Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Espagne

Mercedes au sommet, Kubica au fond

Par Alexandre C.

14 mai 2019 - 13:47
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n° 1 : Les évolutions ont un peu plus installé la suprématie de Mercedes.

Ferrari semblait au moins à la hauteur des Mercedes en essais hivernaux. Mais en quatre mois de développement, l’équipe allemande paraît avoir avancé d’une année. Mercedes étrennait de nouvelles évolutions sur son châssis, d’ampleur, à Barcelone. Comme le confiait Valtteri Bottas après les essais libres, le ressenti est meilleur dans la W10, parfaitement stable en virages, ce qui permet au Finlandais de braquer bien moins son volant que Sebastian Vettel ou Charles Leclerc. L’équipe allemande a gagné 8 dixièmes depuis le chrono signé le dernier jour des essais hivernaux, avec des pneus moins tendres. Brackley cachait-elle son jeu à ce point cet hiver ? Ou bien sont-ce les évolutions qui ont fait la différence ?

Ferrari s’est montrée, de son côté, moins rapide qu’en essais hivernaux. La Scuderia avait introduit des évolutions châssis et moteur (une spécification B du V6 transalpin) lors du Grand Prix précédent, à Bakou, après avoir décidé d’accélérer la production de ces nouvelles pièces. Mais la monoplace rouge souffre en virages lents, à cause d’un train avant capricieux. Le doute n’est aujourd’hui plus permis : les évolutions Mercedes fonctionnent décidément bien mieux que celles de Ferrari. Au Canada, Mercedes recevra, en plus, une évolution moteur qui s’annonce conséquente, et qui pourrait bien finir d’assommer Ferrari et Red Bull.

Top n°2 : Verstappen, la valeur sûre du championnat

Trois fois 4e, deux fois 3e, Max Verstappen ne cesse de maximiser les résultats possibles avec sa Red Bull cette année. Le Néerlandais dispose d’une monoplace légèrement moins véloce que la Ferrari – même si l’écart semble s’être particulièrement resserré à Barcelone. Et pourtant, il devance les deux pilotes Ferrari au championnat. Régulier, sérieux, et peut-être aussi moins casse-cou, Max Verstappen réalise le meilleur début de saison de sa carrière – alors que l’an dernier, il était apparu brouillon et trop agressif. Max Verstappen éteint par ailleurs totalement son coéquipier Pierre Gasly, qui a au moins l’excuse de l’inexpérience. Pour le moment, Red Bull ne peut rien faire face aux Mercedes, tant leur domination est écrasante. Mais Verstappen apparaît, plus que jamais, comme une des valeurs sûres du plateau. Max a mûri ; moins fougueux, il est d’autant plus redoutable.

Top n°3 : Après un passage à vide, Haas est de retour

La VF19 a joui d’un formidable bain de jouvence à Barcelone. Les monoplaces américaines avaient été totalement hors du coup lors des deux dernières courses, en qualifications et plus encore le dimanche. Cette fois-ci, Haas s’est imposée de nouveau comme la « meilleure des autres ». Sans la voiture de sécurité, il ne fait nul doute que Romain Grosjean aurait conservé sa 7e place et Kevin Magnussen sa 8e. dimanche dernier. A quoi attribuer ce net regain de forme ? Aux nombreuses évolutions, parfois très impressionnantes comme au niveau des pontons, apparues à Barcelone ? En partie. Aux températures plus élevées, qui ont permis à Haas de faire rentrer les Pirelli, enfin, dans leur bonne fenêtre de fonctionnement ? Sans doute aussi. Voilà qui augure un été potentiellement souriant… Alors que l’évolution du V6 Ferrari n’est pas même encore arrivée.

Les flops

Flop n°1 : Robert Kubica n’a plus d’excuse

Robert Kubica se plaignait, depuis quelques courses, d’un vice caché sur son châssis ; il assurait que le châssis de George Russell était, au contraire, dépourvu de défauts sensibles ; et attribuait ainsi une bonne partie de ses mauvaises performances à ce châssis mal né, mal conçu. Le Polonais a eu gain de cause à Barcelone : il a échangé son châssis avec celui de son coéquipier. Or, en qualifications, George Russell a de nouveau assommé le Polonais, avec plus d’une seconde dans la vue… En course, George Russell devait partir en fond de grille, après avoir écopé d’une pénalité de cinq places pour changement de boîte de vitesses : et pourtant, avant la mi-course, Robert Kubica, inattentif et surpris par la manœuvre de Russell, a de nouveau cédé face à un coéquipier décidément plus performant que lui. Son meilleur tour était plus lent d’une seconde par rapport à son coéquipier…

Les prestations de Robert Kubica commencent à devenir embarrassantes et malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour lui, son parcours, sa détermination, il faut bien se le demander : va-t-il pouvoir tenir jusqu’à la fin de la saison ainsi ? Le Grand Prix de Monaco livrera des enseignements éclairants : dans ce tracé ô combien sinueux et éprouvant, les capacités physiques de Robert Kubica vont passer sur le grill…

Flop n°2 : Lance Stroll continue d’handicaper Racing Point

Lance Stroll continue d’apparaître en difficulté chez Racing Point. Le week-end de Barcelone fut particulièrement brouillon pour le Canadien. Tout a commencé en essais libres, avec une sortie de piste aussi évitable qu’embarrassante. L’ancien de Williams a ainsi détruit plusieurs des nombreuses évolutions sur la RP19, au niveau de la suspension avant notamment ; Racing Point a dû également réparer le fond plat en urgence. Le lendemain, en qualifications, pour la 9e fois d’affilée, Lance Stroll était sorti en Q1. Il a certes, comme à son habitude, récupéré quelques places au départ, pour se retrouver dans la roue de son coéquipier Sergio Pérez… Mais s’est une fois de plus distingué de la plus mauvaise des manières, en s’accrochant avec Lando Norris, même si les torts sont plus que partagés. Le Canadian a semblé fermer la porte au pilote McLaren, comme s’il ne l’avait pas vu arriver. C’est bien grâce à un Stroll que Racing Point surnage et peut être plutôt optimiste pour les années à venir : il s’agit du père, et non du fils.

Flop n°3 : Antonio Giovinazzi doit maintenant accélérer

Certes, courir face à un champion du monde tel que Kimi Räikkönen est un défi de taille, et personne ne s’attendait à ce que Antonio Giovinazzi batte le Finlandais à la régulière ; certes, l’Italien avait d’ailleurs pris le dessus en qualifications à Bakou ; certes encore, il a été particulièrement malchanceux sur le plan de la fiabilité depuis Melbourne ; et enfin, l’Alfa Romeo était paresseuse et n’avait pas le rythme à Barcelone – ce qui est inquiétant, du reste, pour le reste de l’année. Mais l’on en attend tout de même bien davantage de l’ancien vice-champion de GP2, qui est absolument transparent et invisible depuis le début de l’année – exception faite, donc, des qualifications de Bakou. Eliminé en Q1, alors que son coéquipier se glissait en Q2, Antonio Giovinazzi a une fois encore terminé derrière l’ancien pilote de Ferrari en course, même si Kimi Räikkönen a dû repartir en queue de peloton après un premier virage mal négocié. Il a échoué à la 16e place, presque dix secondes derrière Kimi (14e), en dépit de la voiture de sécurité à une dizaine de tours de l’arrivée.

Flop n°4 : Renault, loin du compte

Qu’elle est dure, cette saison 2019, pour Renault ! Le constructeur français affichait des ambitions claires durant l’hiver, celles de se détacher du peloton pour se rapprocher du trio de tête. Malheureusement, alors qu’on atteint le quart de la saison, le constat est cruel pour le Losange : Renault pointe au huitième rang du classement constructeurs. Certes, pas très loin de la quatrième place, à 10 points seulement, mais celle-ci est occupée par l’équipe cliente du constructeur, McLaren. De plus, avec 75 points de retard sur Red Bull, la messe est dite quant à l’espoir d’accrocher le wagon de devant. En Espagne, ce n’est pas la fiabilité qui a péché, contrairement à d’autres occasions en début de saison, mais bien la performance. Nico Hülkenberg a été éliminé en Q1 pour la deuxième fois consécutive, et Daniel Ricciardo a, d’extrême justesse, franchi la Q2. Le rythme de course, qui n’était pas catastrophique, a été ruiné par des erreurs indignes d’une équipe de cette envergure, qui a oublié de signaler l’utilisation d’un aileron avant pour Hülkenberg, le forçant à partir des stands, et a raté sa stratégie avec Ricciardo, ce sont s’est d’ailleurs plaint l’Australien. Une réaction sera rapidement attendue pour éviter une entrée de crise.

On demande à voir…

Racing Point, des évolutions majeures qui ne fonctionneront pas ?

En raison du retard accumulé l’an dernier – Force India étant en quasi-faillite, le développement de la voiture 2019 s’était arrêté – Racing Point a dû retarder la production de nombreuses pièces. Le Grand Prix d’Espagne devait marquer le lancement d’une RP19 « version B », avec bien de nouvelles pièces au programme. Or, ces évolutions n’ont pas permis à Racing Point de franchir le cap attendu. Bien sûr, le week-end n’a pas été facilité par le crash de Lance Stroll en essais libres ; mais même sur la monoplace de Sergio Pérez, le rythme n’était clairement pas au rendez-vous. Le Mexicain apparaissait même un peu perdu vendredi soir… Pour autant, l’espoir demeure. Les deux jours d’essais privés, sur ce même tracé catalan, vont être cruciaux pour bien comprendre et faire fonctionner ces évolutions ; de plus, Barcelone n’a jamais été un circuit qui a particulièrement réussi à Racing Point. La règle selon laquelle Barcelone est représentatif du reste du calendrier ne vaut pas tellement pour Racing Point, si l’on se fie à ces dernières années. Et heureusement !

Mercedes est-elle partie pour écraser plus encore la concurrence à Monaco ?

On dit souvent que les deuxième et surtout troisième secteurs de Barcelone annoncent les performances futures des F1 à Monaco. Le troisième secteur de Barcelone est en effet constitué de virages lents, avec une dernière chicane qui rappelle la Principauté. Bien sûr, cette comparaison n’est pas entièrement pertinente, puisque les réglages comme les pneus seront différents à Monaco (les Pirelli seront ainsi bien plus tendres dans deux semaines). Pour autant, en virages lents, il apparaît clairement que la Mercedes domine outrageusement les Ferrari : c’est ici que la Scuderia perdait gros, plus d’une demi-seconde. Il y a ainsi de quoi être de nouveau très pessimiste pour les Rouges… qui ont cependant deux jours d’essais pour trouver des solutions. Red Bull pourrait également se rapprocher, sur un circuit où la puissance moteur compte évidemment moins.

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