‘Le sport auto va prendre une grosse claque’ : pour de Chaunac, le ‘cauchemar’ a commencé
Les gros constructeurs seront aussi touchés
Ancien partenaire de Toyota au sein du championnat mondial d’endurance (WEC), dirigeant d’Oreca, Hugues de Chaunac est un des patrons d’équipe les plus expérimentés d’Europe.
De Chaunac est certes un patron reconnu, mais aujourd’hui, il est aussi et surtout un patron inquiet : la crise du coronavirus menace la pérennité d’Oreca (250 employés en France, à Signes, Paris ou Magny-Cours), comme de bien d’autres structures dans le monde du sport auto.
S’agissant d’Oreca en elle-même, Hugues de Chaunac, interrogé par Le Maine Libre, ne masque pas son alarmisme. Il indique ainsi que le projet de « nouvelle usine de 10 000 m² » est « placé au fond du tiroir. »
Forcé de tirer toutes les conséquences de cette crise, de Chaunac envisage surtout, très clairement, de ne plus faire du sport auto le cœur d’activité d’Oreca.
« La production est arrêtée et l’usine fermée. Ce qui ne nous empêche pas de travailler à distance. (…) Nous avons mis en place en comité stratégique pour réfléchir aux différentes orientations qu’il sera possible de prendre pour assurer la pérennité de notre entreprise, axée jusque-là sur le secteur du sport auto… On tend vers une évolution de nos métiers. »
« Désormais, il faut voir comment nous allons sauver l’industrie du sport auto après cette guerre… »
Le terme de « guerre » n’est pas employé en vain par de Chaunac ; du haut de ses 73 ans, le dirigeant – à l’image de Bernie Ecclestone avant lui – estime que cette crise du Covid-19 est la plus grave menace ayant jamais pesé sur le sport auto.
« Dans ce contexte douloureux, il convient d’être réaliste car suivront derrière des crises économique et financière. Notre discipline va être durement impactée, comme jamais, avec des métiers qui ne vont plus exister. Le sport auto va prendre une grosse claque et perdre au passage des équipes, des structures, des spectateurs… Notre belle entité va exploser. »
« C’est un cauchemar qui concerne le sport mondial puisque l’Asie et les États-Unis sont touchés. Plus qu’un tableau noir, c’est une vision réaliste des choses que j’essaie d’avoir. »
Pour de Chaunac, cette crise ne va pas simplement affecter les petites structures, mais aussi les plus grandes. Si l’on ramène sa réflexion à la F1, il est ainsi possible que certains constructeurs (Renault ? Honda ? Mercedes ?) reconsidèrent leur engagement à moyen terme en F1, au vu de l’ampleur des économies qu’ils devront dégager par ailleurs.
« Il faut s’y attendre [à un retrait de grands constructeurs] dans la mesure où ils vont être étranglés. Sans parler des sponsors, partenaires et gentlemen-drivers qui vont être impactés. Aujourd’hui, on n’ose pas aborder le sujet avec un constructeur tant le sujet peut paraître déplacé dans le contexte actuel. Jamais je n’aurais pu imaginer ça depuis que j’évolue dans le milieu des sports mécaniques. »