Les pilotes de F1 actuels sont ‘plus scientifiques’ qu’il y a 40 ans
Oatley compare Norris et Piastri à Jones ou Senna
Ancien ingénieur de course d’Alain Prost puis d’Ayrton Senna (excusez du peu), promu ensuite en tant que directeur du design puis directeur de l’ingénierie chez McLaren (à partir de 2003 pour ce dernier poste), Neil Oatley a une grande, grande expérience de la F1.
Quel regard porte-t-il sur la saison 2023 actuelle ? Et n’est-ce d’ailleurs qu’un regard ?
Il est dit qu’Oatley aurait en effet repris un peu de service à Woking, pour aider McLaren F1. Est-ce vrai ?
« Ce n’est qu’un travail à temps très partiel, car j’ai encore d’autres fonctions à remplir. Je n’y consacre qu’une petite partie de mon temps. Il s’agit simplement d’aider à encadrer et à soulager certains des autres acteurs clés qui s’occupent de la restructuration de l’organisation. J’essaie simplement d’aider là où je peux, sans être oppressif dans mon implication. »
Quels conseils donnerait-il alors à McLaren ? Comment imaginer McLaren rejoindre Red Bull ou Aston Martin F1, qui ont construit deux excellentes voitures cette année ?
« Les deux voitures que vous avez mentionnées sont des voitures assez neutres et elles n’ont pas beaucoup de points négatifs, alors que je pense que le reste d’entre nous a de petits problèmes avec les voitures qui ne sont pas constantes d’un type de virage à l’autre, à des vitesses différentes, etc. Les voitures modernes de Formule 1 sont incroyablement difficiles à conduire, elles sont très sensibles à la direction, à la hauteur de caisse, etc. Certaines personnes ont parfaitement réussi l’équation, tandis que d’autres ont encore un peu de mal. »
Senna, Piastri, Norris, Hamilton… Oatley juge et compare les pilotes
Quelle est l’opinion d’Oatley, lui qui a travaillé avec Senna et Prost chez McLaren, sur la paire de pilotes actuelle, composée de Lando Norris et d’Oscar Piastri ?
« Ce sont deux enfants merveilleux. Ils ont tous deux grandi dans le sport automobile pendant une longue période de leur vie et ils sont très au fait de ce que le pilote moderne doit faire. Ils sont beaucoup plus scientifiques que les pilotes d’il y a 45 ans. Leur capacité à capter les données, à en tirer des enseignements, à s’ajuster correctement pour essayer de tirer le meilleur parti de l’équipement qui se trouve devant eux. »
Cela veut-il dire que Senna ou Prost n’étaient pas si "scientifiques" ? D’ailleurs rappelons qu’Oscar Piastri a suivi des études scientifiques avant de basculer vers le sport professionnel (voir notre article).
« Je n’imagine pas Alan Jones [Oatley a aussi travaillé chez Williams] passer des heures le soir à étudier les données de la course de la journée ou même à s’asseoir dans le simulateur. Il s’agit d’un autre état d’esprit de la part des pilotes. Les pilotes modernes comme Lando et Oscar ne connaissent que ça. Ils sont capables de s’adapter, de jouer avec leur console de jeux et d’utiliser notre simulateur pour améliorer leurs techniques et optimiser ce qu’ils ont. »
Oatley a aussi travaillé avec Lewis Hamilton chez McLaren : comment situerait-il le Britannique par rapport aux pilotes McLaren actuels ?
« Sa vitesse pure était assez évidente. Lewis a passé quelques années dans les formules juniors et s’est exceptionnellement bien débrouillé. Lors de certains événements, il a commis des erreurs et s’est retrouvé en milieu de grille, mais il était capable de dépasser tout le monde. Son talent était évident dès le départ. »
« Je ne pense toujours pas qu’il y avait une conviction totale qu’il était prêt pour la Formule 1 lorsque nous l’avons signé, mais c’était presque une situation de force majeure. »
Et comment d’ailleurs Oatley a-t-il vécu la guerre civile chez McLaren en 2007, entre Lewis Hamilton et Fernando Alonso ?
« Personne ne s’attendait à ce qu’il soit si immédiatement compétitif. Il était effectivement aussi rapide que Fernando à partir de Melbourne. Je pense que Fernando était l’un des personnages clés qui ne s’attendait pas à voir cela. »
« Lewis, il était le nouveau venu. La seule animosité est née de la situation de concurrence entre eux. Fernando s’attendait à ce que Lewis joue les seconds rôles et Lewis n’était pas intéressé par cela. »
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