Les équipes de F1 ont-elles rejeté les propositions pour réduire le marsouinage ?

Les pilotes en ont parlé au briefing devant la FIA

Par Emmanuel Touzot

12 juin 2022 - 11:12
Les équipes de F1 ont-elles rejeté (...)

Le sujet du marsouinage prend de l’ampleur au sein de la F1, et il pourrait être un point de discorde entre les pilotes et les équipes. Il semble en effet, selon plusieurs sources concordantes, que les teams aient déjà rejeté des changements qui auraient permis de réduire le phénomène.

Cela impliquerait des modifications techniques, qui seraient à la fois coûteuses en finances, mais possiblement en performance aussi. Se sentant peu soutenus, les pilotes ont apparemment porté le sujet devant le directeur de course lors du briefing des pilotes.

Les propositions portaient sur plusieurs modifications et précisions techniques, qui auraient permis de limiter la proximité entre le plancher des monoplaces et le sol. Esteban Ocon s’attend à ce que la situation se décante, mais prévient que ça ne se fera pas avant deux ans, de ce qu’il a entendu.

"J’entends qu’il pourrait y avoir des conversations sur la façon de faire à l’avenir, techniquement, avec la FIA" a déclaré Ocon. "Et ils prennent cela en considération. "Mais cela ne va pas se faire dans les deux prochaines années. C’est au moins clair. C’est dans un avenir à long terme qu’il faut l’envisager. La FIA est la police et c’est à elle de décider où elle va."

Mercedes F1 n’y gagnerait rien en performance

George Russell assure que ses demandes ne sont pas sportives, car Mercedes F1 ferait aussi un gros pas en arrière en cas de changement de règlement. Mais le directeur de l’association des pilotes (GPDA) y voit un problème de sécurité à rapidement corriger.

"Pour ce que ça vaut, nous ne sommes pas massivement en faveur de ça en tant qu’équipe" assure le Britannique. "Parce que chaque course que nous faisons, nous apprenons de plus en plus sur la voiture, et tout changement, ça va limiter cet apprentissage. C’est clairement une limitation de la sécurité."

"Les trois premières équipes sont toutes dans la même position, Ferrari et Red Bull, Ferrari probablement plus que Red Bull, vous pouvez voir qu’ils ont vraiment du mal avec ça. Personne ne le fait pour améliorer les performances, c’est pour des raisons de sécurité. Je peux à peine voir les zones de freinage à cause du marsouinage."

Sainz confirme des désaccords entre pilotes et équipes

Carlos Sainz avait déclaré s’inquiéter pour les conséquences à long terme sur la santé des pilotes, et il explique que les pilotes veulent être entendus en priorité, avant les équipes. Cela confirme la piste d’une certaine opposition entre les deux parties, et une volonté différente chez les équipes.

"C’est arrivé à un point où, lors du briefing des pilotes, nous nous sommes tous regardés et avons dit ’nous devons faire quelque chose’" révèle Sainz. "Parce que c’est bien une course, mais peut-on faire 10 ans de plus comme ça ? J’en doute."

"Nous avons gentiment demandé à la FIA de se pencher sur la question, de ne pas écouter autant les équipes et de nous écouter. Nous disons que ça devient un point où nous avons du mal à gérer ça. Je ne pense pas que nous ayons besoin d’une commission médicale."

"Nous avons juste besoin de quelque chose de plus intelligent sur la suspension ou la façon dont les voitures sont utilisées, où la FIA contrôle un peu mieux la possibilité pour les équipes de rouler de façon aussi rigide, aussi dure, ce que l’on voit dans les lignes droites."

"Je suis sûr que si vous demandez à deux ou trois ingénieurs dans le paddock, ils connaîtront la réponse et sauront ce qui peut être fait pour limiter et réguler cela. Mais nous avons besoin que la FIA agisse dès que possible, sinon, ça va commencer à s’accumuler."

Sainz pense que la F1 doit réfléchir à long terme, sur la santé des pilotes : "Je ne sais pas si on peut appeler ça un danger, mais on peut se demander s’il est nécessaire pour la Formule 1 d’avoir 20 pilotes à la fin de chaque course avec des problèmes de dos."

"Mon opinion personnelle est qu’avec la technologie qu’il y a aujourd’hui, pourquoi avons-nous besoin de porter cette situation douloureuse dans nos carrières, quand il est possible de mettre en place une solution assez facile à cela ?"

Les équipes restent quand même à l’écoute ?

Cependant, les propos d’Andreas Seidl à ce sujet ont de quoi rassurer sur la possibilité d’obtenir un consensus. Le directeur de McLaren F1 reconnaît le besoin d’aborder ce sujet et de discuter des conséquences à court et long terme du marsouinage. Il note cependant la crainte d’un enjeu sportif derrière cela.

"Je pense que c’est un point juste que les pilotes mentionnent" explique l’Allemand. "Je suis sûr que cela sera discuté et suivi au sein du comité consultatif technique, comme cela a été fait en début de saison lorsque cet effet de sol est arrivé."

"La sévérité que vous voyez sur certaines voitures, c’est brutal pour les pilotes. C’est pourquoi c’est un point juste et un point important à présenter au comité consultatif technique, pour voir s’il est logique de l’aborder."

"En même temps, à l’heure actuelle, chaque équipe sait aussi comment l’arrêter immédiatement. Mais en raison de la nature de tout le monde dans la compétition, il est logique de regarder cela comme un groupe entier et les meilleurs intérêts du sport."

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