Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Azerbaïdjan

Une course renversante après des qualifications contrastées

Par Alexandre C.

8 juin 2021 - 18:09
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Les progrès de Pérez récompensés

La deuxième victoire de Sergio Pérez en carrière peut bien sûr être expliquée par des circonstances exceptionnelles de course, avec l’abandon de Max Verstappen et l’erreur commise par Lewis Hamilton au restart. Cependant ce que l’on voudrait souligner ici, c’est que ce succès du Mexicain résulte aussi d’une certaine logique, car ses progrès étaient constants tout au long du week-end. Ainsi en essais libres, le deuxième pilote Red Bull n’était vraiment pas loin de Max Verstappen (il signait même le meilleur chrono en EL2). En Q3, il serait facile de le condamner après des qualifications de nouveau décevantes (7e temps derrière Lando Norris). Toutefois il faut rappeler que Checo fut gêné durant son tour le plus rapide, et qu’il aurait dû être bien plus rapide sur son dernier essai (avorté en raison du drapeau rouge suite à l’accident de Yuki Tsunoda).

En course le lendemain, Sergio Pérez avait un très gros rythme. Si son arrêt aux stands n’avait pas été plus de deux secondes plus lent que celui de son coéquipier Max Verstappen (4,3 secondes contre 1,9 seconde), qui sait… le Mexicain aurait pu repartir en tête, donnant bien des migraines à Christian Horner. Tout au long de la course, Sergio Pérez a ainsi tenu en respect Lewis Hamilton derrière lui. C’est exactement ce que Red Bull attend de son deuxième pilote : gêner Lewis Hamilton (et Sergio Pérez a fait même plus que cela), offrir d’autres options stratégiques à Red Bull, et être là quand le leader avait des problèmes. « J’ai fait de bons progrès, pas seulement ce week-end, mais aussi à Monaco, chaque week-end la compréhension augmente et nous faisons beaucoup de travail d’analyse à l’usine pour essayer de comprendre ce que nous pouvons faire mieux en tant qu’équipe » confiait justement Sergio Pérez après le Grand Prix. Le deuxième baquet Red Bull ne serait-il plus maudit ?

Top n°2 : Vettel, le roi de l’overcut avec une Aston Martin F1 survitaminée

Le roi est de retour ! Nommé pilote du jour pour la deuxième fois de suite, Sebastian Vettel confirme être sur la voie de la rédemption. Le pilote Aston Martin F1 a en réalité construit sa course si réussie sur une base paradoxale : des qualifications décevantes, avec une élimination en Q2 alors que la Q3 n’était pas si loin. Pourtant cette 11e place a permis à l’Allemand de partir en tendres neufs le lendemain. Ainsi, Sebastian Vettel a pu réaliser un premier long relais en tendres, de 18 tours, avec un rythme qui restait très solide. Comme à Monaco finalement, c’est une stratégie d’overcut qui lui a permis de sauter par-dessus tout le milieu de grille. Cette stratégie décalée a continué d’avoir des conséquences positives par la suite. Par exemple au restart de la voiture de sécurité, Sebastian Vettel avait des pneus plus neufs. Après le drapeau rouge, puisqu’il n’avait pas participé à la Q3, il avait aussi en réserve des tendres tout frais, contrairement au reste du plateau.

Bien sûr, la stratégie d’Aston Martin F1 était une fois encore réussie (comme avec Lance Stroll), et le rythme de la monoplace verte est franchement en progression depuis les évolutions reçues notamment à Monaco. Mais surtout, retenons ce plaisir énorme de voir un quadruple champion du monde redevenir celui qu’il avait, un temps, chez Ferrari, cessé d’être… Oui, Sebastian Vettel a trouvé le mode d’emploi de son Aston Martin F1, et cela pourra donc faire mal, surtout l’an prochain…

Top n°3 : 3e podium pour le troisième homme Pierre Gasly

Il est là, ce 3e podium pour Pierre Gasly (qui a désormais signé 3 des 5 podiums de l’histoire de Toro Rosso-AlphaTauri) ! Lui qui n’avait jamais encore gouté à cette troisième place (2e au Brésil 2019 et 1er à Monza 2020), le voici donc sur la plus petite des marches, mais pour le plus grand des bonheurs. Là encore, cette 3e place résulte d’une certaine logique. En effet Pierre Gasly était rapide tout au long du week-end. Il dominait même les EL3 à la surprise générale… et en Q3 il n’était qu’à 2 millièmes de battre Max Verstappen (4e place finale), et cela sans aspiration ou presque, tout en ayant adopté des réglages course. Bref, l’AlphaTauri était en forme.

Restait à ne pas tout gâcher ce potentiel en course, comme trop souvent cette année chez AlphaTauri. Gasly a eu bien une alerte moteur, à mi-course, mais finalement sans gravité. Sa 3e place est ainsi amplement méritée, surtout après une bataille intense et respectueuse avec son ami Charles Leclerc en fin d’épreuve, qui a prouvé la capacité des deux hommes à courir de manière dure, mais juste. Très en forme sur les circuits urbains, Pierre Gasly confirme sa réputation d’amateur de centre-ville… N’est-il pas maintenant un top-pilote ?

Les flops

Flop n°1 : Bottas, un loupé magistral malgré quelques circonstances atténuantes

Bien évidemment chacun n’hésitera pas à tirer sur l’ambulance Valtteri Bottas au bazooka après une telle prestation. Rendez-vous compte : le Finlandais a terminé 12e de l’épreuve, entre l’Alfa Romeo d’Antonio Giovinazzi et juste devant la… Haas de Mick Schumacher. Sa Mercedes n’avait aucun rythme, de tout le week-end, et ceci dès les EL1. Là encore, sa piètre performance résulte d’une certaine logique, celle de son rythme asthénique tout au long du week-end. Valtteri Bottas s’est en réalité trompé dans le choix de ses réglages : contrairement à Lewis Hamilton, il a privilégié l’appui aérodynamique (et donc la section sinueuse de la vieille ville) au détriment de la vitesse de pointe. Résultat, il ne pouvait pas dépasser dans le peloton, et n’était étrangement pas bien plus rapide en virages, sans pouvoir chauffer ses pneus (son autre grand problème du week-end)… Cette incapacité à placer ses pneus dans leur bonne fenêtre de fonctionnement explique sûrement pourquoi le Finlandais avait tant de mal aux restarts… cependant cela n’excuse en rien son placement catastrophique pour défendre sur la piste. En somme Valtteri Bottas n’était ni un bon racer, ni un bon metteur au point, ni un bon 2e pilote pour Mercedes, ni un bon pilote tout court pour Mercedes.

Cependant n’enterrons pas trop vite Valtteri Bottas. Lors du précédent Grand Prix à Monaco, c’était bien lui qui avait eu raison sur les réglages alors que Lewis Hamilton s’engluait dans le peloton, lui qui était en lice pour signer un très bon résultat pour Mercedes. Il n’a pas non plus bénéficié de l’aspiration en Q3 car il avait perdu le tirage au sort interne chez Mercedes (même si cela n’excuse pas l’écart d’une seconde et deux dixièmes sur son leader). Il y a donc quelques circonstances atténuantes à son week-end et il n’est pas du tout impossible de le voir de nouveau très performant au Paul Ricard… Si jamais sa confiance ne sombre pas dans les abysses azéries.

Flop n°2 : Les risques pris par les pilotes en qualifications

Samedi dernier en qualifications, un quart de la grille a commis des erreurs notables, rien que cela. Fernando Alonso n’a donc pas tardé à demander à ses collègues d’arrêter de prendre « trop de risques » sur circuit urbain, lui qui préfère être à « 98 % » dans ces conditions piégeuses. « Je pense que les gars doivent se calmer un peu et rouler à 98% sur un circuit urbain. Si vous avez un accident et que vous partez dernier de la course, peut-être que vous ne conduisez pas au-delà de vos possibilités. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont dépassé les possibilités de leur voiture ou de leurs capacités » lançait le pilote Alpine samedi soir.

Certains crashs sont d’autant moins excusables que les pilotes étaient prévenus des pièges du circuit… Quel besoin avait d’abord Lance Stroll d’attaquer si fort dans son premier tour de Q1, pour taper le mur au virage 15 ? Et pourquoi Antonio Giovinazzi n’a-t-il pas davantage pris garde dans ce même virage quelques minutes plus tard, en arrivant avec une vitesse bien trop grande et irréaliste ? Quant à Yuki Tsunoda et Daniel Ricciardo, ils sont aussi partis à la faute dans le même virage, le 3. Ce n’est peut-être pas un hasard si les pilotes étant partis à la faute sont les moins expérimentés, ou découvrent une nouvelle voiture (dans le cas de Daniel Ricciardo). Heureusement pour ces pilotes, nous n’étions pas à Monaco…

Flop n°3 : Tsunoda et Mazepin progressent en performance, pas dans leur mentalité

Revenons d’ailleurs sur le cas Yuki Tsunoda. Sur le plan de la performance pure, le Japonais a réalisé son meilleur week-end en F1, avec une première Q3 et une probante 7e place à l’arrivée. Evidemment, Pierre Gasly a signé un podium, mais le résultat d’ensemble demeure très acceptable pour un rookie. Cependant Yuki Tsunoda, malgré ces progrès, a de nouveau commis deux bourdes que AlphaTauri lui reproche depuis le tout début de saison. Il y a d’abord ce crash en Q3, bien que Franz Tost, son nouveau coach personnel, lui ait expressément demander d’arrêter de prendre trop de risques ou d’être trop optimiste. Il y a ensuite ce coup de colère hors de proportions à la radio en pleine épreuve : Yuki Tsunoda a littéralement hurlé, ordonnant à son ingénieur de « la fermer » alors qu’on lui demandait de pousser. Là encore, Franz Tost (et Yuki Tsunoda lui-même) ont pointé du doigt ces coups de sang fréquents, facteurs de déstabilisation. Il faudra donc mieux travailler sur le mental et la prudence en piste pour la prochaine épreuve, car à plusieurs reprises le Japonais n’est pas passé loin des murs en course… Franz Tost, à Faenza, d’où il coache désormais personnellement Yuki Tsunoda, a ainsi du travail à mener : la 7e place du rookie ne doit pas servir de paravent à ces torts de nouveau constatés.

Quant à Nikita Mazepin, son rythme (au moins en qualifications) était aussi en progression, comme à Monaco, puisqu’il n’échouait qu’à 80 millièmes de Mick Schumacher. Il s’est cependant de nouveau distingué par son manque de sportivité en piste, en tassant littéralement son coéquipier en toute fin d’épreuve à plus de 300 km/h… Mick Schumacher a alors demandé à la radio si son coéquipier « essayait de le tuer. » Ambiance chez Haas… Mais au moins, aucun pilote n’a cassé la voiture ce week-end !

On demande à voir…

Un retour à la normale pour Mercedes et Bottas dès le Paul Ricard ?

Ne nous leurrons pas sur les performances de Mercedes lors des deux derniers Grands Prix : oui, les résultats pour l’équipe allemande ont été catastrophiques. Cependant Monaco et Bakou sont aussi des tracés atypiques, en centre-ville, et ne sont pas représentatifs du reste de l’année, à commencer par la prochaine course au Paul Ricard (avec bien plus de virages à haute vitesse). Or c’est là que pourrait se situer la force de Mercedes. De surcroît, avec les températures estivales, il devrait être bien plus facile à Lewis Hamilton et à Valtteri Bottas de faire chauffer leurs pneus et ainsi de les mettre dans leur bonne fenêtre de fonctionnement (le gros point faible de Mercedes à Monaco et à Bakou). Dès lors, il n’est sûrement pas impossible de voir la hiérarchie de nouveau se renverser, au bénéfice de Lewis Hamilton et de Valtteri Bottas.

Toto Wolff lui-même relativisait les performances de Bakou et de Monaco après-course : « Comme vous pouvez le voir, nous perdons beaucoup de temps dans les sections sinueuses de la vieille ville. C’est ce qui s’est passé à Monaco. Ce n’est pas soudain, ça ne peut arriver tout d’un coup – que la voiture qui a gagné 3 courses n’est nulle part tout d’un coup Nous connaissons les déficits. Nous le voyons dans des zones particulières des circuits. » Valtteri Bottas avait du reste le même avis : « C’est très différent en France, évidemment, il y a de longs virages à haute vitesse. Je pense que l’un des problèmes que nous avons eus ici était la chauffe des pneus, surtout à l’avant, et ça devrait être plus simple dans la prochaine course. Nous devons apprendre de ce week-end, mais il sera aussi à oublier. » Retour à la normale et à la domination allemande dès le Paul Ricard ? Peut-être pas, mais l’écart avec Red Bull devrait logiquement se resserrer.

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