Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Espagne

Trois équipes en lice pour les victoires désormais ?

Par Alexandre C.

24 mai 2022 - 18:42
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Le bond en performance des Mercedes, la remontée de Lewis Hamilton

L’an dernier, voir des Mercedes 3e et 5e aurait été sûrement une franche déception : pourtant, ce week-end à Barcelone donne bien des espoirs aux Flèches d’Argent. « Nous avons tourné la page » estimait George Russell après l’épreuve, ne voyant « aucune raison » pour laquelle Mercedes ne lutterait pas pour le titre. Qu’est-ce qui a changé entre Miami et Barcelone ? Les évolutions bien sûr, mais aussi l’état d’esprit. Grâce à ses nouvelles pièces, en particulier au niveau du fond plat, Mercedes paraît avoir franchement neutralisé le venin du marsouinage ; et a réduit son écart de cinq dixièmes d’un coup avec Red Bull et Ferrari.

Le rythme, en particulier en course, a le plus progressé. On pense bien sûr à l’excellente prestation de George Russell tout devant, avec une très belle danse, quoique rugueuse, avec les Red Bull : le Britannique a prouvé qu’il était prêt pour ces batailles en tête de piste. Mais on pense surtout à la prestation de Lewis Hamilton. A 54 secondes de la tête de course après son accrochage avec Kevin Magnussen (la Haas était de loin la plus fautive), le Britannique fut pourtant l’auteur d’une remontée fantastique jusqu’à une 4e place inespérée (5e place finale en raison de problèmes moteur). Son rythme était presque stupéfiant, plus véloce que celui de George Russell et proche voire supérieur à celui des Red Bull. Ce qui est d’autant plus remarquable si l’on considère qu’il était sur une stratégie réelle à deux arrêts aux stands (puisque son premier arrêt était au premier tour après son accrochage). L’état d’esprit de Lewis changeait du tout au tout : de défaitiste en début d’épreuve (il voulait clairement abandonner), il était remonté à bloc après l’arrivée.

Bien sûr, Red Bull, avec son doublé, a de nouveau impressionné et mérite aussi sa place dans ces tops. Mais ce qui est le plus marquant ce week-end, c’est que Mercedes a trouvé de la performance, et les fans beaucoup de suspense et de plaisir pour les prochains Grands Prix !

Top n°2 : Les courses de Bottas et des Alpine

Le meilleur des autres (et peut-être un peu plus ?), c’est lui : Valtteri Bottas. De nouveau le Finlandais a livré une prestation impeccable, d’autant plus qu’elle se déroulait de manière presque solitaire et sans pression dimanche après-midi dernier. Le pilote Alfa Romeo a tout simplement écrasé le peloton. Trois éléments mettent en valeur sa prestation. D’une part, il faut se rappeler que Valtteri Bottas n’a pu courir en EL2 (problème moteur). D’autre part, durant une majeure partie de la course, il devançait non seulement le milieu de grille mais occupait provisoirement une place sur le podium. Enfin, Valtteri Bottas eût sans doute fini un peu plus haut (devant Lewis Hamilton) si Alfa Romeo ne s’était pas entêtée à suivre une mauvaise stratégie à deux arrêts aux stands (la même que Mick Schumacher, et celle que Sergio Pérez aurait dû observer). Avec les évolutions qui fonctionnent du tonnerre, et un pilote très solide, Alfa Romeo va peut-être devenir un outsider au podium, qui sait, à Monaco, sur un circuit qui devrait mieux convenir à l’Alfa Romeo.

Une mention spéciale doit également être attribuée au dimanche des Alpine. Après des qualifications fort décevantes, les Bleus ont livré une prestation impeccable en course. 7e, Esteban Ocon estimait que ces 6 points avaient presque le goût d’une victoire et il suffisait d’entendre sa joie tant communicative à la radio pour s’en convaincre. Même contentement du côté de Fernando Alonso : parti dernier après son changement moteur (et malgré un arrêt un peu long), l’Espagnol est celui qui aura remonté le plus de places (Lewis Hamilton excepté) pour… doubler son nombre d’unités depuis le début d’année. Mérité. Et que se passera-t-il quand son chat noir sera disparu ?

Top n°3 : Lando Norris au courage

Lando Norris 8e et pourtant dans les tops, cela peut sembler surprenant. Cela l’est moins si l’on considère que tout ce week-end catalan, le pilote McLaren était largement diminué : angines, maux de tête, mal de gorge, rhume… Norris a vécu l’enfer et le diagnostic tomba juste après la course : amygdalite, une maladie très douloureuse à l’âge adulte. Et pourtant… Pourtant, Lando Norris passa tout proche de battre Daniel Ricciardo en qualifications (il aurait été devant sans un dernier tour annulé pour dépassement des limites de piste). Plus frappant encore, le lendemain en course, malgré la chaleur écrasante qui asséchait plus encore ses forces, il mit sous l’éteignoir son coéquipier Daniel Ricciardo, inexistant, en ramenant une belle 8e place.

A la radio juste après l’épreuve, Lando Norris ne put même simplement pas exprimer son soulagement tant il était temps pour lui d’en finir (il fut d’ailleurs vite emmené au centre médical après l’arrivée). Bien entendu, Lando Norris était malade, mais c’est bien la réputation de Daniel Ricciardo qui a le plus souffert ce week-end…

Les flops

Flop n°1 : Fiabilité, nouvelle erreur de Sainz : Ferrari laisse échapper de gros points

Avant le départ du Grand Prix d’Espagne, Carlos Sainz estimait que trois dangers menaceraient Ferrari : la chaleur, les ‘snaps’ et sorties de piste, et la tenue des Pirelli. Finalement, malgré la chaleur écrasante, les pneus se sont mieux comportés que prévus sur la Scuderia. Mais Carlos Sainz eut hélas raison sur les deux autres points… La chaleur eut peut-être raison de la fiabilité de l’unité de puissance Ferrari, avec le problème de turbo ayant terrassé la course et les espoirs de Charles Leclerc. Quant aux ‘snaps’, ils causèrent deux erreurs des pilotes Ferrari. La première de Charles Leclerc en Q3, heureusement sans gravité avec le magistral tour final du Monégasque. La seconde fut la plus coûteuse : une nouvelle fois cette année, Carlos Sainz était en cause avec une sortie de piste due apparemment à une rafale de vent au virage 4. L’Espagnol, reparti 10e, mais avec un fond plat endommagé, ne dut sa 4e place finale qu’au problème moteur de Lewis Hamilton.

En somme, Ferrari donne l’impression depuis deux ou trois courses, dans le camp Leclerc (repensons à Imola) comme surtout dans le camp Sainz, de laisser échapper des points précieux. Trop : Red Bull est maintenant devant dans la lutte aux deux championnats. Et si Barcelone pour Ferrari était le Bahreïn de Red Bull et un vrai tournant pour le championnat ?

Flop n°2 : Le chemin de croix de Pierre Gasly

Terminée, l’année 2021, lors de laquelle Pierre Gasly était régulièrement le meilleur des autres, étouffant Yuki Tsunoda. En 2022, non seulement l’AlphaTauri a reculé dans la hiérarchie (plus encore ce week-end où elle était parmi les seules équipes, avec Haas, à ne pas recevoir d’évolutions) ; mais encore le Français voit son coéquipier devenir une menace plus inquiétante. Il faut dire que ce week-end, Pierre Gasly n’eut pas eu de chance. Pas du tout. Un problème d’échappement en EL3 l’empêcha de rouler et de défendre efficacement et sereinement ses chances en qualifications. Son ingénieur Pierre Hamelin s’en excusait d’ailleurs.

En course, nouvelle déveine : parti par conséquent au cœur du peloton, Gasly s’accrocha avec Esteban Ocon. Et avec un aileron avant abîmé, passait sa course à serrer les dents, loin des espoirs de points, loin aussi de son coéquipier. A l’arrivée, rageur, Gasly coupait la parole de Pierre Hamelin quand celui-ci lui égrenait les résultats du Grand Prix : « Je ne veux pas savoir, je m’en moque. » Il faut vite que la lumière revienne à Faenza pour ne pas que Gasly perde en motivation…

Flop n°3 : Aston Martin F1, copier / raté ?

La polémique de la Red Bull verte enflamma tout le début du week-end, avant de s’éteindre à petit feu. La raison en est simple : avec ses évolutions, Aston Martin F1 semblait… reculer dans la hiérarchie par rapport au dernier Grand Prix (double élimination en Q1). Peut-être que l’équipe verte ne put encore comprendre tout à fait sa nouvelle monture ; peut-être, sûrement aussi, que la canicule catalane mit en relief les nouveaux problèmes de refroidissement. Il n’en demeure pas moins que malgré les 37 degrés, l’ambiance était glaciale quand Sebastian Vettel compara l’AMR22 à une voiture digne d’une F2 (avec un rythme de qualifications, précision sûrement très consolatrice…).

Vettel fait ainsi penser au Fernando Alonso qui qualifiait de « GP2 Engine » son moteur Honda. On connait la suite pour la carrière d’Alonso chez McLaren. Celle de Vettel semble s’inscrire de plus en plus en pointillés également. A moins qu’Aston Martin F1 ne trouve la recette miracle pour faire fonctionner cette nouvelle monoplace ces prochains Grands Prix ?

On demande à voir…

Tient-on une formidable lutte à 3 équipes pour le reste de l’année ?

Depuis le début de l’année, deux équipes se disputent les victoires, Ferrari et Red Bull, ce qui est déjà un grand progrès par rapport à certaines saisons du début de l’ère hybride en F1. Et si, comble du bonheur, ce seraient désormais 3 équipes, avec Mercedes en prime, qui se partageaient les succès d’ici la fin de l’année ? Il y a en effet de l’espoir chez Mercedes : le rythme de course de George Russell et surtout celui de Lewis Hamilton était suffisant pour inquiéter les Red Bull en tête de course. Si Mercedes a effectivement vaincu son marsouinage, il est possible de penser que l’écart pourrait même encore se réduire compte tenu de la marge de progression disponible dans l’équipe anglo-allemande.

Ferrari aussi a tiré des espoirs de Barcelone pour sa compétitivité pour la deuxième moitié de saison. Contrairement aux apparences, il y avait en effet des bonnes nouvelles du côté de la Scuderia. Deux en particulier : la bonne tenue des évolutions ; et la capacité des Ferrari à mieux faire durer les Pirelli (le point faible depuis le début d’année), y compris dans la fournaise catalane. C’est pourquoi Charles Leclerc n’était pas tant abattu que ça, loin de là, après l’épreuve. Quant à Red Bull, elle demeure bien sûr l’équipe à battre comme le prouve son nouveau doublé, le deuxième de l’année après Imola. 3 équipes jouant les victoires ? Mais on ne demande que ça !

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