Les souffleries en F1, des ’dinosaures’ bannis à l’horizon 2030 ?
Certains sont pour, Binotto est contre
Afin de faire la chasse aux coûts, et de réduire l’empreinte énergétique de la F1, une possibilité, plus ou moins radicale, serait de supprimer simplement l’usage des souffleries (très énergivores) en F1. Avec les progrès de la CFD, la simulation sur ordinateur, cette piste pourrait devenir de plus en plus envisageable année après année.
Ces préoccupations environnementales sont au centre des réflexions de Christian Horner. Ainsi la soufflerie permettrait d’améliorer l’empreinte écologique de la F1, et son image avec…
« Eh bien, c’est un sujet que j’ai abordé il y a quelques mois pour dire qu’il faut avoir une vision à plus long terme parce qu’une soufflerie n’est pas particulièrement efficiente, elle n’est pas très respectueuse de l’environnement et avec l’évolution du monde des simulations, les outils, la façon dont la CFD évolue si rapidement - par exemple, l’Aston Martin Valkyrie a été développée en CFD... elle n’est jamais entrée dans une soufflerie pendant toute sa phase de développement… Bref, si l’on se place dans une perspective de 10 ans, il y a suffisamment de temps pour que ces dinosaures de machines qui consomment beaucoup d’électricité appartiennent au passé, et que la Formule 1 soit à la pointe de la technologie. »
Une telle mesure d’interdiction aurait bien arrangé Alpine dès 2021 ! Car l’équipe d’Enstone a souffert d’une soufflerie mal calibrée cet hiver, ce qui a ralenti son début de saison. Que pense alors, plus globalement, Laurent Rossi de cette possibilité ?
« Finalement, si cela permet de réduire les coûts, c’est évidemment une bonne mesure. Maintenant, il reste à voir quelle est la fiabilité de la CFD par rapport à la piste, et nous n’en sommes pas encore là, au point de pouvoir nous débarrasser complètement de la soufflerie. Donc, à un moment donné, nous pourrions l’éliminer progressivement avec les progrès de la simulation, mais en attendant, nous nous appuierons probablement sur les mesures qui sont en place actuellement, à savoir la limitation du nombre d’heures en soufflerie, ce qui est déjà un pas dans la bonne direction. »
Du côté de McLaren, Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1, soutient aussi un pas vers l’interdiction des souffleries, à condition que ce soit vers un horizon de temps très prévisible. Au moment même où Woking investit justement dans une nouvelle soufflerie...
« Oui, je suis entièrement d’accord avec Christian, c’est quelque chose que nous avons soutenu, il est juste important d’avoir, disons, un bon plan à moyen et long terme en place. Pour l’instant, nous discutons de l’introduction au plus tôt de l’interdiction des souffleries à partir de 2030, ce que nous soutenons également. »
Mattia Binotto remet les choses en perspective. Une telle mesure ne serait que pour le long terme, à l’horizon 2030. Du reste Ferrari a récemment investi des millions pour moderniser sa soufflerie et il faudra bien rentabiliser ces dépenses !
« L’interdiction de la soufflerie a été discutée pour 2030, pas avant. C’était la proposition. Donc, il y a beaucoup de temps entre maintenant et ce jalon. Je pense que toutes les équipes sont ouvertes à la discussion, et ouvertes à l’accepter éventuellement parce que c’est un long chemin. Sommes-nous aujourd’hui prêts à interdire la soufflerie ? Pas du tout. En général, pour tout ce qui concerne les souffleries il a toujours été question d’y mener des simulations de conception de pièce et des tests, et les tests sont toujours très importants, quel que soit le domaine : aérodynamique, unités de puissance, etc. »
Pour Mattia Binotto, cette mesure aurait même des effets pervers possibles au niveau des coûts.
« En termes de réduction des coûts, nous réduisons déjà actuellement les heures de soufflerie, ce qui est un pas dans la bonne direction. L’interdire complètement, la soufflerie, si vous le faisiez aujourd’hui, les essais se feraient donc sur la piste et cela serait encore plus coûteux, plutôt que de le faire en soufflerie - donc je ne pense pas que la situation soit mûre aujourd’hui pour une telle décision. Il est juste d’en discuter, mais je pense que les essais font partie de notre processus d’ingénierie normal, donc pour aujourd’hui, il est important d’avoir la soufflerie et nous verrons comment la simulation en CFD se développera à l’avenir. »
Enfin chez Williams, le PDG Jost Capito veut lui aussi avoir un horizon de temps prévisible et surtout un cadre de négociations adéquat sur ce sujet si important.
« Juste pour dire que 2030 est le moment d’interdire les souffleries ; il faut en discuter, est-ce le bon moment, oui ou non, mais ce genre de discussions sur la technologie doit avoir lieu au sein de la Commission de la FIA et nous devons regarder vers l’avant. Pour le moment, je pense que nous utilisons tous des souffleries et c’est toujours un outil très important et nous fonctionnons aussi plus efficacement parce que le temps de soufflerie est réduit. Je peux dire que nous sommes très efficaces, mais l’avenir sera certainement différent. Il est trop tôt pour dire à quoi il ressemblera. »
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