Le V6 Renault à la traîne, Horner veut rééquilibrer les performances moteur !

Le développement des unités de puissance en F1 est gelé depuis début 2022 sauf pour des modifications liées à la fiabilité, aux logiciels ou au contrôle des coûts notamment.

Avec cette échéance en tête, Renault avait fait un pari logique : arriver, début 2022, avec un V6 performant, très performant, quitte à le fiabiliser ensuite (ce qui serait donc toujours permis).

Voilà qui expliquait donc les soucis de fiabilité de l’unité de puissance française l’an dernier… Et selon Bruno Famin, alors responsable des moteurs à Viry, Renault avait bien réussi à « combler l’écart » sur la concurrence fin 2022.

Cependant… tout serait remis en question aujourd’hui.

Et c’est Otmar Szafnauer, le patron d’Alpine lui-même, qui l’a reconnu. Renault accuserait finalement un déficit de puissance moteur (autour des 25 à 30 chevaux, ndlr).

« Toutes les équipes font la même analyse et la FIA fait la même analyse : nous sommes significativement derrière. »

Mais comment expliquer que Renault soit finalement derrière, compte tenu des déclarations optimistes faites fin 2022 ?

En vérité, les évolutions apportées sur la fiabilité, par d’autres motoristes, auraient permis des gains de puissance que n’aurait pu trouver Renault. En effet, fiabiliser une unité de puissance, c’est permettre de l’employer à plus fort régime, plus longtemps... Les équipes peuvent toujours aussi jouer sur les logiciels qui contrôlent des points cruciaux, comme le débit d’essence ou la gestion du MGU-H ou du MGU-K.

Otmar Szafnauer en a conscience et monte donc au créneau.

« Tout le monde est autorisé à résoudre ses problèmes de fiabilité et les problèmes de fiabilité peuvent parfois cacher des évolutions sur la puissance, en fonction du problème de fiabilité que vous corrigez. »

« Je me souviens qu’en 2007, lorsque nous avons gelé le V8, je travaillais chez Honda et j’étais celui qui recevait toutes les demandes des autres équipes pour Honda. Ils venaient me voir en premier, pour toutes les demandes, à l’époque il s’agissait de réduire les coûts et d’améliorer la fiabilité, et je les transmettais ensuite aux ingénieurs compétents. »

Red Bull soutient Renault pour égaler les performances moteur !

La Commission F1 se réunit à la fin de ce mois pour décider de sujets importants (comme le vote sur la fin des couvertures chauffantes). A cette occasion, elle pourrait donc aussi décider d’autoriser, de manière exceptionnelle, Renault à augmenter sa performance moteur. Afin d’avoir un niveau de jeu égal dans le peloton.

Et ironie de l’histoire, Red Bull, par la voix de Christian Horner, soutient la demande de Renault ! Ironie, car on se souvient combien la relation entre Red Bull et Renault avait fini en queue de poisson…

« Il s’agit de voir quels sont les déficits du moteur. »

« Sinon, vous êtes bloqué pour deux ans [jusqu’en 2026 pour l’arrivée de la nouvelle unité de puissance], donc je ne serais pas opposé à une discussion raisonnable. »

Le soutien de Christian Horner n’a pas échappé à Otmar Szafnauer, qui remercie son homologue. Mais ce n’est aussi que justice pour lui…

« Je suis heureux que Christian ait dit cela parce que si vous regardez en arrière, la raison pour laquelle les moteurs ont été gelés était que Honda se retirait de la F1 à ce moment-là. Et Red Bull n’avait pas de département moteur pour continuer à développer. La raison pour laquelle nous nous sommes tous mis d’accord était donc pour le bénéfice de Red Bull, et c’est bien que Christian le reconnaisse. »

« Au moment de la signature de l’accord, les motoristes sont également convenus que si l’un d’entre eux n’atteignait pas le seuil de 1 % [d’écart de performance par rapport au meilleur moteur], des discussions seraient menées de bonne foi pour rétablir la parité. »

Otmar Szafnauer parle à moitié vrai cependant : les moteurs avaient été aussi gelés pour économiser des coûts, afin de concentrer les ressources sur le développement de la nouvelle unité de puissance pour 2026.