Les partenaires ’moteur’ de Red Bull en F1 : de Ford... à Ford !

Une troisième alliance entre Ford et Red Bull en F1

Par Alexandre C.

3 février 2023 - 17:13
Les partenaires 'moteur' (...)

Une nouvelle étape dans l’histoire de Red Bull Racing s’écrit aujourd’hui, avec l’annonce d’une collaboration moteur avec Ford, le constructeur américain, à partir de 2026.

Cependant en réalité, ce n’est pas la première fois que l’équipe Red Bull fera alliance avec Ford depuis son arrivée en F1 – mais déjà la troisième.

Voici ainsi, pour replacer l’actualité du jour dans son contexte historique, un petit retour sur la chronologie des partenariats moteurs de Red Bull en F1 …

Ford Cosworth (1995-1996, 2002)

Le partenariat entre Red Bull et Ford en F1, remonte même aux origines de l’investissement de la marque de boissons dans le sport ! De 1995 à 2001, Red Bull était en effet actionnaire et sponsor de l’équipe Sauber en F1.

Or, entre 1995 et 1996, Sauber roula avec des moteurs Ford dans la discipline. Cosworth fabriquait les blocs propulseurs, un V8 puis un V10, mais c’était bien le fameux logo "Powered by Ford" que l’on voyait sur les carrosseries. Les deux saisons ne furent d’ailleurs pas une immense réussite puisqu’elles se conclurent deux fois à la 7e place du classement des constructeurs.

En 1997, l’accord Ford-Sauber fut rompu puisque Ford jeta son dévolu sur l’équipe Stewart, qu’elle rachèterait bientôt pour en faire l’équipe Jaguar Racing. A noter que Ford et son moteur Cosworth équipaient aussi l’Arrows de 2002 sur laquelle roulaient Heinz-Harald Frentzen et Enrique Bernoldi, ce dernier étant soutenu par Red Bull, qui hésitait alors à racheter la structure anglaise.

Ferrari (1997-2004)

Red Bull restera, elle, avec Sauber et continuera d’être impliquée dans la structure d’Hinwil jusqu’à 2001 – avant de revendre les parts à Peter Sauber, suite au désaccord sur les choix des pilotes (Red Bull préférait Bernoldi à un certain Kimi Räikkönen !).

De 1997 à 2004, ce fut donc avec Ferrari que l’équipe Sauber, sponsorisée par Red Bull, fit commerce.

Il s’agissait en réalité de moteurs Ferrari rebadgés en moteur Petronas : le groupe malaisien envisagea même un temps de développer ses propres moteurs, avant de renoncer. Red Bull envisageait un rachat de l’équipe, mais les tractations n’aboutirent pas.

Ford-Cosworth (2005) (photo)

En 2005, la deuxième alliance entre Red Bull et Ford fut plus brève et plus ténue encore.

Fin 2004, Red Bull jeta son dévolu sur l’équipe Jaguar (qui appartenait donc au groupe Ford… comme on se retrouve !), pour en faire l’équipe Red Bull Racing qui court encore aujourd’hui.

Red Bull Racing roulait en réalité, lors de cette année, alors avec des moteurs Cosworth revendus par Ford (qui fournissait aussi Minardi, la future équipe Toro Rosso).

C’est ainsi que techniquement, Ford ne fut pas un partenaire moteur direct de Red Bull Racing – mais une fois encore, les chemins des deux entreprises purent se croiser.

Ferrari (2006)

L’alliance Ford-Cosworth ne dura donc qu’une seule saison pour Red Bull. Bientôt, un nouveau partenaire arriverait… et il s’agirait de Ferrari.

Ce fut ainsi la deuxième fois que Red Bull s’allia avec Ferrari en F1.

Mais cette fois, le partenariat ne dura qu’une seule saison. En particulier, Red Bull ne réussit pas la transition du point de vue du refroidissement, ce qui aboutit à plusieurs problèmes de performance ou de fiabilité et à une stagnation au classement des constructeurs (7e place).

Renault (2007-2018)

C’est pourquoi Red Bull choisit (en même temps qu’elle signait Adrian Newey comme directeur technique) de plier bagage dès 2007, pour un partenariat qui durera bien plus longtemps, cette fois avec le Français Renault.

Cette période Renault, si elle se conclut dans le désamour, fut pourtant la plus prolifique de l’histoire pour Milton Keynes : dès 2009, des francs progrès se firent sentir.

Et bien sûr, l’âge d’or de Red Bull s’épanouit entre 2010 et 2013, avec les quatre titres pilotes (Sebastian Vettel) mais aussi constructeurs à la clef.

Cependant, l’âge d’or se mua en âge de fer à partir de 2014, au commencement de l’ère hybride en F1. Renault en effet, rata cette transition, et son unité de puissance, en plus d’être presque humiliée par le bloc Mercedes, était d’une fiabilité particulièrement médiocre. Les tensions éclatèrent vite au grand jour, même en pleine conférence de presse (voir nos archives).

Red Bull et Renault se menaçaient mutuellement de rompre leur partenariat – et l’équipe de Milton Keynes craignait même de devoir quitter la F1, faute d’avoir un motoriste.

Un arrangement en catastrophe fut trouvé pour la saison 2016 : les moteurs Renault, dans les Red Bull, seraient rebadgés « Tag Heuer ».

Le divorce était ainsi tel que de 2016 à 2018, Red Bull « masqua » son partenariat avec Renault pour le remplacer par une marque de montre – mais in fine, le bloc français propulsait bien les monoplaces de Milton Keynes.

Honda (2019-2021)

Red Bull passa cependant presque toutes ces années à chercher un nouveau partenaire moteur. Puisque Ferrari et Mercedes ne voulaient fournir un concurrent direct, Milton Keynes prit le risque de faire confiance à Honda.

Ce fut plutôt un risque calculé. Car alors que le motoriste japonais venait d’être renvoyé à ses études par McLaren, après trois saisons catastrophiques, Red Bull choisit de faire de Toro Rosso son équipe « poisson-pilote », pour jauger de la fiabilité de Honda. En 2018, Toro Rosso « testa » ainsi pour Red Bull le moteur Honda.

L’essai test fut concluant, si bien qu’à partir de 2019, Red Bull choisit de faire alliance également avec Honda, pour devenir équipe d’usine.

De risqué, le pari s’avéra payant : la progression fut constante sur le plan de la performance comme de la fiabilité. 3e place au classement des constructeurs en 2019, 2e en 2020, 2e encore en 2021 (mais avec bien sûr le titre pilotes de Max Verstappen), et enfin, saison de franche domination l’an dernier.

Red Bull Powertrains (2022-2025)

Cependant à contre-courant, en 2021, Honda annonça sa volonté de quitter la F1 pour se concentrer sur l’électrique – une décision que Honda tenterait bientôt de renverser, mais il était trop tard.

Un accord fut toutefois trouvé avec Honda, qui continuerait à assurer l’exploitation et la maintenance des blocs hybrides de l’équipe Red Bull, sous le sigle HRC (Honda Racing Corporation, puis de nouveau Honda en 2022).

Mais à plus long terme, Milton Keynes se retrouvait de nouveau isolée et dans l’embarras. Que fit alors Red Bull ? La perspective d’un retour avec Renault étant exclue, l’équipe de Milton Keynes franchit une nouvelle étape dans son installation en F1, en décidant de devenir son propre fournisseur moteur et de construire une usine sur le site de Milton Keynes.

C’est ainsi que Red Bull fonda Red Bull Powertrains, sa division moteur. Malgré le rôle de Honda, la RB18 était ainsi bien, en 2022, propulsée par un moteur appelé ‘Red Bull Powertrains V6 turbo’, si bien que pour la première fois de son histoire, Red Bull remportait un titre constructeurs avec une unité de puissance portant son nom.

Et maintenant : Ford de nouveau

L’alliance Red Bull-Ford annoncée aujourd’hui à New York, n’est ainsi pas la première association entre la marque de boissons et le constructeur américain.

Elle est également une étape de plus dans la longue histoire (la longue errance ?) de Red Bull avec ses partenaires moteurs.

On peut cependant penser que cette instabilité touche à sa fin, ou en tout cas, qu’elle ne sera plus synonyme de précarité : avec sa nouvelle usine moteur, Red Bull Powertrains, Red Bull dispose en effet d’une puissance et d’une marge de négociation inédites, qui devraient assurer son statut d’équipe d’usine pour les saisons, voire décennies, à venir.

Des partenariats aussi avec Infiniti et Aston Martin

A noter que durant ces étapes, Red Bull avait également exploré d’autres partenariats avec d’autres constructeurs. Toutefois les projets concernèrent non la F1, mais le développement de voitures de sport et de luxe.

C’est ainsi qu’entre 2013 et 2015, Red Bull signa un partenariat technique avec Infiniti, la marque de luxe de Nissan (un partenariat rompu en 2015 au vu de la dégradation des relations avec Renault).

De 2016 à 2020, Red Bull travailla également avec Aston Martin, notamment pour développer la Vantage avec Adrian Newey. Ce partenariat aboutit à renommer le nom de l’équipe (mais non l’appellation des moteurs) en Aston Martin Red Bull Racing, de 2018 à 2020.

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