Les jetons de la discorde : comment McLaren F1 va-t-elle faire pour changer de V6 cet hiver ?

Une situation inédite et inconfortable

Par Alexandre C.

10 juin 2020 - 18:03
Les jetons de la discorde : comment

McLaren a-t-elle vraiment choisi le bon moment pour changer de motoriste ? Initialement, l’équipe de Woking devait passer du moteur Renault au moteur Mercedes en 2021, pour le nouveau règlement. Mais alors que celui-ci a été reporté d’un an, compte tenu de la situation liée au coronavirus, McLaren a tout de même préféré ne pas reporter d’une année également son changement moteur.

Or de 2020 à 2021, le développement des châssis, pour limiter les coûts, sera largement gelé et encadré par un système de jetons… alors même que McLaren aura fort à faire pour intégrer une nouvelle unité de puissance dans sa carrosserie.

Normalement, un changement de moteur doit impliquer un changement du châssis et de la boîte de vitesses, et donc la dépense de précieux « tokens ». Selon les règles de la FIA, modifier ces éléments conduirait à renoncer à modifier d’autres pièces.

La FIA devrait cependant donner plus de largesses aux aérodynamiciens de Woking (sans plus de précision à l’heure actuelle) ; mais les risques de contournement ou à l’inverse, les limitations à prévoir, risquent d’être une affaire bien complexe à gérer.

Du même coup, pour empêcher Woking de profiter de ces largesses pour changer son châssis au-delà des simples modifications nécessaires pour le moteur (les autres équipes de milieu de grille s’en méfient), la FIA a installé une surveillance spéciale, notamment au niveau de l’arrière de la voiture. Des réunions régulières, avec examen des designs concernés, auront lieu, afin de s’assurer que seul le « minimum nécessaire » de changements soit bel et bien opéré chez McLaren. L’homologation de nouvelles pièces, la validation des nouvelles, l’ampleur des changements nécessaires : tout cela portera nécessairement à controverse.

Sans compter que McLaren n’aura pas le droit à l’erreur, puisque les composants de type boîte de vitesses, châssis ou suspensions, ne pourront être améliorés qu’une seule fois d’ici la fin 2021. Toute modification devra être communiquée par avance à la FIA, avant le troisième Grand Prix de l’année.

Fort heureusement, certains composants ne sont pas immédiatement soumis à ces limitations drastiques, comme les suspensions arrière (mais elles seront gelées à partir des premiers EL1 de 2021).

Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, s’est déjà défendu de vouloir tirer profit de ces exceptions pour faire des changements liés à la performance, ce qu’interdit la FIA. Il regrette ainsi de devoir utiliser des jetons pour installer la nouvelle unité de puissance.

« C’est un peu dommage car ces modifications ne sont pas nécessairement liées à la performance. Il s’agit juste d’installer le moteur. »

« Cela dit, nous pensons qu’il y a des performances à attendre juste de la part du nouveau moteur. Donc, même si les modifications du châssis ne nous font pas gagner du temps au tour, ce que nous mettons dedans le fera. »

La question peut alors se poser : cette situation hybride ne va-t-elle pas ralentir les progrès de McLaren en 2021 ? Zak Brown a reconnu que ces circonstances pourraient être quelque peu inconfortables, mais qu’importe : McLaren a surtout les yeux rivés vers 2022 et le nouveau règlement.

« Non pas que je veuille sauter l’année 2021, je suis très excité par cette saison. »

« Mais je pense que c’est en 2022 que nous aurons comme compétiteurs les plus proches, je l’espère, non Racing Point, avec tout le respect que je leur dois, mais Mercedes, Ferrari et Red Bull. »

« C’est en 2022 que j’aimerais commencer à les ennuyer plus souvent. »

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