Le retour en force de McLaren F1 ? Même Stella le pensait impossible

Il revient sur l’apport des évolutions sur la MCL60

Par Alexandre C.

19 octobre 2023 - 18:01
Le retour en force de McLaren F1 ? (...)

Lors des 8 premiers Grands Prix, McLaren a marqué 17 points seulement. Mais lors des 8 suivants, l’équipe orange en a inscrit… 145 !

Quel retournement de situation spectaculaire pour McLaren, qui partait pourtant de si loin en début d’année, après une première épreuve catastrophique à Bahreïn !

L’équipe misait certes beaucoup sur ses évolutions introduites à partir du Grand Prix d’Autriche… mais s’attendait-elle tout de même à un redressement aussi spectaculaire ? McLaren a-t-elle ainsi dépassé ses propres attentes ?

Invité du podcast "Beyond the Grid", Andrea Stella, le patron de l’équipe, était bien sûr heureux qu’on lui pose cette question…

« Comme vous le savez peut-être, je ne suis pas du genre à travailler en fonction d’objectifs ou d’attentes. Je travaille plutôt par processus, en identifiant la bonne approche, la bonne vision, et en laissant ensuite les résultats venir à vous. Mais si vous m’aviez posé la question il y a six mois, j’aurais dit que ce ne serait jamais possible. »

« D’une manière ou d’une autre, cela s’est produit, et c’est tout à l’honneur de l’ensemble de l’équipe McLaren qui a adopté la vision et l’approche que nous avons définies - et les a transformées en des projets liés à la performance. Au final, nous avons rendu notre voiture beaucoup plus compétitive, nous avons permis à Lando et Oscar de marquer autant de points. »

Depuis le début de l’année à Bahreïn, McLaren a-t-elle gagné une seconde ? Bien plus ?

« Je dirais que nous serions sept ou huit dixièmes plus rapides (par rapport à Bahreïn), ce qui, à l’époque, nous aurait rapprochés de la deuxième ou de la troisième ligne sur la grille. C’est moins d’une seconde, pas plus. »

C’est donc à partir du Red Bull Ring que McLaren a apporté son premier lot d’évolutions (sur la voiture de Lando Norris seulement) : Andrea Stella avait-il alors un sentiment de "ça passe ou ça casse" ?

« Durant le développement, nous avons été rassurés sur le fait qu’il y avait une forte probabilité d’être bon sur ce circuit. La corrélation n’est jamais parfaite et ne doit jamais être considérée comme acquise. Elle doit toujours être abordée avec beaucoup de prudence. »

« Mais au cours du développement de cette évolution, nous avons eu quelques indices, quelques étapes, qui ont augmenté notre niveau de confiance. Nous avons mis la voiture sur la piste en étant optimistes. »

« En réalité, je me souviens de ma première impression parce que nous avons commencé immédiatement par quelques tours d’affilée en essais libres. On ne pouvait pas forcément voir le temps au tour, mais je me souviens que je regardais immédiatement les données. Je voyais que la vitesse que nous avions dans les virages par rapport à l’autre voiture (celle d’Oscar Piastri, sans évolutions) était encourageante. Je me suis dit que cette vitesse supplémentaire devait provenir de la voiture. J’essayais de me donner des messages positifs et cela a été entièrement confirmé par les données et le chronomètre, car la voiture a effectivement gagné quelques dixièmes du point de vue du temps au tour. »

Un changement de culture aussi au sein de l’équipe

Qu’est-ce qui n’allait fondamentalement pas sur cette MCL60 ? On dit souvent qu’il est impossible de rectifier en profondeur une voiture mal-née, or c’est ce que McLaren a réussi à faire…

« Le principal problème de la voiture était qu’elle était sous-développée dans plusieurs domaines. D’un point de vue aérodynamique, je dirais qu’elle était sous-développée dans plusieurs de ses composantes. Mais il n’y avait pas que l’aérodynamique. D’autres aspects de la conception auraient pu être mieux exploités et c’est ce que nous avons fait. »

« Il ne s’agissait pas simplement de rectifier des problèmes, mais plutôt d’accélérer le développement et de s’assurer que ce développement soit aussi global que possible, en prenant en compte tous les domaines où l’on peut générer de la performance dans le temps au tour. »

McLaren n’a pas fait que changer des pièces, elle a aussi changé d’état d’esprit, poursuit Andrea Stella.

« Pour moi, le véritable aspect sur lequel je devais me concentrer, et sur lequel je devais travailler avec les personnes clés de l’équipe, était l’approche. Quelle est l’approche ? Quelle est la vision ? Et comme je l’ai dit, il faut presque laisser les résultats venir à vous. Ne pensons pas aux résultats. Réfléchissons simplement à la manière d’ajouter des projets liés à la performance dans de nombreux domaines de la voiture, afin d’être innovant, d’être rapide dans le développement, mais aussi de se développer à un rythme durable au fil du temps. »

« Nous ne voulons pas livrer un projet de manière impulsive et nous essouffler pendant trois mois. Nous voulons une amélioration durable, en particulier du point de vue aérodynamique, dans toutes les zones de la voiture. C’est ce qui s’est passé. Le fait de réaliser quelques bonnes évolutions n’est qu’un résultat. Mais si vous ne pensez qu’aux évolutions sans créer les conditions pour qu’elles se produisent, vous pouvez vous perdre très facilement. »

Andrea Stella a-t-il aussi pu apporter sa vision personnelle ? Ses connaissances techniques (il est diplômé d’ingénierie spatiale, et a effectué une thèse en aérodynamique) ? Ou s’est-il concentré sur les ressources humaines, sur le management ? Qu’a-t-il enfin appris et répliqué de son ancienne expérience d’ingénieur chez Ferrari, aux côtés de Jean Todt et Ross Brawn ?

« Les relations personnelles sont un élément clé. Si je pense à mes années chez Ferrari, j’ai vu, par l’exemple, des dirigeants se comporter et démontrer que les relations personnelles sont importantes. En tant qu’ingénieur débutant, j’ai reçu cette forte impression. J’ai vu une culture se mettre en place dans une équipe (chez Ferrari). »

« À l’époque, on parlait moins de la culture au sein de l’équipe. Aujourd’hui, il y a tellement de livres ou de cours, c’est vraiment un sujet, parler de la culture. Mais à l’époque, c’était quelque chose de vivant. C’était quelque chose que l’on pouvait expérimenter, vivre et respirer tous les jours. Le scénario était presque prêt, mais il fallait évoluer, se développer, faire preuve d’ouverture d’esprit et veiller à ce que son ego ne se mette pas en travers de la route. »

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