Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix d’Abu Dhabi

La fiabilité en question chez Mercedes

Par Alexandre C.

16 décembre 2020 - 07:07
Les tops, les flops et les interrogation

Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Le sans-faute magistral de Max Verstappen pour conclure la saison

C’est donc finalement en toute fin de saison que Max Verstappen et Red Bull auront connu leur meilleur week-end, celui où, sans aucune discussion possible, la Red Bull était une Mercedes, c’est-à-dire la meilleure voiture du plateau. Le Néerlandais a été impérial de bout en bout. En qualifications d’abord, pour décrocher sa 3e pole (seulement) en carrière, devant certes un Valtteri Bottas en manque de confiance, et un Lewis Hamilton diminué par le coronavirus. En course ensuite : Verstappen, après un départ très solide, n’a été ensuite jamais inquiété, pour tranquillement installer un écart de 3, puis 7, puis 11 secondes sur la première Mercedes de Valtteri Bottas, se mettant même à l’abri d’un undercut. Pole, victoire, chaque tour mené… il n’aura manqué que le meilleur tour, réalisé in-extremis par la Renault de Daniel Ricciardo, pour que Max Verstappen connaisse un week-end parfait.

Qu’importe : cette deuxième victoire est peut-être de très bon augure pour la saison prochaine, sur un circuit où Mercedes n’avait jamais été battue de l’ère hybride. Cela récompense aussi une saison quasi-parfaite de Max Verstappen, qui finit à un souffle de la 2e place de Valtteri Bottas, un exploit quand on connaît la supériorité des Mercedes. D’ailleurs, les Flèches d’Argent ont depuis longtemps déjà porté leur développement sur 2021…

Top n°2 : McLaren finit fort et s’empare de la 3e place !

Ils l’ont fait, et cela n’avait rien d’évident ! Comme le confiant Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, avant la course, rattraper 12 points sur Racing Point, même avec un Lance Stroll qualifié derrière les McLaren, même avec un Sergio Pérez relégué en fond de grille, serait ardu pour les monoplaces orange. Et ce fut pourtant réalisé, avec brio et maestria. 18 points de marqués contre 1 pour Racing Point et Lance Stroll, McLaren n’a tout simplement pas laissé trop de place au suspense… Il y a de la logique à ce résultat puisque McLaren était clairement la 3e meilleure équipe ce week-end. Ce ne fut pourtant pas le cas, loin de là, lors de chaque week-end, où McLaren avait parfois la 4e, 5e voire 6e monoplace la plus rapide.

Clairement, McLaren a surperformé cette saison, et cela s’explique par une bonne fiabilité certes (surtout par rapport aux deux dernières casses moteur de Sergio Pérez), mais aussi et surtout grâce à une paire de pilotes très homogène, Lando Norris et Carlos Sainz, qui s’entendaient très bien sur et en dehors de la piste. Quand Esteban Ocon souffrait pour son retour, quand Lance Stroll n’était pas au niveau de Sergio Pérez, McLaren a prouvé ce qu’une paire de pilotes performante rapporte : une ou deux places au classement.

Top n°3 : Le rythme en durs de Ricciardo sur son relais de 39 tours

7e, ce n’est pas un résultat très fameux pour Daniel Ricciardo, mais en réalité, vu le rythme de la Renault et des McLaren, cela semblait être le meilleur résultat possible pour l’Australien. Pour aller le chercher, Renault a parié sur un stratégie décalée : ne pas s’arrêter sur la voiture de sécurité virtuelle (puis voiture de sécurité) pour rester en durs. Sur le papier, la stratégie peut paraître étonnante… Et pourtant elle a fonctionné, Daniel Ricciardo gagnant 6 positions en piste sur ce rythme. Pourquoi un tel succès ? Car en durs, même usagés, le pilote Renault avait un rythme étonnant, dans celui de ses poursuivants en gommes plus fraîches. Du reste même en début de course, sur ses durs neufs, il avait un rythme supérieur à celui de son coéquipier, Esteban Ocon, en médiums. Certes les durs fonctionnaient bien, mais ce très long premier relais de Daniel Ricciardo (39 tours sur 55) a construit un nouveau résultat probant… Et en finissant en médiums plus frais, cela a autorisé aussi l’Australien à conclure sur le meilleur tour. Un joli cadeau d’adieu !

Les flops

Flop n°1 : Racing Point rate le coche, le MGU-K chez Mercedes inquiète

Avec 12 points d’avance sur McLaren au classement des constructeurs, Racing Point pouvait s’avancer avec confiance ce dimanche… Mais rien n’a fonctionné pour les Roses. Ni la performance : celle de Lance Stroll n’était pas au rendez-vous en course. Le Canadien s’est traîné de manière très médiocre dans le peloton, ayant même du mal à tenir le rythme d’un Sebastian Vettel en pneus plus usagés. Martyrisant trop ses pneus comme à son habitude, le pilote Racing Point a même fini à la 10e place, voyant la Renault d’Esteban Ocon lui passer devant dans la dernière boucle.

Dans l’autre Racing Point, Sergio Pérez pouvait espérer une solide remontée, comme à Sakhir le week-end dernier. Hélas, ce fut plutôt au Grand Prix de Bahreïn il y a deux semaines que son Grand Prix a fait penser… Car alors qu’il avait enclenché sa remontée (après un début un peu poussif), le Mexicain a vu de nouveau son unité de puissance Mercedes (pourtant neuve après le remplacement de toutes les pièces moteur pour ce week-end) faire défaillance. C’est, encore une fois, le MGU-K de la marque à l’étoile qui est en question. C’est d’ailleurs pour cela que Lewis Hamilton et Valtteri Bottas ont dû courir avec une unité de puissance (un peu) bridée pendant la course (ce qui a coûté moins d’un dixième par tour). Comme l’indique le champion britannique, Mercedes a du pain sur la planche sur la fiabilité cet hiver…

Flop n°2 : La stratégie très étrange de Leclerc et Giovinazzi…

Lors de l’activation de la voiture de sécurité virtuelle, précoce, au 10e tour, suite à l’abandon de Sergio Pérez, la majorité des pilotes se sont arrêtés. Pas forcément ceux en durs, ce qui pouvait s’expliquer et a payé (comme pour Daniel Ricciardo). Mais ceux en médiums ou en tendres avaient toutes les raisons de le faire. Même Carlos Sainz, parti 6e en médiums, s’y est plié, ce qui ne l’arrangeait pas initialement. Mais Ferrari comme Alfa Romeo ont laissé en piste Charles Leclerc et Antonio Giovinazzi, qui étaient pourtant en médiums. Une stratégie incompréhensible, et qui est devenue forcément fatale après que la voiture de sécurité virtuelle se change en voiture de sécurité classique. Résultat des courses : le Monégasque est ressorti tout simplement en dernière position après son arrêt ! Et a dû remonter péniblement le peloton en usant ses pneus et en prenant des risques. Antonio Giovinazzi était sur la même stratégie, ce qui ne lui a pas plus réussi puisqu’il a fini derrière, loin derrière, Kimi Räikkönen. Il va falloir se poser des questions du côté des deux équipes : pourquoi ne pas avoir, au moins, su diviser les stratégies ?

Flop n°3 : Latifi conclut sa saison d’apprentissage par une dernière déception

Nicholas Latifi a eu de la chance : sa saison d’apprentissage en F1, assez douloureuse, est relativement passée inaperçue, dans l’anonymat du fond de grille. Le Canadien s’est pourtant fait remarquer cette année par de multiples erreurs et drapeaux jaunes (ses tête-à-queue en Turquie…) Ce week-end à Abu Dhabi, ce ne fut guère brillant non plus. Le pilote Williams s’est distingué de la plus mauvaise des manières en qualifications en particulier à Abu Dhabi. Après avoir manqué d’abîmer le mur en Q1, il a commencé sa dernière tentative par un tête-à-queue (encore un) pour son dernier run en Q1 : ce qui l’a mené à finir derrière même la Haas de Pietro Fittipaldi. En course, il a ensuite souffert de (récurrents) problèmes d’équilibre. Rappelons que la semaine passée, à Sakhir, le rookie Jack Aitken ne finissait qu’à à un dixième de lui en qualifications. Il y a donc du boulot pour Latifi l’an prochain. En 2021, il n’aura pas l’excuse de débuter sa carrière – qui est plus est au volant d’une monoplace difficile à dompter.

On demande à voir…

Renault 5e et Ferrari 6e, un mal pour un bien ?

Et si McLaren avait fait la mauvaise affaire d’Abu Dhabi en finissant in-extremis à la 3e place au classement des constructeurs ? Cela peut sembler incongru. Et pourtant il faut se rappeler que l’an prochain, des limitations dans le temps passé en soufflerie et en CFD seront introduites : l’équipe classée 1ere, Mercedes , aura moins de temps de développement que le 2e, et ainsi de suite avec une différence de près de 20 % au final. C’est ainsi que Renault, 5e, aura 10 % de temps de développement en plus que Mercedes en 2021, et Ferrari 12,5 %. Or c’est justement l’an prochain que devront être développées les F1 du nouveau règlement 2022. Ce qui sera crucial. Ainsi donc, pour négocier au mieux ce tournant réglementaire, Renault et Ferrari auront à peu près 5 % de temps de développement en plus que McLaren.

Anecdotique ? Peut-être pas tant l’on sait que ce sont des détails qui font la différence en F1. Mais le problème peut se renverser : en finissant 3e, McLaren obtient aussi des millions supplémentaires. Ce qui est indispensable pour une équipe en délicatesse financièrement. Et ce qui permettra aussi d’investir dans de meilleurs outils. Le qualitatif versus le quantitatif en somme…

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