e et 10e), l’équipe française a pourtant bien mal négocié son dimanche. En rythme de course, elle était la 6e équipe, largement derrière Racing Point, mais aussi derrière McLaren (Carlos Sainz était plus rapide de 8 dixièmes au tour par rapport à Daniel Ricciardo à un moment donné de la course) et l’AlphaTauri de Pierre Gasly qui aura particulièrement réussi dans le domaine stratégique. Dans ces cas, il faut que les Jaunes assurent au niveau stratégique : ce fut tout l’inverse, car Esteban Ocon et Daniel Ricciardo ont perdu du temps en piste en s’affrontant et se gênant, d’ailleurs au grand agacement du futur pilote McLaren.
Si Renault sauve les meubles au classement des constructeurs avec l’abandon de Sergio Pérez, McLaren s’éloigne un peu plus. Le plus inquiétant pour Renault était sûrement le rythme de course, largement derrière les McLaren et Sergio Pérez.
Flop n°3 : Le calvaire du dimanche revient pour Ferrari
Dans la foulée de sa 3e place obtenue au mérite et au panache en Turquie, on attendait une confirmation venant de Sebastian Vettel chez Ferrari, pour bien prouver qu’il se sentait plus à l’aise dans la si médiocre SF1000 en cette fin d’année. En qualifications, Sebastian Vettel a en effet confirmé, battant (de peu) son coéquipier Charles Leclerc, pour la 11e place, manquant aussi de peu la Q3.
Mais en course, quel chemin de croix ! Le pilote allemand a raté son départ, en pestant au passage contre l’attitude de son coéquipier qu’il a accusé de tenter le diable au départ, ce qui avait d’ailleurs contraint Vettel à lever le pied pour éviter une (nouvelle) collision fratricide, comme en Autriche en début d’année. Le reste de la course fut une lente souffrance pour Sebastian Vettel, au volant d’une Ferrari « inconduisible » selon ses propres mots. S’il a battu les Alfa Romeo, il a fini derrière la Williams de George Russell… Dans l’autre Ferrari, Charles Leclerc faisait à peine mieux en dégringolant peu à peu dans le classement, malgré un envol aussi osé que réussi. Bahreïn aura donc prouvé, pour Ferrari, que la Turquie était une exception : en rythme de course, cette SF1000 continue de s’effondrer tour après tour… Et dire que le tracé rapide de Sakhir arrive !
On demande à voir…
Quelle sécurité et quelle hiérarchie sur l’ovale de Sakhir ?
Contrairement à ce qui s’était passé au Red Bull Ring et à Silverstone, le deuxième Grand Prix de suite dans le même pays se tiendra sur un tracé à la configuration différente : en l’occurrence, le tracé extérieur de Sakhir. Avec 11 virages seulement, et un temps au tour qui avoisinera sûrement les 52-55 secondes, à quoi peut-on s’attendre ? Tout d’abord, ce qui est certain, à un véritable embouteillage en qualifications, comme à Monza mais peut-être en pire… même si les tours de chauffe devront être plus rapides. Après l’incident de Romain Grosjean, la FIA ne devrait-elle d’ailleurs pas réfléchir à des mesures sécuritaires pour éviter que des dragsters ne rencontrent des voitures à l’arrêt ? Ne faudrait-il pas lancer les F1 une par une pour éviter tout incident ? Ce serait souhaitable pour éviter, au mieux un cirque, au pire une tragédie !
Quant au rythme pur, on devrait voir la hiérarchie de Monza (le circuit le plus rapide de la saison) refaire surface. A la régulière (en qualifications), Mercedes avait largement dominé. Mais reste à voir si ce sera toujours la même histoire sans Lewis Hamilton… McLaren avait été la 2e meilleure équipe (3e place de Carlos Sainz sur la grille), Racing Point était la troisième meilleure équipe (Sergio Pérez 4e sur la grille), tandis que Max Verstappen était en retrait (5e place). Renault suivait ce train (7e place de Daniel Ricciardo). Autrement dit, McLaren peut espérer creuser son écart au classement des constructeurs, si la hiérarchie de Monza se reproduit, et si bien sûr le Grand Prix n’est pas aussi fou. Quant aux pilotes équipés d’une unité de puissance Ferrari, si anémique en qualifications, ils peuvent s’attendre à souffrir…
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