Les conseils d’Otmar Szafnauer à Red Bull et Ford
Avant le grand défi de 2026

Ford est face à un défi gigantesque avec Red Bull Powertrains : construire une unité de puissance à partir de 2026 en partant d’une feuille quasi-blanche.
Le constructeur américain aidera Red Bull à développer le moteur à combustion interne, mais se concentrera surtout sur les batteries et les systèmes de contrôle.
Red Bull et Ford vont-elles donc pouvoir réussir face à l’Himalaya ? Un homme pourrait avoir un avis très éclairant à ce sujet : Otmar Szafnauer. Car s’il fut l’ancien directeur d’écurie chez Alpine, Aston Martin F1 ou Force India, il était auparavant un des cadres de Ford aux États-Unis entre 1986 et 1998.
« Ford est une entreprise immense et très compétente. Ils ont une longue histoire en sport automobile, y compris en Formule 1, » a assuré Otmar Szafnauer.
« Ils ont possédé leur propre équipe, ils ont été motoristes et ils ont même détenu Cosworth pendant un certain temps. Leur ADN de course est donc profondément enraciné, et ils continuent de courir en Amérique du Nord aujourd’hui. »
« Quand j’ai quitté Ford pour rejoindre British American Racing en 1998, j’ai rapidement compris que certaines méthodes qui fonctionnaient chez Ford pouvaient aussi s’appliquer en F1. »
« Mais j’ai aussi appris que d’autres, au contraire, ralentiraient une écurie de F1. Il faut savoir distinguer ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Si vous mélangez tout sans discernement, vous pouvez vous créer des problèmes. Si vous appliquez uniquement ce qui fonctionne, alors c’est parfait. »
La dernière expérience de Ford en F1 ne s’est pourtant pas bien passée : l’équipe était entrée en Formule 1 en 2001 avec l’écurie Jaguar. Ironiquement, l’équipe fut rachetée par Red Bull.
24 ans après, les leçons du passé peuvent-elles éclairer le présent ? C’est l’avis d’Otmar Szafnauer.
« Définitivement, tant que ces connaissances ont été transmises à la nouvelle génération, » explique-t-il.
« Il faut savoir capitaliser sur l’expérience acquise. »
« Je vais vous donner un exemple tiré de mon passage chez Ford. Comme dans d’autres constructeurs, nous avions un système d’étaptes pour les projets automobiles : ce sont des jalons à respecter à des moments précis du développement.
« Si un programme durait 36 mois, nous avions une douzaine d’étapes. À chaque étape, nous comparions ce qui avait été accompli avec la liste des objectifs fixés. »
« Cela a fini par être appliqué en F1, car cela fonctionne. Par exemple, en 2023, vous commencez déjà à planifier ce que sera la voiture de 2026. »
« Un de ces étapes en 2023 pourrait être : avez-vous déjà trois aérodynamiciens travaillant sur 2026 ? Quelqu’un étudie-t-il la réglementation et collabore-t-il avec la FIA ? »
« Sur la partie moteur, avez-vous assez d’ingénieurs mobilisés pour garantir la compétitivité en 2026 ?
« Cet outil fonctionne parce qu’il force l’équipe à suivre une trajectoire définie vers le succès. »
« Cela vous oblige à agir, ou bien à admettre que vous ne faites pas quelque chose pour une raison précise – par exemple, un manque de ressources. À ce moment-là, il faut alors rectifier le tir. »
« Certaines méthodes des grands constructeurs fonctionnent en F1, mais à l’inverse, il ne faut pas être excessivement dirigé par les processus, sinon cela ralentit le développement. »
Otmar Szafnauer suggère donc à Red Bull Powertrains la division des tâches pour plus d’efficacité.
« Lorsque nous dirigions de grands projets, nous subdivisions le projet - nous avions différentes subdivisions de chefs de projet qui rendaient compte à un seul responsable - et j’ai remarqué une chose et je me suis dit : « Vous savez quoi ? Pour la construction d’une voiture de Formule 1, je vais la subdiviser en trois domaines ».
« J’avais trois chefs de sous-projet, pour ainsi dire, pour la fabrication et les achats, qui étaient responsables de ce secteur de la voiture, de l’acheminement des pièces dans les délais, au bon niveau de qualité, et c’était leur responsabilité. »
« Je ne pense pas qu’une équipe de Formule 1 ait jamais été organisée de cette manière, et c’est quelque chose que j’ai emprunté à Ford. »

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