Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Allemagne
Carton rouge pour la fiabilité chez Ferrari et Renault
Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Verstappen et Vettel, princes de la pluie
Le Grand Prix d’Allemagne fut bien entendu riche en rebondissements, et, comme souvent, une course en conditions changeantes a distingué « le bon grain » - les pilotes ayant survécu – de « l’ivraie » - les pilotes étant partis à la faute, et la liste est longue entre Lewis Hamilton, Valtteri Bottas, Charles Leclerc, Nico Hulkenberg, Sergio Pérez... Les conditions étaient à ce point piégeuses que même Max Verstappen, le vainqueur de l’épreuve, frôla le pire avec un spectaculaire 360 degrés, qui ne l’empêcha heureusement pas de poursuivre sa route vers le succès. A cet avertissement près, le pilote Red Bull a une fois de plus démontré qu’il était un véritable génie sous la pluie : comme lors du Grand Prix du Brésil 2016, le Néerlandais a fait parler sa science du karting pour afficher un rythme supérieur à la concurrence. Cette différence de rythme était le plus visible à chaque relance de course, après une période de voiture de sécurité : Max Verstappen créait immédiatement un écart conséquent sur ses poursuivants, et n’a finalement pas été inquiété pour la victoire finale par Sebastian Vettel.
L’Allemand a lui aussi parfaitement réussi son Grand Prix d’Allemagne. Par rapport à Max Verstappen, il n’a commis aucune erreur, mais avait un rythme inférieur. Sebastian Vettel a fait le parallèle, en conférence de presse, entre l’Allemagne 2019 et le Brésil 2012 – deux courses en conditions changeantes ; à ceci près qu’à Interlagos, pour remporter son troisième titre mondial, l’Allemand avait compté sur un rythme absolument dantesque dans sa Red Bull. Cette fois-ci, si le pilote Ferrari a finalement réussi une remontée incroyable (de la 20e à la 2e place), c’est donc moins grâce à son rythme pur, très décevant en intermédiaires (il ne pouvait suivre Kimi Räikkönen), que grâce à sa science et à sa maîtrise de la course. Après avoir été tant blâmé, à juste titre, pour de multiples bourdes, depuis douze mois, Sebastian Vettel a connu une course rédemptrice à Hockenheim.
Top n°2 : Le podium ‘inoubliable’ de Toro Rosso et de Daniil Kvyat
Daniil Kvyat est, lui aussi, sur le chemin de la rédemption. Il est le premier pilote d’une écurie de milieu de grille à grimper sur le podium en 2019 – et il sera peut-être le seul à réussir cet exploit, tant l’écart de performance avec les écuries de pointe demeure abyssal. Le Russe n’a commis aucune erreur, ce qui était la clef dans cette course. Mais il a eu aussi beaucoup de veine – ce qui était tout autant décisif. En réalité, c’est parce qu’il se trouvait en fin de peloton au moment de l’entrée en piste de la dernière voiture de sécurité, que Toro Rosso a décidé de prendre un risque avec lui – passer en slicks, un pari payant. Pendant une majeure partie de la course, c’est plutôt Alexander Albon qui était en haut de l’affiche – le Thaïlandais s’est même retrouvé intercalé entre les deux Mercedes pour jouer le podium. Comme Alexander Albon visait les gros points, Toro Rosso n’a pas voulu prendre de risques avec lui et cette stratégie conservatrice s’est révélée peu propice. Il faut donc aussi relativiser les positions finales chez Toro Rosso : Daniil Kvyat a brillé parce qu’il était terne, Alexander Albon a raté le podium pour l’avoir visé.
Top n°3 : La prestation très solide de Räikkönen en qualifications
Le Grand Prix exceptionnel a fait quelque peu oublier les qualifications de la veille. Et pourtant, samedi dernier, Kimi Räikkönen s’était particulièrement distingué en accrochant une troisième ligne formidable pour Alfa Romeo. 5e, le Finlandais était même passé à 15 millièmes de battre Pierre Gasly pour la 4e place (le chrono le plus rapide du Français ayant été invalidé pour franchissement des limites de la piste). En Q2, Kimi avait d’ailleurs établi le record de la piste dans le deuxième secteur. Alors qu’Antonio Giovinazzi se qualifiait 11e, le vieux routier confirmait ainsi rester au meilleur de sa forme.
En course, le pilote Alfa Romeo n’a pas non plus démérité : profitant de l’envol raté des deux Red Bull, il pointait même à la 3e place durant les premiers tours de roue. Les aléas stratégiques l’ont fait chuter au classement, mais le Finlandais franchissait tout de même l’arrivée en 7e place – tout le long de la course, sauf en toute fin, il a eu un rythme similaire à celui de Sebastian Vettel. La pénalité de 30 secondes des deux Alfa Romeo le sort hors des points au classement officiel, mais cela ne doit rien enlever à la prestation une fois de plus très solide, convaincante, régulière, d’une des références du plateau.
Les flops
Flop n°1 : La fiabilité désastreuse de Ferrari en qualifications et de Renault en course
En qualifications samedi dernier, Ferrari a connu un double désastre comme seule le Scuderia semble en être capable : un problème d’alimentation en carburant pour Sebastian Vettel, un problème lié à l’échappement pour Charles Leclerc, ont empêché les deux pilotes maison de défendre vraiment leurs chances à la régulière. Sebastian Vettel était éliminé dès la Q1, tandis que Charles Leclerc ne pouvait disputer la Q3. Il s’agit d’un nouveau problème de fiabilité lié au moteur pour Ferrari : après la panne d’un cylindre à Bahreïn (qui coûta la victoire à Charles Leclerc), après la défaillance de l’unité de puissance de Sebastian Vettel au début de la Q3 au Red Bull Ring, le V6 Ferrari a connu deux autres avaries en l’espace de vingt minutes.
Finalement, l’unité de puissance Honda serait-elle plus fiable que celle de Ferrari ? Ce qui est certain, c’est que Renault ne peut prétendre au titre de motoriste le plus fiable. L’on pensait que le motoriste tricolore avait résolu ses problèmes de fiabilité : il n’en était rien. En course, Renault a aussi subi deux défaillances moteur, sur les voitures de Daniel Ricciardo puis de Lando Norris. Les pénalités risquent de pleuvoir en deuxième partie de saison...
Flop n°2 : Gasly, Hülkenberg et Bottas, des contre-performances au plus mauvais moment
Alors que la silly season va battre son plein, trois pilotes dont l’avenir est incertain se seraient bien passés de telles bourdes lors du dernier Grand Prix…
Nico Hulkenberg et Valtteri Bottas ont deux sorties de piste très pernicieuses à se reprocher. Certes, ils n’ont pas été les seuls à commettre des erreurs. Mais contrairement à d’autres pilotes, eux sont sous pression pour conserver leur baquet. Nico Hulkenberg jouait le premier podium de sa carrière, quand il est sorti dans le fameux virage à la zone de dégagement asphaltée, très glissante, qui a aussi piégé Lewis Hamilton et Charles Leclerc ; le local de l’épreuve a paru retrouver le contrôle de sa Renault un moment, mais a commis une erreur de rookie, en remettant les gaz. Valtteri Bottas a lui aussi craqué sous la pression en fin d’épreuve : pressé par Mercedes de dépasser Lance Stroll pour le podium, il a perdu pied quelques tours avant la fin de la course. Esteban Ocon, quoiqu’il en dise, a dû particulièrement jubiler à ces images. Depuis plusieurs courses, le Finlandais paraît faiblir, tant en qualifications (Max Verstappen l’avait battu à Hockenheim) qu’en course.
Le cas de Pierre Gasly est différent de celui des autres protagonistes. Le Français a certes abandonné sur un crash, mais Alexander Albon, qui a changé de trajectoire au dernier moment, est aussi coupable dans la manœuvre. Si le pilote Red Bull est au banc des accusés, c’est malheureusement en raison de son rythme de course – ce qui est peut-être plus grave encore. Les qualifications (4e place) comme le Grand Prix de Grande-Bretagne avaient laissé espérer une amélioration, mais il n’en a rien été. Sous la pluie, le pilote Red Bull, après un départ catastrophique, n’a jamais retrouvé son rythme, et a pointé derrière les deux Toro Rosso pendant la majeure partie de la course. L’image est bien sûr terriblement gênante et, une fois de plus, Pierre Gasly devra impérativement se rattraper à Budapest.
Flop n°3 : Mercedes, un zéro pointé dans l’opérationnel
Une fois n’est pas coutume, Mercedes figure dans la catégorie des « flops ». L’écurie allemande avait le rythme pur pour s’imposer – même si les dernières évolutions n’ont pas semblé aussi bien fonctionner que prévu. C’est davantage dans l’opérationnel, en course, que Mercedes s’est effondré. A quoi cela doit-il être attribué ? Aux erreurs de pilotage de Lewis Hamilton et de Valtteri Bottas, certes. Mais l’équipe est également apparu passive, conservatrice voire dépassée sur le plan stratégique : Red Bull avec Max Verstappen, Ferrari avec Sebastian Vettel (qui a plus tôt chaussé des tendres) et même Toro Rosso et Racing Point, ont réalisé des paris plus audacieux et payants.
Mercedes a donné la pire image possible au moment de l’arrêt précipité de Lewis Hamilton, qui venait de taper le mur alors que la voiture de sécurité était en piste, suite à l’accident de Charles Leclerc : Lewis Hamilton n’était pas attendu aux stands, et les mécaniciens ont dû improviser un arrêt, en s’agitant, perdus, perclus, dans tous les sens pour trouver un aileron, des pneus (tendres ? intermédiaires ? médiums ? l’hésitation a longtemps duré). L’arrêt a finalement coûté quasiment une minute au Britannique. Ce ballet erratique a été réalisé avec les tenues d’époque, fifities, de Mercedes, pour célébrer le 200e départ de l’équipe de F1 et la 125e année de Daimler dans le sport auto : le contraste entre la gravité du moment et l’apparence drôlatico-nostalgique des mécaniciens a laissé croire que la marque à l’étoile s’était, finalement, trop détendue durant ce Grand Prix, entre relâchement et désinvolture. La prochaine opération marketing de Mercedes risque d’être bien plus discrète…
On demande à voir…
Racing Point et Renault devant McLaren à Budapest ?
Comme attendu, Racing Point a fait un bond en avant grâce à ses évolutions : en témoigne la belle 8e place de Sergio Pérez en Q3, sur le sec, en qualifications à Hockenheim. A Budapest, lors du prochain Grand Prix, les Roses recevront la deuxième moitié de leur pack aérodynamique, pour peut-être faire un pas plus important encore en avant. Dans le même temps, Renault devrait aussi redresser la barre : l’équipe tricolore est plus l’aise en virages lents que rapides, et le tourniquet hongrois correspond bien aux caractéristiques de la voiture. Au contraire, Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1, l’a avoué : la faiblesse de la MCL34 se situe… en virages lents. Il faut ainsi s’attendre à ce que l’écurie de Woking ne soit plus la 4e meilleure équipe du plateau à Budapest, mais peut-être la 6e voire la 8e…
Avec un tel classique, Hockenheim peut-il espérer un miracle pour 2020 ?
L’histoire retiendra peut-être que le dernier Grand Prix d’Allemagne organisé à Hockenheim fut le plus spectaculaire. Cette édition 2019 a en effet été un succès considérable : sportif, avec des batailles haletantes et des rebondissements à tout va ; populaire, avec des travées pleines – grâce aux fans néerlandais aussi – malgré une pluie battante. Or, l’avenir du Grand Prix est plus que jamais en sursis : Hockenheim ne devrait sauver, au mieux, qu’une place de réserviste l’an prochain, puisqu’il faut faire place nette à Hanoi et Zandvoort. Le succès de cette édition, les cris d’amour répétés de Sebastian Vettel, peuvent-ils sauver in extremis le Grand Prix ? Barcelone semble être aussi en chemin pour sauver sa tête, si bien que tous les espoirs sont permis. Malheureusement, après une telle déconvenue à domicile, Mercedes devrait éviter de remettre les mains à la poche pour sauver Hockenheim l’an prochain…
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