Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Arabie saoudite
Hamilton serein, le clan Red Bull et la FIA dépassés ?
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Hamilton et Mercedes restent sereins et efficaces dans la tempête
Et si c’était avant tout par son expérience, son calme, sa placidité, que le « sage Sir Lewis » irait chercher son huitième titre de champion du monde face à Max Verstappen ? Car en effet, si ce Grand Prix d’Arabie saoudite a montré une chose, c’est bien la vertu de l’expérience et de la sérénité dont ont profité Lewis et Mercedes. En qualifications tout d’abord : alors que la Q3 se jouait sur un fil, Lewis Hamilton était à la limite (il a même failli se mettre dans le mur), mais est resté sur la piste pour signer un très bon tour de Q3 ; Max Verstappen a dépassé cette limite : son tour était peut-être très, très prometteur durant les deux premiers secteurs, mais un bon tour est un tour fini. C’est ainsi finalement par une forme de sérénité, en attaquant sereinement à 99 %, et pas à 101 % comme Max Verstappen, que Lewis a pu partir en pole le dimanche. Une autre preuve de la différence que fait l’expérience.
Ne pas craquer : en qualifications comme en course, Lewis a ensuite appliqué son adage. En tout état de cause, après un bon départ, et sans le mic-mac d’hésitation de la FIA entre la voiture de sécurité et le drapeau rouge, sa course aurait dû être tranquille, tant il avait l’avantage en piste, protégé de plus par Valtteri Bottas. Mais si les circonstances ont remis en question sa victoire… elles n’ont pas fait varier sa placidité. A chaque restart, à chaque fois que Max Verstappen protégeait sa première place ou essayait de dépasser, même s’il voyait son rival partir hors-piste et être manifestement en faute, Lewis n’est pas allé à l’accrochage – il est vrai qu’un double abandon favoriserait plus la Red Bull. Y compris quand la Red Bull a « brake-testé » la Mercedes (la télémétrie l’a bien prouvé), Lewis aurait pu s’emporter de rage (comme Toto Wolff…) mais là encore, il a « seulement » traité de « fou » Max Verstappen à la radio, en reprenant tout de suite son calme, emmenant sa Mercedes à la victoire malgré des dégâts à l’aileron avant qui lui coûtaient 4 dixièmes par tour.
« Nos deux pilotes ont gardé la tête froide et n’ont cessé de pousser. Lewis a piloté avec beaucoup d’intelligence et de patience » résumait ainsi Toto Wolff. Efficace, serein dans la tempête, Lewis Hamilton a montré en Arabie saoudite la différence entre un septuple champion du monde plein d’expérience, et un jeune premier trop fougueux.
Top n°2 : Le presque podium d’Esteban Ocon
« Ça pique ! » Quel dommage pour Esteban Ocon ! Le pilote Alpine aura vécu ce que Lance Stroll avait lui-même vécu face à Valtteri Bottas à Bakou 2017 : perdre une place à la photo-finish. Bien sûr, la déception est vive et compréhensible à chaud pour le Français. Mais avec le recul, il reconnaîtra de toute manière avoir fait un très bon week-end. Dès les qualifications, Ocon mettait quatre dixièmes à Fernando Alonso en Q2 pour passer en Q3, où il finit 9e. Cela fit toute la différence le lendemain puisque Ocon, après un bon départ, occupait une position de piste avantageuse, qui persuada Alpine de tenter de rester en piste au moment de l’entrée de la voiture de sécurité. Ce fut donc le pari gagnant après le drapeau rouge, plaçant Ocon 2e puis en « pole » au troisième et dernier départ. De cette position et avec un rythme de course qu’il savait prometteur dès les essais libres, Ocon put ainsi tenir en respect dans le peloton la McLaren de Daniel Ricciardo, puis Valtteri Bottas… jusqu’à la toute dernière ligne droite.
Avec ce deuxième top 5 en autant de courses, Ocon permet à Alpine de compter 29 points d’avance au classement des constructeurs. Pour la 5e place, c’est donc fait à 99 % pour les Bleus.
Top n°3 : Antonio Giovinazzi très bon mais trop tard
C’est pour deux dixièmes que Antonio Giovinazzi devançait Kimi Räikkönen en Q2 chez Alfa Romeo, se glissant ainsi de justesse en Q3. Voilà qui était déjà une très belle performance de la part du futur pilote Formule E, mais on pouvait être dubitatif puisqu’à bien des reprises, l’Italien nous a habitués à dévisser au départ et en course. Ce ne fut pas le cas, loin de là, puisque Antonio Giovinazzi a vécu son meilleur dimanche de l’année. Il a même occupé la 7e place une majorité du Grand Prix, mais ne pouvait tenir le rythme face aux Ferrari. Cette 9e place constitue tout de même son meilleur résultat de l’année, ce qui apparaît comme la correction d’une injustice pour le recordman des 11e places. En somme, en Arabie saoudite, ce fut très bien, mais trop tard pour sa carrière en F1 !
Les flops
Flop n°1 : L’emportement de Max Verstappen et de Christian Horner
Si Lewis Hamilton s’est montré calme et serein en Arabie saoudite, ce ne fut pas le cas, loin de là, de l’équipe Red Bull, de la part du pilote comme du directeur d’écurie. Le pilote tout d’abord. Si l’on excepte son superbe troisième départ avec un dépassement à l’intérieur, Max Verstappen n’aura produit que des résistances sales, polémiques ou litigieuses, sanctionnées comme il se doit par la FIA. Comme au Brésil, le Néerlandais a résisté, ou dépassé, la Mercedes en allant hors-piste à deux reprises, montrant par là qu’il n’avait pas peur de l’accrochage, ni de dépasser les limites de piste – du reste un 0 pointé pour les deux pilotes lui profiterait. C’est pour l’ensemble de cette œuvre en somme qu’il fut sanctionné logiquement de 5 secondes par la FIA. Reste qu’on ne peut pas trop en vouloir à Max Verstappen : comme il le dit lui-même, il n’a pas été pénalisé pour des manœuvres similaires à Interlagos : son « totem d’immunité », il était en droit de le prendre pour acquis…
Puis Max Verstappen fut sanctionné de 10 secondes, après avoir effectivement « brake-testé » la Mercedes en essayant de relaisser passer Lewis Hamilton de manière « stratégique » (son équipe dixit) pour lui rendre une position. La télémétrie a mis fin au débat si l’on lit la décision officielle de la FIA : « Au virage 21, le pilote de la voiture 33 a reçu l’instruction de rendre la position à la voiture 44, et son équipe lui a indiqué de le faire ’stratégiquement’. La voiture 33 a ralenti de manière significative au virage 26. En décidant de pénaliser le pilote de la voiture 33, le point essentiel des commissaires est que le pilote de la voiture 33 a ensuite freiné de manière soudaine, avec une pression de 69 bar sur la pédale, et de manière significative, causant une décélération de 2.4 G. » Lewis Hamilton disait ainsi bien vrai quand il assurait que Max Verstappen avait freiné trop brutalement.
Après le pilote, le comportement du directeur d’écurie fait lui aussi parler. Après avoir déjà « insulté » un commissaire de piste lors du dernier Grand Prix, et avoir été rappelé pour cela à l’ordre par la FIA, Christian Horner a récidivé dans le mauvais esprit : « J’ai l’impression qu’il y a trop de règles. J’ai l’impression que Charlie Whiting nous a manqué aujourd’hui, je suis désolé de le dire. Mais l’expérience qu’il a eue... » commentait-il ainsi après la course. Critiquer la FIA, pourquoi pas, le faire en faisant « parler un mort », est tout simplement indécent. Alors qu’un directeur d’écurie devrait calmer son pilote, c’est tout l’inverse qui se produit chez Red Bull. La nervosité de voir le titre basculer chez Mercedes et Lewis Hamilton l’expliquerait-il ?
Flop n°2 : Une direction de course totalement dépassée ?
Michael Masi, le directeur de course de la FIA, est sous haute pression en cette fin de saison : mais n’est-ce pas trop pour lui ? En effet la direction de course a été dépassée pendant une majorité du week-end. Passons sur la décision de courir sur un circuit dangereux, à peine fini, qui a conduit à retarder les séances de course support pour des réparations de dernière minute. Passons même encore sur l’affaire du « drapeau jaune fantôme » qui a failli coûter une pénalité à Lewis Hamilton. En course, Michael Masi ne fut pas plus efficace. L’affaire du déploiement de la voiture de sécurité, suivi quelques tours après par le drapeau rouge, peut d’abord faire parler. Pourquoi ne pas avoir prévu un protocole dans ce fameux double virage, pour assurer un changement de barrière sous voiture de sécurité ? Dès la sortie de piste de Charles Leclerc en EL2, la FIA aurait dû savoir que ce virage portait à polémique, et aurait dû mettre en place des mesures prévisibles. Or en déployant un drapeau rouge quelques tours après une voiture de sécurité, en tergiversant, la FIA aurait pu fausser la course au titre mondial en donnant l’avantage à Max Verstappen sur Lewis Hamilton, bien involontairement.
L’affaire du « marchandage » digne d’un « souk », Christian Horner dixit, a aussi révélé la panique à bord chez le directeur de course. Soit, le fait de proposer à Red Bull de rendre la position de piste était pourquoi pas envisageable, puisque le pilote Red Bull ne pouvait le faire sur le circuit pour cause de drapeau rouge. Mais Masi a paru ridicule et dépassé aux yeux de tous quand dans ses « calculs » de position de piste, il oubliait tout simplement la présence d’Esteban Ocon. Il a ainsi proposé à Red Bull de partir 2e, puis 3e… sans que personne n’y comprenne rien. Était-ce de la F1 ou une finale régionale de karting junior ?
Flop n°3 : Les Aston Martin F1 ont déjà la tête ailleurs
Les Aston Martin F1 étaient portées disparues ce week-end en Arabie saoudite. Avant l’épreuve, Otmar Szafnauer, le directeur d’écurie, assurait que comme Alpine par exemple, Aston Martin F1 s’efforçait de maximiser l’opérationnel, les réglages de la voiture, en travaillant intensément la préparation de chaque Grand Prix dans le simulateur de Silverstone. Cela ne s’est pas vu du tout à Djeddah.
Sebastian Vettel était ainsi immensément surpris, malgré un bon tour dans son ressenti, de n’avoir signé que le 17e temps ; il était déjà 2 dixièmes plus rapide que Lance Stroll, qui était passé proche lui d’être battu par la Haas de Mick Schumacher. En course, dans le peloton, Lance Stroll a bien failli profiter du chaos pour rentrer dans les points, tandis que Sebastian Vettel y était plongé (accrochage avec Kimi Räikkönen). Reste qu’en performance pure, Aston Martin F1 a été très inquiétant, mais heureusement, le règlement change totalement l’an prochain…
On demande à voir…
L’hypothèse Prost-Senna que tout le monde craint
L’affrontement entre Max Verstappen et Lewis Hamilton ne cesse de soulever les superlatifs dans le paddock, et les comparaisons avec le duel Prost/Senna sont légion. Il faut dire que l’intensité du duel a en effet déjà sa place dans les panthéons de la Formule 1, que l’on parle de la piste ou du hors-piste. Mais la comparaison ira-t-elle jusqu’à son dénouement ? C’est ce que tout le monde craint déjà : à Abu Dhabi, Max Verstappen ira-t-il jusqu’à « sortir » Lewis Hamilton dès le premier virage et à faire une "Suzuka" ? Car en cas de double abandon, ce serait Max Verstappen qui au nombre de victoires, serait titré (un cas de figure jamais vu dans l’histoire de la F1). « Vous voulez gagner en piste, pas dans la salle des commissaires de course ou dans le bac à gravier, Nous avons eu une lutte intense toute l’année. Il y a eu des batailles fantastiques entre ces deux pilotes et j’espère que nous aurons une course propre à Abu Dhabi » calme déjà Christian Horner – omettant donc de dire qu’à bien des reprises aussi, le bac à graviers a accueilli les deux leaders du championnat.
Dès Bahreïn, dès Imola, et encore à Interlagos et à Djeddah, sans parler de Silverstone ou de Monza, Max Verstappen et Lewis Hamilton ont plusieurs fois croisé le fer. Pourquoi cela s’arrêterait-il au moment décisif ? Aura-t-on une fin de saison tronquée ? Pour le savoir, rendez-vous au premier virage dimanche prochain…
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